Des tourments, pourtant,
nous savons que la séparation d’avec un être cher et aimé en provoque. Des
blessures qui peuvent rester vives à jamais parce que rien ne vient consoler ou
combler le sentiment d’absence. L’homme est ainsi confronté au mystère inique
de la mort et de la finitude.
« C’est en face de la
mort que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet. L’homme n’est pas
seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps,
mais plus encore, par la peur d’une destruction définitive. Et c’est par une
inspiration juste de son cœur qu’il rejette et refuse cette ruine totale et ce
définitif échec de sa personne. Le germe d’éternité qu’il porte en lui,
irréductible à la seule matière, s’insurge contre la mort », affirme le
Concile Vatican II (Gaudium et Spes,
18).
Le deuil et la souffrance
sont autant de manifestations à l’encontre de cet absurde auquel nous ne voulons nous
résoudre.
La Révélation divine nous
renseigne, et nous l’entendions à travers les lectures de cette messe, que Dieu
a créé l’homme en vue d’une fin bienheureuse, au-delà des misères du temps
présent. Le Livre de la Sagesse y insistait tout particulièrement. Le foi
chrétienne enseigne en outre que cette mort corporelle, à laquelle l’homme
aurait été soustrait s’il n’avait pas péché, sera un jour vaincue, lorsque le
salut, perdu par la faute de l’homme, lui sera rendu par son tout-puissant et
miséricordieux Sauveur. « Car Dieu a appelé et appelle l’homme à adhérer à
lui de tout son être, dans la communion éternelle d’une vie divine inaltérable.
Cette victoire, le Christ l’a acquise en ressuscitant, libérant l’homme de la
mort par sa propre mort. À partir des titres sérieux qu’elle offre à l’examen
de tout homme, la foi est ainsi en mesure de répondre à son interrogation
angoissée sur son propre avenir. Elle nous offre en même temps la possibilité
d’une communion dans le Christ avec nos frères bien-aimés qui sont déjà morts,
en nous donnant l’espérance qu’ils ont trouvé près de Dieu la véritable
vie. » (Gaudium et spes 18).
La résurrection de Jésus
d’entre les morts est possible grâce à sa fidélité parfaite au Père. Si Jésus
sur la croix crie son angoisse et le sentiment de l’abandon, il ne renie pas le
Père : il reste établi dans la confiance. C’est là que la mort est défiée
au point de pouvoir être moquée : « Ô Mort, où est ta victoire ? Ô
Mort, où est-il, ton aiguillon ? ». Ce qui vaut pour Jésus vaudra
aussi pour nous. Non que nous soyons soustraits comme par enchantement à la
mort, mais que cette mort ne soit plus la fin absurde d’une existence créée par
Dieu et reçue de lui. Ainsi à chaque fois que nous acceptons que la main du
Père nous touche, à chaque fois que nous consentons à nous blottir en lui, à
chaque fois que nous posons des choix dans notre existence qui nous rapprochent
de lui, la grâce de la résurrection prend possession de notre être. Au jour du
Jugement nous serons sans doute surpris de nous entendre dire :
« chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes
frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Mais c’est ici que tout se
joue, ici que tout commence. Sans attendre la fin « quand la trompette
retentira ».
A chaque fois cependant que
nous aurons donné chair à l’Evangile en nos vies si banales et parfois
insignifiantes, nous aurons fait place à la puissance indestructible de vie que
nous tenons de Dieu. De grâce ne remettons pas à demain ce que nous pouvons
faire aujourd’hui encore, s’il en plaît à Dieu.
AMEN.
Michel STEINMETZ †
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