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vendredi 12 novembre 2021

Homélie pour le 33ème dimanche du temp ordinaire (B) - 14 novembre 2021

Ouverture du  jubilé pour le centenaire de la paroisse Saint-Maurice de Strasbourg 


Alors que nous célébrons aujourd’hui un insigne anniversaire, daté dans le temps des hommes, et que nous ouvrons un jubilé dont nous connaissons et le début et le terme, la perspective d’une sorte de prophétie datée qui permettrait de définir de combien de temps nous disposons se révèle exactement à l’inverse de la prédication évangélique « Personne ne le sait, pas même les anges, pas même le Fils, seul le Père le sait. » 


L’apparition du Fils de l’Homme dans sa puissance et dans sa gloire, sera l’avènement en même temps que l’accomplissement d’un univers nouveau. Les signes cosmiques qui sont évoqués par l’évangéliste Marc :  le soleil qui s’éteint, la lune qui perd de sa luminosité, les étoiles qui tombent du ciel, tous ces signes sont des symboles de la décrépitude de l’univers dans lequel nous vivons, plus que des manifestations extraordinaires qui marqueraient le moment précis de l’avènement. Ce que l’évangile nous dit, c’est que le monde tel que nous le connaissons, depuis ces espaces infinis des étoiles et des planètes jusqu’à la réalité très limitée de nos expériences quotidiennes, tout ce qui est contenu entre la terre et le ciel, tout ce qui fait l’univers réel de ce monde, est un monde marqué par la mort et qui finit par la mort. Il finit par la mort dans différents éléments ; il finira par la mort dans son ensemble ; il finit par la mort pour chacun d’entre nous. L’avènement du Christ vient signifier que cette mort n’est pas le dernier mot de l’histoire de l’humanité et de la création. Au moment où tout paraît se désintégrer, c’est à ce moment-là qu’on voit apparaître le Fils de l’Homme dans la gloire de sa puissance et dans sa luminosité. L’avènement du Christ marque donc à la fois la fin de ce monde et l’ouverture d’un monde nouveau. 


Or, ce qui nous est indiqué par ce passage de saint Marc, c’est que l’avènement du Fils ne se laissera pas voir comme un événement de notre histoire humaine. Pour nous, l’événement se situe nécessairement à un jour du temps, à un lieu de l’espace, et il y a un avant et il y a un après. Ainsi connaissons-nous l’Incarnation du Christ : à un moment de l’histoire des hommes, en un lieu de la géographie humaine, nous datons sa mort, sa résurrection, sa montée auprès du Père et nous attendons son retour dans notre chronologie. Ce que l’Evangile nous suggère, c’est que cette chronologie n’est pas la chronologie de Dieu. Pour Lui, et c’est pourquoi seul le Père connaît le moment et personne de l’histoire humaine ne le connaît, la chronologie n’existe pas car Dieu est un éternel présent et non pas une durée éternelle. Dieu suscite la manifestation du Fils de l’Homme dans un moment unique, et c’est l’histoire humaine qui reçoit cette manifestation et qui la découvre dans la succession des époques et des histoires et des peuples et des pays et des siècles. Ainsi, nous sommes invités à comprendre que ce que nous vivons comme un événement futur est déjà une réalité pour Dieu. 


C’est à quoi nous conduit l’image du figuier pour comprendre le sens du temps. Quand vous voyez que le figuier commence à prendre des feuilles, vous savez que l’été s’annonce. Quand vous voyez se dérouler la chronologie de l’histoire humaine, ses usures, ses destructions, ses décrépitudes, les signes déjà inscrits dans la chair de chacun de nous que nous sommes voués à la mort, les signes de désintégration de l’univers, comment interprétez-vous cela ? L’interprétez-vous comme une vision désespérée du destin de l’humanité, ou au contraire comme le signe que l’été est proche, c’est-à-dire que le Christ est en train de revenir, qu’il est à nos portes. Cette certitude que la conception du délai n’est pas la même selon que nous nous plaçons à notre point de vue ou au point de vue de Dieu, aboutira à l’invitation que le Christ adressera à ses disciples de veiller et de prier puisque nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. L’ignorance où la miséricorde de Dieu nous tient de savoir à quel moment les choses se passeront, n’est pas une source d’anxiété et de terreur, elle est au contraire le chemin pour découvrir que le Christ est à l’œuvre au cœur de l’histoire des hommes, développer en nos cœurs la confiance et nous tenir en éveil. 


C’est en ce sens que débute pour nous aujourd’hui ce jubilé, à la fois tourné vers la richesse d’un passé commun et vers les promesses d’un futur béni en Dieu. 


AMEN.



Michel STEINMETZ †


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