Selon les récentes
enquêtes sur les croyances en Occident, le pourcentage des chrétiens diminue
tandis qu’augmente celui de ceux qui se disent incroyants et dont certains demandent que leurs noms
soient même rayés des registres de baptême. Par-delà les scandales qui éclatent
dans l’Eglise, c’est surtout l’omniprésence du mal et le silence de Dieu qui
conduisent à la conclusion : « Le ciel est vide. Non Jésus n’est pas le sauveur
: il y a trop d’injustice ! ». Qui n’a
pas butté sur cette objection massive qui effectivement ébranle les certitudes
? Même Jean-Baptiste se l’est faite : en prison, menacé d’exécution, il s’est
demandé s’il avait eu raison de désigner Jésus comme le Messie attendu. Un
Messie qui laisse les innocents périr ?
Jean le Baptiste,
dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander
par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un
autre ? ». Jésus leur répondit : « Allez
rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez…».Devant le mal triomphant et parfois
l’inertie des croyants que nous sommes, l’incroyant nous questionne encore : «
Ne faut-il pas attendre un autre que Jésus ? ». Gardons Noël comme fête de
lumière mais sans crèche. Attendons le salut du progrès, de l’enrichissement,
ou même ne rêvons plus, résignons-nous à
la vie telle qu’elle est. Que répondre ? Aux ambassadeurs de Jean, Jésus
semble faire une réponse décevante. Au lieu de leur promettre une intervention
rapide, il leur donne plutôt une mission : « Rapporter ce que vous entendez et
voyez ». Oui nous pouvons affirmer que des guérisons se réalisent dans l’Eglise.
Rarement miraculeuses, elles ne sont pas des preuves mais elles « font signe ».
Non, l’Evangile n’est pas une utopie à ranger dans les oubliettes car nous
pouvons raconter que partout des chrétiens mènent une lutte acharnée contre la
souffrance. Nous pouvons songer à tout ce qu’on fait les saints, et récemment
la « jeune » sainte Mère Térésa de Calcutta, mais aussi tout ce que
les baptisés entreprennent au nom de leur foi pour que change le monde. La foi
n’est pas une fuite ni une indifférence. Hélas beaucoup de chrétiens ignorent
le travail de l’Eglise, l’impact évangélique sur la santé du monde et ils sont
désemparés par les questionneurs. Parce qu’ils ne savent pas ouvrir les yeux.
Toutefois, pour
Jésus, le grand signe est le dernier : « la Bonne Nouvelle est annoncée aux
pauvres ». Des malades et des handicapés ne sont pas guéris de leur mal, des
justes emprisonnés ne sont pas libérés de leur geôle mais pourtant cette Bonne
Nouvelle est pour eux une force réelle, d’un autre ordre. Elle suscite une
espérance terriblement active et efficace et mobilise des artisans de paix sur
toute la planète. « Heureux » donc l’homme qui parvient à reconnaître que, s’il
n’élimine pas, apparemment et immédiatement, le scandale de la souffrance et du
mal, comme s’il était un despote ou un magicien, Jésus est vraiment le Messie,
le Sauveur. Car Jésus permet de renouveler notre humanité de l’intérieur, par
sa présence qui fait de nous ses collaborateurs.
Tandis que les
envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean
: « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?... Alors,
qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux
qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu’êtes-vous
donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un
prophète. » Pendant tout un
temps, Jean avait attiré des foules qui admiraient sa pauvreté, étaient
atteintes par sa prédication de feu, recevaient son baptême. Il n’était pas un
« roseau » qui se plie au gré des vents des opinions, ni un homme qui profite
de la crédulité des foules pour s’enrichir. Inébranlable jusqu’à oser dénoncer
la turpitude du roi, austère jusqu’au dénuement total, courageux jusqu’au
martyre, Jean avait vraiment rendu un témoignage de « prophète », d’envoyé de
Dieu. Et nous ? Serons-nous un
roseau agité par le vent, balloté au gré des modes, des opinions de qui nous aurons
en face de nous ? Saurons-nous rendre compte de notre foi, parce que nous
aurons ouvert les yeux et vu la Bonne Nouvelle à l’œuvre ?
AMEN.
Michel Steinmetz †
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire