A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

lundi 4 mars 2019

Homélie du Mercredi des Cendres - 6 mars 2019

Le Christ invitait, à l’instant dans l’évangile, au secret. Secret d’une main gauche qui ignore ce que fait la main droite quand il s’agit d’aumône ; secret dans la pratique du jeûne, maquillé par le parfum et la bonne apparence qui contrasteront avec une fausse mine défaite ; secret dans la prière qui sera vécue dans l’endroit le plus retiré de la maison. Notre Carême aurait-il un côté confidentiel ? Alors pourquoi sommes-nous rassemblés en ce jour, et qui plus est pour recevoir de manière publique les cendres dont nos fronts seront marqués et le resteront à la face du monde en sortant de l’église ?
 
Sans doute le secret dont parle Jésus n’a rien à voir avec la dissimulation. Il est plutôt de l’ordre de l’intériorité. Le Christ en effet appelle à ne pas vivre les choses de manière ostentatoire au risque d’en rester à l’apparence et de sombrer dans l’hypocrisie. C’est vrai : nous pourrions vivre cette quadragésime de manière fort respectueuse en priant plus, en donnant plus, en nous privant plus. Mais irions-nous pour autant au fond des choses ? Le Carême n’a pas l’ascèse pour finalité. Consentir à « faire des efforts », comme on l’enseigne parfois aux enfants dans une détestable catéchèse. Le Carême est un moyen pour revenir au Christ lui-même. Au bout de la route de ces quarante jours, il y aura la célébration du mystère pascal, ce mystère dont notre vie baptismale est emprunte. Nous y avons été plongés. Et justement, l’apparence, la superficialité, la routine nous éloignent du don inestimable qui nous a été fait. Alors il faut « revenir » ; il faut se « convertir » ; il faut « se laisser réconcilier ».
 
Or le tumulte et l’agitation du monde ne sont pas des lieux propices. C’est pourquoi Dieu mène son peuple au désert pour qu’il y soit dépouillé. Et dans cette apparente pauvreté il y retrouve l’essentiel : l’expérience de l’alliance avec son Dieu. Nous savons combien Dieu, mystérieusement, conduit et accompagne son Eglise en ces temps difficiles vers un désert purificateur et bienfaisant. Nous comprenons que nous ne pouvons demeurer dans la superficialité des discours ou des opinions. Nous sommes obligés à une profonde conversion.
 
Comment allons-nous vivre cette conversion ecclésiale ? Tout d’abord en nous sentant toutes et tous concernés. Ce serait péché d’orgueil que de s’imaginer que la conversion serait l’affaire de certains seulement. Face au péché et à l’urgence d’un changement, la fuite n’est pas une option possible pas plus que son occultation méthodiquement organisée. Le prophète Joël demande : « déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu ». Il ne s’agit donc pas d’une opération extérieure qui concernerait l’enveloppe ou la carcasse, il s’agit bien d’agir sur le cœur, c’est-à-dire au plus profond de son être, siège de sa volonté et de ses passions. Alors, Dieu « pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et laisser derrière lui sa bénédiction ».
 
Cette conversion ne sera pas non plus un repli sur soi. Le chrétien qui voudrait vivre son Carême comme une autruche, c’est-à-dire en enfouissant sa tête dans le sable, n’aurait rien compris. Ce Carême doit avoir des allures de « sortie ». Débordement du cœur qui retrouve son bon sens et sa pureté, qui redécouvre combien il est aimé de Dieu d’un amour précisément débordant. « Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! ». Cela n’est en rien en opposition avec ce que Jésus demande : « quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » Car l’essentiel n’est pas dans l’apparence ou l’effet de communication – le buzz médiatique, il est dans l’inclination profonde et résolue d’une volonté. 
 
A l’image des retables de notre église qui sont désormais fermés jusqu’à la nuit pascale où ils resplendiront à nouveau, brillant de tous leurs ors, nous allons prendre soin de notre intériorité pour que notre cœur s’y découvre renouvelé par l’amour du Seigneur. Nous allons demeurer auprès du Seigneur dans le silence pour qu’il nous réconcilie avec nous-mêmes et avec Lui. C’est le moment favorable : et, si nous le voulons bien, laissons le Seigneur en faire un temps de salut et de bénédiction. 
 
Michel Steinmetz   

Aucun commentaire: