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vendredi 5 décembre 2014

Homélie du 2ème dimanche de l'Avent (B) - 7 décembre 2014

Jean Baptiste, sans doute l’imaginez-vous comme moi hirsute et rachitique dans son désert. Cet homme a quelque chose d’exceptionnel, quelque chose de paradoxalement mesuré et retenu. Il m’intéresse parce qu’il connaît quelque chose que nous vivons aussi. Jean Baptiste attend la venue du Messie, nous attendons son retour. Première ou dernière fois, dans un cas comme dans l’autre, il faut se préparer ! Le Messie va-t-il tolérer pareil désordre établi ?  Pour nous comme pour les contemporains du Baptiste, la venue des derniers temps exige de grands bouleversements ! Impossible de vivre l’Avent sérieusement sans tout révolutionner ! Mais où se trouve le changement le plus profond ?
 
Il y en bien sûr qui vivent Noël comme une gentille fête folklorique, tournée vers le passé. Mais ils n’ont rien compris ! Les chrétiens ne marchent pas à reculons. Pour nous, l’histoire n’est pas circulaire mais linéaire et irréversible. De même qu’elle a commencé, elle finira ! Nous rappelons la venue du Messie parce que nous attendons son retour définitif ! Le passé est avant tout un élan vers l’avenir car l’incarnation du Verbe en Jésus de Nazareth est le point de saisie du cosmos tout entier. L’histoire aura une fin, un accomplissement et, de même que Jean Baptiste préparait les chemins du Messie, nous travaillons, nous, au grand projet de Dieu. Nous attendons la Parousie, la manifestation triomphale du Ressuscité. Nous croyons qu’il achèvera et récapitulera en lui tout l’univers.
 
Dans cette perspective, découvrir que Jean Baptiste est mesuré, me fait prendre conscience, dans la cacophonie des exaltés, qu’il y a dans la foi chrétienne un équilibre et une retenue, une limite et un respect, sans équivalent. Le discours de Jean Baptiste est modéré. Son programme est mesuré : partager et ne pas faire d’excès. « Celui qui a deux habits, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » C’est tout, c’est peu ! Jean Baptiste est celui qui sait accepter l’autre comme différent. Tout, chez lui, est dans la limite consentie. A l’opposé du fanatique qui détruit l’autre ou cherche à le conditionner, Jean Baptiste reçoit l’autre, tel qu’il est. Il a compris qu’il faut lui laisser de la place : préparer les chemins de Dieu, c’est se préparer à l’accueil. « Il faut qu’il grandisse et que je diminue ». Il s’efface. Il désire l’autre, prépare sa venue et respecte celui qui vient après lui. Jean Baptiste m’impressionne par sa discrétion. Il ne se prend pas pour le Messie. Il ne s’imagine pas non plus son impresario (Jn 3, 27-30). Il ne prétend pas accélérer la venue du Messie par sa prédication. Homme de désir, Jean Baptiste reste patient. Il est la voix qui indique le Verbe. Jamais il ne se confond avec celui qu’il annonce et qu’il attend.
 
Jean appelle à le rejoindre au désert pour entendre la voix qui invite à préparer les chemins du Seigner. La symbolique biblique du désert est double. Le désert symbolise certes la désolation, le risque de mort. Mais il est aussi le lieu où, précisément parce que l’homme s’y sent petit et démuni, il peut y faire l’expérience de l’intimité avec Dieu. C’est cette expérience-là qui est proposée par Jean. Mais pour rencontrer le Christ, il ne s’agira plus de faire des milliers de kilomètres, ni de se vêtir de poils de chameau et de manger des sauterelles, il s’agira de « faire désert » : de se débarrasser des artifices, de retourner à l’essentiel, bref de se convertir. Préparer la venue du Sauveur, c’est nous préparer pour que sa parole porte du fruit en nous.
 
J'insiste donc sur ce point, mes amis : ne croyons pas non plus que le Christ se manifestera comme le résultat de notre agitation. Notre défaut est d’en faire beaucoup trop et notre hyperactivité nous sert d’alibi pour ne pas même apercevoir notre voisin immédiat. Tant pis si nous faisons pâle figure dans un monde d’excités : respectons les limites de notre condition. Comme Jean Baptiste, faisons place à l’autre, partageons ce que nous avons et transformons nos relations humaines, même limitées, en relations d’amour. C’est en devenant humains que nous accueillerons Dieu (Jn 10, 31-39 ; 17, 21).
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz X 

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