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dimanche 13 décembre 2009

Homélie du 3ème dimanche de l'Avent (C) - 13 décembre 2009

Les deux premières lectures de ce dimanche sont empreintes d’une joie profonde qui caractérise ce 3ème dimanche de l’Avent, appelé encore « Gaudete », premier mot de l’antienne d’ouverture qui donne le ton de toute la liturgie d’aujourd’hui : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » (Ph 4,4-5). Les termes utilisés par Sophonie nous invitent même à oublier toute retenue dans l’expression de cette joie qui rend gloire à Dieu : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! » Il est vrai que le motif invoqué est inouï : « Le roi d’Israël, le Seigneur ton Dieu est en toi. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie ». Mû par l’Esprit Saint, le prophète entrevoit le mystère des noces de Dieu avec son peuple, sur fond d’une initiative déconcertante du Seigneur : « C’est lui le héros qui apporte le salut ».

I.- Un sentiment d’indignité

La liturgie prévoit qu’en ce troisième dimanche de l’Avent, la couleur de pénitence - le violet – peut être remplacée par le rose, mélange de rouge - désignant l’Esprit Saint - et de blanc - symbole de la Sagesse divine, c’est-à-dire du Verbe de Dieu ; ce mélange suggérant précisément l’incarnation, ce mélange extraordinaire entre deux natures, celle de l’humanité et celle de la divinité. L’invitation à la joie qui est adressée en ce jour à l’Eglise tout entière, fait en effet écho à la première parole adressée à Marie à l’aube des temps nouveaux. La salutation adressée par l’Ange à la Vierge, était également une invitation joyeuse : « Exulte, sois dans la joie, Comblée de grâce ! » Par son « fiat », par son « oui » confiant et sans réserve, Marie a permis que cette salutation rejoigne chacun d’entre nous, et nous accompagne tout au long de notre parcours vers la Jérusalem céleste où s’accomplira notre espérance. Cependant, si nous avons tant soit peu conscience de la grandeur de ce mystère, comment ne ressentirions-nous pas notre indignité à accueillir l’hôte divin ? Comment, « pauvre pécheur, comme nous le disons en priant le « Je vous salue Marie », pouvons-nous accueillir en nos existences le propre Fils de Dieu ? N’en sommes-nous pas tout compte fait incapables ? Qui n’éprouverait pas le besoin impérieux de se préparer, par une sincère conversion, à cette visitation divine ? Poussés par l’Esprit, nous nous joignons aux pèlerins du désert de Judée, qui viennent « se faire baptiser par Jean », et nous lui demandons : « Que devons-nous faire ? »

II.- « Que devons-nous faire ? »

Contrairement à ce que nous aurions pu craindre, le Baptiste ne nous impose pas de prouesses ascétiques : il nous invite simplement à revenir à des relations justes et vraies. Quand arrivent des publicains, collecteurs des impôts romains, détestés pour leur collaboration avec l’ennemi et parce qu’ils majoraient les taxes à leurs profits, jean ne les rejette pas, mais leur rappelle leur devoir : « N’exigez rien de plus que ce qui est fixé ». La justice consiste à donner à chacun ce qui lui revient, à commencer par la part du bien commun qui lui est due. Le partage de la nourriture et du vêtement n’est pas encore de la charité : ce n’est que stricte justice. La vérité consiste à agir conformément à la mission reçue sans outrepasser ses droits. Même le collecteur d’impôts ou le soldat peuvent prétendre entrer dans la joie de Celui qui vient, s’ils se contentent d’accomplir leur devoir d’état, en résistant aux pièges de l’avoir et du pouvoir. Nous ne sommes ni des publicains véreux, ni des soldats grossiers. Mais le sermon de Jean reste actuel : n’exige pas plus que le fixé ; n’arrange pas les prix, les factures ; n’exige que le juste loyer… Qui n’a profité de sa situation pour jouer des coudes, écraser l’autre, mine de rien ?

III.- Nous convertir

Se convertir ce n’est pas d’abord changer de morale, mais de mentalité : c’est se re-tourner vers Dieu, dont on s’était préalablement dé-tourné ; c’est faire de lui notre Dieu, alors qu’auparavant l’argent, l’ambition, la bonne vie en tenaient lieu. Il est clair aussi que ce retournement va se concrétiser dans une autre façon de vivre. Somme toute, le Seigneur attend de chacun de nous que nous agissions en accord avec notre conscience, Quant au « davantage » de l’amour de charité - c’est-à-dire la capacité de ne pas seulement partager ce que nous avons, mais de nous donner en partage: « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ». Telle est la grande mission du Messie : nous plonger dans l’incandescence de l’amour de Dieu, afin d’embraser nos cœurs de charité, après avoir brûlé le bois mort de notre péché. Mais ce Messie, serait-ce Jean-Baptiste ? Tout le peuple est en effervescence, en attente d’un Sauveur. Non, je ne le suis pas, dit Jean. Mais il vient, tout proche et il est plus puissant que moi. Il vous éprouvera, lors de sa venue finale, au feu du jugement ; il fera le tri, tel un paysan qui, de sa pelle à vanner, sépare le bon grain de la paille. Oui, il vient et il est si puissant que je ne suis même pas digne de me dire son serviteur, ni de défaire la courroie de sa sandale.

Chers amis, qu’attendons-nous à Noël ? Un gentil petit enfant qui nous laissera tranquilles ? Ou un Seigneur de gloire qui nous dit : Je vous envoie mon Esprit, le feu de l’amour de Dieu ; qui nous dit : « Soyez justes, et n’exigez rien de plus » ; qui nous dit « soyez bons et partagez, je vous jugerai là-dessus » ?
« Tu le vois Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau » (Or. d’ouvert.).

AMEN.

Michel Steinmetz †

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