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vendredi 23 décembre 2016

Homélie de la messe de la nuit de Noël - 25 décembre 2016

Noël est le début d’une aventure qui n’est autre que celle de la grâce en nos vies. La fête qui nous rassemble est bien plus qu’un anniversaire que nous commémorerions chaque année. Noël vient infuser chacune de nos existences. Dieu se fait tout proche au point de nous rejoindre dans ce que nous avons de plus glaiseux. Aucune parcelle de notre vie n’est désormais perdue pour Dieu. En se liant à notre nature, il nous offre – si nous le voulons bien – de diviniser notre existence. Ce mystère de la naissance du Sauveur est inouï et profond, mais il se laisse appréhender dans l’actualité dans nos vies et du monde.

Pour essayer de nous en approcher, il faut dépasser les effluves et les scintillements de la fête, les mirages de la société de consommation, pour nous arrêter devant la crèche. La contempler. Ne pas rester comme des spectateurs d’une scène attendrissante, mais se mêler aux personnages. Avoir les mêmes sentiments que Marie et Joseph. Déborder d’allégresse à l’instar des anges. Se laisser bouleverser avec les bergers par l’annonce qui est faite. Le Sauveur est là. Au milieu de nous. C’est Lui que le prophète Isaïe annonçait des siècles auparavant comme le « Conseiller-Merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». C’est aussi simple que déroutant que cela : Dieu à portée de main, comme un petit enfant. Celui qui vient nous sauver, sauver notre vie. Pourtant, nous le savons parce que nous en faisons l’expérience, la Lumière de Dieu se heurte à l’épaisseur du péché. Les guerres, les atrocités en Syrie ou en Irak, la peur diffuse que sème le terrorisme au cœur de nos sociétés si promptes à ériger des murs mais si timorées à vivre des valeurs qui les ont façonnées, tout cela nous donne l’impression de faire barrage à cette Lumière. C’est là une vérité difficile et grave, que l’image poétique de l’Enfant dans la crèche ne doit pas nous masquer. Pourtant Noël est ce grand mystère de l’Amour semé dans l’obscurité, et finalement victorieux ! 
 
 
Le chant  des anges qui annonce la gloire de Dieu mêlée à la paix des hommes résonne dans la nuit d’un monde engourdi. Il est tel un appel qui doit se frayer douloureusement son chemin dans nos cœurs. Car Noël est déjà l’écrin de l’appel du Sauveur que les disciples entendront résonner : « Suis-moi ». Cette même invitation nous est adressée ce soir et nous place devant le choix entre lumière et ténèbres. Oui, Noël est le début d’une aventure qui n’est autre que celle de la grâce en nos vies. La grâce veut se déployer en nous comme une semence de vie qui nous transforme en nous faisant communier à la Vie même de Dieu. Et c’est précisément en Jésus que s’accomplit ce mystère, Lui dont nous devenons, par le baptême, les membres vivants de son Corps qui est l’Eglise.
 
Quels sont donc les signes fondamentaux d’une existence humaine unie à Dieu ? L’amour de charité envers le prochain, – qu’il soit parent ou non, que nous le trouvions sympathique ou non, qu’il soit ou non moralement digne de notre aide –, et la remise de notre volonté entre les mains du Père. Faire la volonté de Dieu c’est « mettre nos mains dans celles de l’Enfant divin » à l’imitation de la Vierge Marie, de saint Joseph et de tous les saints, comme le dira sainte Edith Stein. Par conséquent, l’enjeu de Noël est de laisser la grâce pénétrer de vie divine toute une vie d’homme. Ce qui suppose d’être chaque jour en relation avec Dieu par l’écoute de sa parole, par la prière intérieure et liturgique, par la vie sacramentelle. A l’école de l’Enfant-Dieu nous apprenons à vivre en « enfant de Dieu ».
 
Si Noël est la fête de la joie c’est sans doute parce que la joie est un mouvement qui nous tire hors de nous-mêmes. La contemplation de Jésus dans la crèche réalise précisément cette sortie de nous-mêmes. L’émerveillement devant la beauté cachée du Sauveur nous libère de nous-mêmes et nous ouvre au monde qui attend que lui nous annoncions par nos vies « la Lumière éternelle qui est Amour et Vie ».
Edith Stein avait une amie très estimée en la personne de la poétesse et résistante allemande Gertrud von le Fort. De bien belle manière la poétesse résume cet appel que Noël fait tinter au cœur de chaque chrétien : « Chantez-le dans l’attente de l’aube, chantez-le doucement, doucement à l’oreille des ténèbres du monde ! ».
 
 
AMEN.
                                                                                                   
Michel Steinmetz

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