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vendredi 16 novembre 2012

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 18 novembre 2012

Le texte que nous venons d’entendre apparaît, chez l’évangéliste Marc, comme une dernière révélation avant la Pâque dont le récit commence juste après. L’évangéliste veut, ici, donner un sens à l’aventure de Jésus qui se termine : où va-t-on ? Que va-t-il se passer ?, Dieu va se manifester. A l’époque où Marc écrit son évangile, les Juifs vivent une situation dramatique de menace : l’ennemi est là. La crainte sera confirmée car Jérusalem va être prise par les Romains en 70 et son Temple détruit. Le climat n’est aucunement à la sérénité, mais bien plutôt à la peur devant l’avenir. Jésus utilise alors les images habituelles correspondant à la conception de son temps au sujet de l’univers et que l’on trouve déjà dans les derniers livres de l’Ancien Testament : des étoiles pendent comme des lustres et elles vont tomber, grand branle-bas dans le ciel qui va nous tomber sur la tête ! Voilà que les choses apparemment les plus solides auxquelles nous nous raccrochons sont en fait précaires. Si la mission de Jésus doit aboutir à une telle catastrophe et à un tel ébranlement, cela pose question.

En fait, dans la Bible, la manifestation de Dieu apparaît toujours sous des images apocalyptiques. Dieu se fait voir et entendre : Il se révèle, au sens grec du terme « apocalypse ». Beaucoup de fondamentalistes aujourd’hui nous font croire que le retour de Jésus est proche puisque des événements graves et des catastrophes naturelles en seraient les signes. On nous annonce même la fin du monde pour le 21 décembre prochain ! Jésus, quand il parle de signes de sa présence, de sa manifestation, de sa venue, nous dit de regarder le figuier qui reverdit et annonce la vie, signe de renaissance printanière et donc de vie. L’apparition de ses bourgeons et de ses premières feuilles est le signal infaillible de la venue des beaux jours. Le message est clair : des signes sont sous nos yeux qu’un nouveau monde est en train de naître.

Jésus discerne dans les craquements d’un monde les signes annonciateurs d’un avenir aux couleurs de Pâque. Ce monde nouveau est celui que Jésus inaugurera lors de son retour ; c’est ce qu’il appelait le Règne de Dieu. Il nous invite donc à découvrir et à nous laisser prendre par les germes de vie qui sont des signes du Royaume, c’est-à-dire de lui-même qui vient pour tout renouveler. S’il n’y avait pas le figuier, toute cette description ne pourrait qu’engendrer la peur. Mais qui regarde un petit figuier quand tout le reste semble écrasant ? Ouvrons-les yeux : quel figuier voyons-nous aujourd’hui, pour notre foi, comme signe d’un monde nouveau qui naît et grandit.
Je pense, par exemple, à tous les timides essais de ne plus vivre l’économie comme une fatalité imposée au service du profit, mais comme une manière de vivre ensemble dans le respect. De même, à tous les essais et les réalisations de dialogue interreligieux, phénomène appelé par certains « tolérance active ».
Et les chocs interculturels, les confrontations ne sont-ils pas des signes précurseurs de la justice de Dieu qui vient, justice caractéristique du Règne, tout comme le pénible travail de l’accouchement est signe de la vie qui apparaît plus criante qu’avant. Toutes les oppositions à la guerre, tous les travaux de préparation de la paix ne sont-ils pas aussi des marques de l’Esprit de Jésus qui est à l’œuvre en notre monde, inspire des personnes de toutes races et cultures et ainsi rend vie et espérance au monde ?
Et si aujourd’hui nous sommes intéressés à ce qui se passe ailleurs et que naissent des solidarités réelles, à partir de découvertes humbles d’autres cultures, de la valeur des autres, n’est-ce pas en partie parce que ce qui se passe dans le monde devient transparent grâce à l’information que par ailleurs nous pouvons souvent décrier de ne donner que des images de mort. L’information bien faite peut être pour nous ce figuier qui annonce le printemps.
Mais il ne s’agit pas d’être des spectateurs passifs, il nous faut provoquer ces signes, les faire naître, les créer. Nous sommes placés devant un choix : construire en connaissance de cause de notre foi, un monde qui devienne signe d’espérance pour tous et ainsi rendre plus proche le règne de Dieu.

Peu importe finalement la date de son retour, l’essentiel est de le faire vivre, et préparer son retour est aussi, d’une certaine manière, rapprocher Jésus et son message de la vie du monde. Nous avons le choix entre le « mangeons et buvons, demain nous mourrons ; la fin du monde arrive » et « vivons et construisons cette société, telle que Jésus la veut et où il fera bon vivre ». C’est une option à prendre. C’est le sens de la mise en garde finale. Et prenez garde nous dit Jésus, soyez éveillés, pas simplement comme des gens qui épient le voleur possible, mais comme des enfants qui, éveillés, inventent toutes sortes de façons de manifester qu’ils vivent. Il ne s’agit pas d’attendre et de voir venir des événements qu’on va subir : parce qu’on attend vraiment que Jésus arrive, c’est activement qu’il nous faut préparer cette venue, faire voir qu’il est proche en faisant bourgeonner nos vies et annonçant ainsi le printemps de la vie.

L’espérance est à ce prix.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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