Il est possible de
reparcourir les jours de l’année passée soit comme un souvenir des faits et des
événements qui nous ramènent à des moments de joie et de douleur, ou bien en cherchant
à comprendre si nous avons perçu la présence de Dieu qui renouvelle toute
chose, et qui soutient de son aide. Nos yeux ont besoin de se concentrer
particulièrement sur les signes que Dieu nous a accordés, pour toucher du doigt
la force de son amour miséricordieux. Nous ne pouvons oublier que de nombreuses
journées ont été marquées par la violence, la mort, les souffrances indicibles
de tant d’innocents, de réfugiés contraints de quitter leur patrie, d’hommes,
de femmes et d’enfants sans domicile fixe, sans nourriture ni moyens de
subsistance. Pourtant, que de grands gestes de bonté, d’amour et de solidarité
ont rempli les journées de cette année, même s’ils n’ont pas fait la « une »
des journaux télévisés. Ces signes d’amour ne peuvent et ne doivent pas être
obscurcis par la puissance du mal. Le bien triomphe toujours, même si parfois,
il peut sembler plus faible et caché.
La liturgie nous rappelle la phrase de saint Paul qui nous
parle de la « plénitude des temps » (Ga 4, 4). Donc, en ce jour il nous
manifeste comment le temps qui a été — si l’on peut dire — « touché » par le
Christ, le Fils de Dieu et de Marie, et qui a reçu de Lui des significations
nouvelles et surprenantes, est devenu le « temps salvifique », c’est à dire le
temps définitif du salut et de la grâce. C’est tout cela qui nous conduit à
penser à la fin du chemin de la vie, à la fin de notre chemin. Il y eut un
commencement et il y aura une fin, « un temps pour naître et un temps pour
mourir » (Qo 3, 2). Avec cette vérité, si simple et fondamentale mais si
négligée et oubliée, l’Église nous enseigne à conclure l’année et également nos
journées par un examen de conscience, à travers lequel nous reparcourrons ce
qui est arrivé. Rendre grâce et demander pardon. C’est ce que nous faisons
aussi aujourd’hui au terme de l’année.
Dieu a fait de nous des fils.
D’abord, c’est vrai, parce qu’il nous a créés. Mais ces fils et ces filles
turbulents et désobéissants que nous sommes se sont éloignés de Lui par le
péché. Alors Il a décidé de nous rétablir dans notre dignité première. C’est
pour cela que Dieu a envoyé son Fils pour nous racheter au prix de Son sang. Et
s’il y a un rachat, c’est parce qu’il y a un esclavage. Le don même par lequel
nous remercions est aussi le motif d’un examen de conscience : quel est notre
manière de vivre ? Vivons-nous en fils ou vivons-nous en esclaves ? Vivons-nous
comme des personnes baptisées dans le Christ, ointes par l’Esprit, rachetées,
libres ? Ou bien vivons-nous selon la logique mondaine, corrompue, faisant ce
que le diable nous fait croire être notre intérêt ? Il existe toujours sur
notre chemin une tendance à résister à la libération ; nous avons peur de la
liberté et, paradoxalement, nous préférons plus ou moins inconsciemment
l’esclavage. La liberté nous effraie parce qu’elle nous place face au temps et
à notre responsabilité de bien le vivre. L’esclavage, en revanche, réduit le
temps à « l’instant » et ainsi nous nous sentons plus sûrs, c’est-à-dire
que cela nous fait vivre des moments détachés de leur passé et de notre avenir.
L’esclavage nous fait croire que nous ne pouvons pas rêver, voler, espérer. De
cet examen de conscience dépend aussi, pour nous chrétiens, la qualité de nos
agissements, de notre manière de vivre, de notre participation aux institutions
publiques et ecclésiales. Sommes-nous levain dans la pâte ? Ou alors
sommes-nous éteints, insipides, hostiles, méfiants, insignifiants et fatigués ?
Frères et sœurs, conclure
l’année revient à affirmer qu’il existe une « dernière heure » et qu’il existe
la « plénitude des temps ». En concluant cette année, en remerciant et en
demandant pardon, cela nous fera du bien de demander la grâce de pouvoir
marcher libres pour pouvoir ainsi réparer tout le mal fait et pouvoir nous
défendre contre la « nostalgie » de l’esclavage. Que la Sainte Vierge, la
Sainte Mère de Dieu, nous y aide !
AMEN.
Michel STEINMETZ †
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