Il était une fois un
moine appelé Epiphane. Un jour il découvrit un don qu’il ne pensait pas
posséder : il savait écrire de belles icônes. Il voulait absolument peindre le
visage de Jésus. Mais où trouver un modèle qui exprime, à la fois, la
souffrance et la joie, la mort et la résurrection, la divinité et l’humanité ?
Epiphane se mit
alors en voyage. Il parcourut la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne,
examinant chaque visage. Rien : le visage qui pouvait représenter le Christ n’existait
pas. Fatigué, il s’endormit en répétant les paroles du psaume : « Je cherche
ton visage, Seigneur, montre-moi ton visage! ». Il fit un rêve. Un Ange lui
apparut, il le ramena auprès des personnes rencontrées et pour chaque personne
il lui indiqua un détail qui rendait ce visage semblable à celui de Jésus : la
joie d’un amoureux, l’innocence d’un enfant, la force d’un paysan, la
souffrance d’un malade, la peur d’un condamné, la tendresse d’une mère, la
consternation d’un orphelin, l’espoir d’un jeune, la joie d’un clown, la
miséricorde d’un confesseur, le mystère du visage bandé d’un lépreux... Et
alors, Epiphane comprit et retourna dans son couvent. Il se mit au travail et l’icône
fut prête en peu de temps. Il la présenta à son abbé. Celui-ci fut surpris :
elle était merveilleuse. Il voulut savoir qui était le modèle dont il s’était
servi parce qu’il désirait le montrer aux autres artistes du monastère. Le
moine répondit : « personne, père, ne m’a servi de modèle, parce que personne n’est
comme le Christ mais le Christ est semblable à tous. Tu ne trouves pas le
Christ dans le visage d’un seul homme, mais tu trouves des fragments du visage
du Christ en chaque homme. »
Le texte de l’évangile
d’aujourd’hui nous rappelle certes l’arrivée des Rois à Bethléem mais surtout
les trois actions importantes de ces rois devant le Roi des juifs :
prostration, adoration et donation.
Prostration : c’est l’attitude d’humble révérence envers
une autorité morale et spirituelle. Jésus est reconnu, par les sages de son
temps, comme l’autorité morale et religieuse à laquelle se confronter.
Adoration : c’est l’autre action que font les Rois
Mages devant Jésus. Ils adorent la divinité. Les païens adoraient les idoles.
Dans un moment dramatique, les Juifs se construisirent un veau en or et l’adorèrent
pendant que Moïse était sur le Mont Sinaï avec Dieu. L’homme se construit
toujours des fausses idoles et les travaille comme une solution possible à ses propres
problèmes existentiels. Aujourd’hui encore, les idoles fascinent, celles du
succès, du bien-être, de la carrière, du pouvoir économique, militaire,
politique et religieux et tant d’autres qui poussent l’homme à offenser et à
détruire d’autres hommes pour arriver à leurs buts. Au contraire, les Rois
Mages adorent le Dieu vivant qui, en cet enfant, pauvre, humble, dans cette
crèche, attire avec juste raison toute leur attention et leur prière.
Donation : là où sont la bonté dans le cœur et l’ouverture
à l’autre, il y a aussi presqu’instinctivement le don de soi à celui qui se
trouve en face. Ici les Rois Mages se trouvent en face du Roi des juifs et lui
offrent trois dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe, pour faire ressortir
sa royauté, sa mission, sa mort et sa résurrection. A travers ces dons, se
trouve une signification spécifique qui peut être attribuée à l’Enfant Jésus,
ce Fils de Dieu et Rédempteur de l’humanité. En offrant leurs présents, les
Mages se donnent eux-mêmes.
Voilà la fête de l’Epiphanie
qui ouvre indirectement sur une autre fête liturgique encore plus fondamentale
: la Pâques de Jésus qui s’est donné lui-même, complètement. Nous serons sages
comme les Mages si, en prenant Jésus comme Chemin, nous prenons le chemin de la
foi, le chemin de la conversion, le chemin de l’amour.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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