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dimanche 13 décembre 2009

Homélie du 1er dimanche de l'Avent (C) - 29 novembre 2009

Le temps de l’Avent est pour la plupart d’entre nous le temps de la préparation imminente à Noël. Et nous répétons cela aux enfants comme une belle leçon de catéchisme que nous sommes fiers d’avoir assimilée. D’ailleurs pour beaucoup, la couronne de l’Avent marquera de semaine en semaine ce cheminement, comme pour les gourmands le calendrier de l’Avent le fera de jour en jour. Dans nos cités, dans nos rues, nos commerces, nos maisons, tout fleure bon Noël : les illuminations nous introduisent au rêve, les effluves de vin chaud et de bredele vont faire partie de notre quotidien, les sapins viendront s’inviter dans notre intérieur …
Pourtant, je crois que nous faisons fausse route. Bien sûr, je ne soutiens pas que l’Avent ne nous prépare pas à fêter la venue du Christ en notre monde, mais il est au moins, pour ne pas dire carrément, autre chose. La prière d’ouverture de cette messe ne nous parlait pas des fêtes qui approchent ; elle demandait à Dieu de nous « donner d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur ». Les chemins de la justice… et si ce n’était pas là, finalement, la clé de compréhension et de réussite d’un bon Avent ?
Pour faire de notre attente une veille active, militante même, la liturgie nous fait méditer deux exemples de situations historiques à l’horizon particulièrement bouché où surgit une promesse divine d’espérance.

I.- L’exemple du Livre de Jérémie.

Au moment où le peuple juif est privé de roi de plusieurs siècles, où la royauté (et la promesse qui s’y attache depuis David) semble définitivement éteinte et où tout espoir de voir arriver le Messie semble irrémédiablement perdu pour Israël, où le Temple est détruit par les troupes de Nabuchodonosor et une partie du peuple envoyé en déportation à Babylone, un très lointain disciple de Jérémie ose reprendre à son compte une promesse du grand prophète : « Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur […], je ferai naître chez David un germe de justice ». Ainsi, de la souche de l’arbre généalogique de David, qui semble définitivement morte, il va pousser un nouveau rejeton ! Le roi Messie est près de naître.
L’annonce de cette bonne nouvelle – a priori complètement déraisonnable – va remplir les croyants d’espérance, les soutenir dans leur foi, les fédérer dans leur lutte pour un monde plus juste. Le jour de Dieu est proche. Les malheurs qui s’abattent ne sont que pour un temps. Dieu fera justice à son peuple, à ceux qui décideront de revêtir les armes de la justice et les manteaux de la sainteté.

II.- L’exemple de Jésus.

Au temps du Christ, la situation n’est guère plus brillante qu’au temps du prophète Jérémie. Certes, il n’est plus question de déportation, mais la Palestine est occupée par les troupes romaines. Inévitablement, certains collaborent avec l’ennemi, d’autres restent fidèles. Pour le croyant, il n’en va pas que d’une soumission sans incidence à un régime politique : il en va d’une question de foi. En effet, se soumettre à Rome, c’est sacrifier à l’empereur et aux divinités païennes, c’est abandonner sa foi ou tout du moins gravement la compromettre.
Jésus, à son tour, ose conseiller à ses disciples : « Redressez-vous et relevez la tête car votre rédemption approche ! », au moment même où il leur annonce que les « hommes mourront de peur ». Le croyant sait, lui, que sa rédemption est là. Et là où le français a choisi ce terme de rédemption, il faut garder à l’esprit que le mot grec apolutrosis signifie littéralement l’enlèvement de toutes les chaînes, c’est-à-dire la délivrance. Voilà ce que Jésus apporte à l’humanité : désormais nous ne sommes plus enchaînés, le péché n’est plus une fatalité. Nous pouvons nous passer de nos chaînes : l’attrait pour l’argent et le pouvoir, la soumission à toutes les modes qui risquent d’empoissonner, d’emprisonner nos vies et nos pensées.

III.- Une parole pour nous aujourd’hui.

Si les temps ne sont pas comparables, vous conviendrez néanmoins que les temps qui sont les nôtres n’inspirent pas massivement d’euphorie. Nombre d’indicateurs de notre société, démographiques, économiques, sociaux, moraux, tendent à montrer que nos contemporains – n’en faisons-nous pas partie ? – n’ont pas confiance en l’avenir, et la crise financière n’a fait que de renforcer ce sentiment.
Et voici qu’en commençant cette nouvelle année liturgique, l’Eglise fait résonner cette parole vivante du Christ : « Redressez-vous et relevez la tête ! », ne ployez pas sous le fardeau de la fatalité et de vos soucis quotidiens, regardez plus loin devant vous, voyez déjà poindre le jour de Dieu ! « Tenez-vous sur vos gardes ! […] Restez éveillés et priez en tous temps ! ». Le Christ, Seigneur de Justice, nous établit en ce monde comme des guetteurs, des sentinelles de sa présence, des éveilleurs de conscience.
Le chrétien est celui qui, dans cette attente lucide, se rappelle que tout ne va pas mal. L’Eglise progresse, le Christ est là. Il régit le monde et se présence se développe. En Europe occidentale, par exemple, nous n’avons pas connu de guerre depuis plus de soixante ans. L’idée d’une guerre nous paraîtrait même aujourd’hui incongrue. Jamais nous n’avions connu une si longue période de paix. Un regard de foi permet de percevoir ces signes comme ceux de la présence du Christ.

Que ce temps d’Avent nous stimule à être des artisans de paix, de justice pour tous ; qu’il nous stimule à partager les valeurs de l’Evangile ; qu’il nous stimule à les dire bien haut dans notre monde. Que tous les choix que nous posons en soient marqués pour que nous soyons « jugés dignes de paraître debout devant le Fils de l’Homme ».
« Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre de ton Fils, pour qu’ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du Royaume de Cieux » (collecte).

AMEN.

Michel Steinmetz †

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