A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 3 janvier 2015

Homélie de la solennité de l'Epiphanie - 4 janvier 2015

Il était une fois un moine appelé Epiphane. Un jour il découvrit un don qu’il ne pensait pas posséder : il savait écrire de belles icônes. Il voulait absolument peindre le visage de Jésus. Mais où trouver un modèle qui exprime, à la fois, la souffrance et la joie, la mort et la résurrection, la divinité et l’humanité ?
Epiphane se mit alors en voyage. Il parcourut la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, examinant chaque visage. Rien : le visage qui pouvait représenter le Christ n’existait pas. Fatigué, il s’endormit en répétant les paroles du psaume : « Je cherche ton visage, Seigneur, montre-moi ton visage! ». Il fit un rêve. Un Ange lui apparut, il le ramena auprès des personnes rencontrées et pour chaque personne il lui indiqua un détail qui rendait ce visage semblable à celui de Jésus : la joie d’un amoureux, l’innocence d’un enfant, la force d’un paysan, la souffrance d’un malade, la peur d’un condamné, la tendresse d’une mère, la consternation d’un orphelin, l’espoir d’un jeune, la joie d’un clown, la miséricorde d’un confesseur, le mystère du visage bandé d’un lépreux... Et alors, Epiphane comprit et retourna dans son couvent. Il se mit au travail et l’icône fut prête en peu de temps. Il la présenta à son abbé. Celui-ci fut surpris : elle était merveilleuse. Il voulut savoir qui était le modèle dont il s’était servi parce qu’il désirait le montrer aux autres artistes du monastère. Le moine répondit : « personne, père, ne m’a servi de modèle, parce que personne n’est comme le Christ mais le Christ est semblable à tous. Tu ne trouves pas le Christ dans le visage d’un seul homme, mais tu trouves des fragments du visage du Christ en chaque homme. »
 
Dieu ne se manifeste pas comme un enfant, Il est cet Enfant, qui manifeste le cœur du Père, qui nous le donne pour qu’il devienne nourriture pour notre chemin, médicament pour nos faiblesses, ami de notre conversation. Il est « épiphanie » dans laquelle Dieu se manifeste. C’est ce Dieu, que comme les Rois Mages, nous adorons. Mais chaque être humain est, dans un certain sens, Epiphanie de Dieu. Dieu a décidé de se révéler en se « cachant » dans chaque homme.
 
Le texte de l’évangile d’aujourd’hui nous rappelle certes l’arrivée des Rois à Bethléem mais surtout les trois actions importantes de ces rois devant le Roi des juifs : prostration, adoration et donation.
         Prostration : c’est l’attitude d’humble révérence envers une autorité morale et spirituelle. Jésus est reconnu, par les sages de son temps, comme l’autorité morale et religieuse à laquelle se confronter.
         Adoration : c’est l’autre action que font les Rois Mages devant Jésus. Ils adorent la divinité. Les païens adoraient les idoles. Dans un moment dramatique, les Juifs se construisirent un veau en or et l’adorèrent pendant que Moïse était sur le Mont Sinaï avec Dieu. L’homme se construit toujours des fausses idoles et les travaille comme une solution possible à ses propres problèmes existentiels. Aujourd’hui encore, les idoles fascinent, celles du succès, du bien-être, de la carrière, du pouvoir économique, militaire, politique et religieux et tant d’autres qui poussent l’homme à offenser et à détruire d’autres hommes pour arriver à leurs buts. Au contraire, les Rois Mages adorent le Dieu vivant qui, en cet enfant, pauvre, humble, dans cette crèche, attire avec juste raison toute leur attention et leur prière.
         Donation : là où sont la bonté dans le cœur et l’ouverture à l’autre, il y a aussi presqu’instinctivement le don de soi à celui qui se trouve en face. Ici les Rois Mages se trouvent en face du Roi des juifs et lui offrent trois dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe, pour faire ressortir sa royauté, sa mission, sa mort et sa résurrection. A travers ces dons, se trouve une signification spécifique qui peut être attribuée à l’Enfant Jésus, ce Fils de Dieu et Rédempteur de l’humanité. En offrant leurs présents, les Mages se donnent eux-mêmes.
 
Voilà la fête de l’Epiphanie qui ouvre indirectement sur une autre fête liturgique encore plus fondamentale : la Pâques de Jésus qui s’est donné lui-même, complètement. Nous serons sages comme les Mages si, en prenant Jésus comme Chemin, nous prenons le chemin de la foi, le chemin de la conversion, le chemin de l’amour.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

Aucun commentaire: