A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

lundi 1 novembre 2021

Homélie pour la commémoration de Tous les fidèles Défunts- mardi 2 novembre 2021

Depuis des années trône sur le bureau de mon père une belle sculpture de bois intitulée : « la main du père ». On y voit une main d’homme posée de manière fort protectrice sur la tête d’un enfant. « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux », entendions-nous dans la première lecture. Il me plaît à penser que cette main divine est tout aussi protectrice et aimante que celle de la sculpture. Dès lors est juste celui ou celle qui demeure ultimement dans cette proximité avec le Père. Et voilà pourquoi « aucun tourment » ne peut avoir de prise sur lui ou sur elle.

 

Des tourments, pourtant, nous savons que la séparation d’avec un être cher et aimé en provoque. Des blessures qui peuvent rester vives à jamais parce que rien ne vient consoler ou combler le sentiment d’absence. L’homme est ainsi confronté au mystère inique de la mort et de la finitude.

« C’est en face de la mort que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet. L’homme n’est pas seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps, mais plus encore, par la peur d’une destruction définitive. Et c’est par une inspiration juste de son cœur qu’il rejette et refuse cette ruine totale et ce définitif échec de sa personne. Le germe d’éternité qu’il porte en lui, irréductible à la seule matière, s’insurge contre la mort », affirme le Concile Vatican II (Gaudium et Spes, 18).

Le deuil et la souffrance sont autant de manifestations à l’encontre de  cet absurde auquel nous ne voulons nous résoudre.

 

La Révélation divine nous renseigne, et nous l’entendions à travers les lectures de cette messe, que Dieu a créé l’homme en vue d’une fin bienheureuse, au-delà des misères du temps présent. Le Livre de la Sagesse y insistait tout particulièrement. Le foi chrétienne enseigne en outre que cette mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché, sera un jour vaincue, lorsque le salut, perdu par la faute de l’homme, lui sera rendu par son tout-puissant et miséricordieux Sauveur. « Car Dieu a appelé et appelle l’homme à adhérer à lui de tout son être, dans la communion éternelle d’une vie divine inaltérable. Cette victoire, le Christ l’a acquise en ressuscitant, libérant l’homme de la mort par sa propre mort. À partir des titres sérieux qu’elle offre à l’examen de tout homme, la foi est ainsi en mesure de répondre à son interrogation angoissée sur son propre avenir. Elle nous offre en même temps la possibilité d’une communion dans le Christ avec nos frères bien-aimés qui sont déjà morts, en nous donnant l’espérance qu’ils ont trouvé près de Dieu la véritable vie. » (Gaudium et spes 18).

 

La résurrection de Jésus d’entre les morts est possible grâce à sa fidélité parfaite au Père. Si Jésus sur la croix crie son angoisse et le sentiment de l’abandon, il ne renie pas le Père : il reste établi dans la confiance. C’est là que la mort est défiée au point de pouvoir être moquée : « Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? ». Ce qui vaut pour Jésus vaudra aussi pour nous. Non que nous soyons soustraits comme par enchantement à la mort, mais que cette mort ne soit plus la fin absurde d’une existence créée par Dieu et reçue de lui. Ainsi à chaque fois que nous acceptons que la main du Père nous touche, à chaque fois que nous consentons à nous blottir en lui, à chaque fois que nous posons des choix dans notre existence qui nous rapprochent de lui, la grâce de la résurrection prend possession de notre être. Au jour du Jugement nous serons sans doute surpris de nous entendre dire : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Mais c’est ici que tout se joue, ici que tout commence. Sans attendre la fin « quand la trompette retentira ».

 

A chaque fois cependant que nous aurons donné chair à l’Evangile en nos vies si banales et parfois insignifiantes, nous aurons fait place à la puissance indestructible de vie que nous tenons de Dieu. De grâce ne remettons pas à demain ce que nous pouvons faire aujourd’hui encore, s’il en plaît à Dieu.

 

AMEN.


 Michel STEINMETZ

Aucun commentaire: