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vendredi 5 novembre 2021

Homélie pour le 32ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 7 novembre 2021

Le prophète Elie a sans eu beaucoup de chance de vivre au IXe siècle avant Jésus-Christ, car il me semble que toutes les féministes de la planète se seraient liguées contre lui. Il faut bien avouer que son comportement à l’égard de la pauvre veuve de Sarepta manque outrageusement d’empathie et sombre dans le machisme. Sans même la connaître, sans même prendre le temps d’entrer en dialogue avec elle, Elie, en fuite suite à ses démêlés avec le roi Acab, exige d’elle assez inélégamment qu’elle lui donne à boire et à manger. 


La femme se plie aux demandes d’Elie. Elle obtempère. Elle se met en position de service. Elle, par contre, va entrer en relation et se livrer. Elle explique l’indigence de son existence, sa vie avec son fils. Le peu de farine qui reste constituera leur dernier repas. Ensuite ils n’auront plus rien. « Nous le mangerons, et puis nous mourrons », dit-elle. Qu’à cela ne tienne, le prophète ne se démonte pas et réitère sa demande. Sans doute auriez-vous, dans ce cas-là, renoncer, fait preuve de compassion et auriez tenté de trouver une alternative. Peut-être même, si votre bonté vous avait poussé jusque-là, vous auriez proposé votre aide. Elie, non. Mais finalement Elie va faire bien plus. Il invite la femme à la confiance et à l’acte de foi. Il convoque la Parole de Dieu : «   Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » Et, de fait, cette promesse se réalise : « la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie. » La confiance de cette femme à l’encontre d’Elie lui a valu de voir son existence profondément changer de trajectoire. 


L’autre veuve, celle dans le Temple cette fois, vient apporter au trésor sa très modeste offrande. Il est probable qu’elle accomplit ce geste en présence d’un certain nombre de témoins et de scribes qui paradent devant les autres, en la jugeant de façon sévère, puisqu’elle n’apporte pas le dixième ou le centième de ce qu’eux-mêmes ont donné, alors que leurs richesses se constituent en dévorant le bien des veuves. Ou pour dire les choses autrement : l’accueil de la différence leur est insupportable car ils ne supportent que ce qui est à l’image de ce qu’ils ont érigé en normalité. C’est le sens de l’invective de Jésus à leur encontre. Eux dissertent entre eux et se pavanent. Ils s’érigent en donneurs de leçon, tapis dans leur suffisance et leur aisance. « Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés », dit-il. Jésus s’assoit et observe. La scène doit être cocasse. Les riches déposant très ostensiblement leur offrande et repartant fiers de s’être mis en scène sans que cela les lèse d’aucune manière, et la pauvre veuve rabougrie apportant ces quelques piécettes. Là où les riches ne font que de se conformer à l’usage et à la loi sans que pour autant cette démarche les implique dans leur relation à Dieu, la femme, quant à elle, s’abandonne totalement à la miséricorde de Dieu. Elle donne sans compter et se donne. 


Son attitude ne trouve-t-elle pas écho dans les paroles que nous oserons redire dans un instant : « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » ? Nous allons une fois de plus rabâcher ces mots, peut-être en exigeant que Dieu se montre généreux à notre encontre, car nous le valons bien, n’est-ce pas ? Mais nous, qu’allons-nous lui donner ? Comment peut-on dire que le Seigneur est le centre de notre vie alors que nous le logeons à la périphérie ? Quelle est notre capacité à préserver un temps honnête et juste La véritable foi, c’est de croire que c’est par Dieu que nous vivons, c’est pour Dieu que nous vivons, c’est grâce à Dieu que nous vivons, quoique nous fassions comme nous le dit saint Paul : « Tout ce que vous faites : manger, boire, ou n’importe quoi d’autre, faites-le pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31). 


AMEN.


Michel STEINMETZ †  


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