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vendredi 1 mars 2019

Homélie du 8ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 mars 2019

Si vous avez suivi l’actualité ecclésiale de ces derniers jours, vous avez sans doute, comme moi, ressenti un sentiment mêlé de colère et d’incompréhension. Chaque nouvelle révélation semble nous faire tomber toujours plus bas dans le sordide. Alors nous nous demandons : comment cela est possible ? Certes, pour reprendre la belle et juste expression du Père Congar, « sainte Eglise de pauvres pécheurs », la faiblesse humaine n’épargne ni les baptisés à qui Dieu offre son salut, ni même parmi eux les prêtres. Mais trop, c’est trop. Il y a des limites au supportable. C’est vrai, nul se saurait se glorifier d’avoir vaincu le péché une fois pour toutes ; certes on peut voir dans cette infamie la main de Satan, comme le rappelait le pape François, dont certains consentent à devenirs l’outil ; certes Dieu éprouve son Eglise pour la purifier en profondeur en la guidant au désert. Mais quand même… Tout cela est difficilement supportable.
 
La liturgie de ce jour fait résonner dans nos assemblées cette parole du Christ : « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. » Voilà peut-être une clé pour entrer dans ce mystère qu’il faut nous vivre et traverser comme une Pâque qui nous fera mourir à nous-mêmes pour faire plus de place au Christ Seigneur. Car il ne s’agit pas temps de dénoncer un cléricalisme qui ferait guider un aveugle par un autre aveugle, mais de reconnaître que tout abus de pouvoir, que tout détournement de pouvoir est hautement dangereux. Le disciple n’est pas au-dessus du maître. Il ne peut se prévaloir d’occuper cette place. Cet orgueil et cette impunité lui deviendraient fatals. Péché originel qui valut d’être chassé du Jardin de Vie. Cette maladie spirituelle en entraîne une autre : l’hypocrisie. Elle consiste à voir la paille dans l’œil de l’autre en oubliant la poutre qui est dans le nôtre. Hypocrisie qui rend impossible l’unification de la vie en le dédoublant de manière quasi-schizophrénique.
Toute la vie spirituelle, celle qui n’en finit pas jusqu’à notre dernier souffle, vise précisément à devenir à la fois unis avec nous-mêmes et unis au Christ. Unis avec nous-mêmes en se faisant rejoindre ce que nous pensons, ce que nous disons et ce que nous posons comme acte conscient. Unis au Christ, par la communion que voudrait nourrir et renouveler en nous la participation à l’eucharistie. L’une et l’autre vont de pair et agissent en nous comme une bienfaisante purification qui nous donnera part à la Pâque de Jésus.
 
C’est cette unité intérieure et personnelle qui nous fera porter de beaux fruits. Au jour du Jugement, nous ne serons pas interrogés sur des concepts, nous ne nous défendrons pas avec des discours, mais ce sont les gestes d’amour vrai, ceux qui auront respecté et fait grandir les autres, qui feront peser la balance du côté de la vie offerte en plénitude. Dieu voit au plus profond du cœur. Nous tomberons les masques devant Lui. « Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. »
 
Le Christ prend le soin de préciser qu’ « une fois bien formé, chacun sera comme son maître. ».  Et nous nous rappelons qu’à l’origine du monde le Créateur nous fit « à son image et à sa ressemblance ». Le péché, lui, se plaît à déformer de ses souillures cette « conformation ». Il nous défigure. Il nous faut donc, frères et sœurs, consentir à nous laisser refaçonner par le Seigneur. Qu’Il arrache de son Corps, qui est l’Eglise, les souillures qui la polluent. Qu’Il veuille revêtir par sa grâce notre « être périssable » de « ce qui est impérissable » et nous donne un « cœur bon ». Comment ne pas nous laisser réconforter par l’Apôtre lui-même : « frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue » ?
 

AMEN.
 
 

                                                 
Michel Steinmetz


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