Le jeune Samuel
entend un appel. Est-ce bien réel ? Est-ce un rêve ? Il se réveille
et, sans doute confus, il répond sans hésiter : « Me voici ». Se
levant promptement il court vers son maître, le prêtre Eli. « Tu m’as
appelé, me voici ! ». Et ainsi trois fois de suite, jusqu’à ce que, enfin,
au quatrième appel, il comprenne.
Ce jeune garçon est alerte,
consciencieux et à l’écoute. Son « métier », c’est d’assister le prêtre
au temple de Silo, « là où se trouvait l’arche de Dieu ». Sans hésiter,
il se met debout et court. Mais s’il le fait, c’es aussi parce qu’il est
attentif, à l’écoute. Seulement ce n’est pas Eli qui l’appelle. Le vieil homme
va lui-même mettre un peu de temps à le comprendre. Il sait encore que, seul, Samuel
ne peut découvrir son interlocuteur. Un autre doit entrer dans cette relation
et doit lui prendre la main pour nommer l’auteur de l’appel. Ainsi, Eli n’intervient
pas entre Dieu et l’enfant. Il n’interprète pas les paroles du Seigneur, mais
il met l’enfant dans les conditions idéales pour connaître celui qui l’appelle.
L’initiative de la
relation vient de Dieu. Cet appel divin met l’homme debout, même si celui-ci ne
sait pas encore déterminer qui est à l’origine du message. « Samuel ne
connaissait pas encore le Seigneur, et sa Parole ne lui avait pas encore été
révélée. » Mais la réponse de Samuel est logique : il se présente à celui
qu’il connaît et en qui il a confiance. A l’appel supposé d’Eli, il se lève et
se déplace. C’est vraiment la démarche d’un enfant, d’un pèlerin, d’un croyant…
Quelque chose ou quelqu’un l’interpelle et il fait ce qui lui semble juste. A
travers Eli, nous découvrons une caractéristique du prophète : comme le parent,
comme l’éducateur, il s’efface pour montrer l’Autre.
Dans l’évangile,
Jean, le Baptiste, s’efface également. Devant deux de ses disciples, il désigna
Jésus comme « l’Agneau de Dieu », pour permettre à ceux-ci de le
suivre. La première parole de Jésus, rapportée dans l’évangile de Jean, n’est
pas un enseignement, mais une question : « Que cherchez-vous ? » Jésus
commence par interroger les deux amis qui le suivent. Il s’intéresse à leur
démarche. Il se met à leur écoute. Quelle est votre recherche ? Sans doute un
peu embarrassés par cette question inattendue, comme pour se donner contenance,
ils répondent : « Maître, où demeures-tu ? ». La réponse de Jésus aux
deux disciples est alors une simple invitation à découvrir en Lui, ce qu’ils
cherchent, et sans doute ce que tous les hommes cherchent. «Venez et vous verrez ». Ils allèrent chez
lui, y passèrent la journée. Mais ils ne savaient pas dans quelle aventure ils
s’étaient engagés. Toute leur vie durant et pas seulement ce jour-là, ils
pourront découvrir dans l’humanité de cet homme, dans sa bonté, dans sa
tendresse, dans son accueil, le secret du bonheur qu’il apportait, le visage de
ce Dieu d’amour que confusément sans doute ils cherchaient.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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