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samedi 3 novembre 2012

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 4 novembre 2012

Aux adeptes de la culture de la plainte, aux champions toutes catégories du dénigrement systématique, aux partisans de l’idéologie du « c’est interdit d’interdire », j’ai envie, une bonne fois pour toutes, de dire : et si vous adoptiez enfin la « positive attitude »? Si au lieu de toujours tout aborder par la négative, on envisageait positivement la foi comme un don, une chance, une belle aventure ? A ces mêmes, je ne résiste pas à leur mettre sous les yeux l’évangile de ce jour. Que dit Jésus au scribe ? Non qu’il a encore beaucoup de chemin à parcourir ou d’efforts à faire, mais qu’ « il n’est pas loin du Royaume de Dieu ».
Cette phrase, je rêve, j’espère qu’un jour le Christ me l’adressera aussi. Plus encore, j’aime à croire qu’il pourrait le faire dès aujourd’hui.
Nous souffrons trop, ces temps-ci, d’une dépréciation du christianisme, et, avouons-le, nous en sommes à la fois bien souvent les auteurs et les victimes. Nous donnons à d’autres des bâtons pour nous faire battre. Comme si pour être adultes dans la foi, il fallait ne jamais sortir de la crise d’adolescence dont le propre est de s’opposer radicalement à tout.
Les lectures bibliques de ce jour nous invitent à changer notre regard : les commandements sont utiles ; à nous de les prendre au sérieux ; ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons en tirer tous les fruits de grâce.

I.- De l’utilité des commandements.

Depuis trop longtemps maintenant, l’homme moderne et contemporain croit devoir montrer sa liberté, son indépendance en s’émancipant de tout système institutionnel ou moral. Il se plaît à rejeter ce qui a la moindre apparence de commandement. Cette pensée trouve son couronnement dans le désormais célèbre slogan des barricades : « Il est interdit d’interdire ». Bien sûr que si un commandement n’est qu’une pure obligation, qu’il ne fait pas appel au sens de la responsabilité de celui qui le reçoit, ou n’est que l’exercice stupide et moralement désordonné d’une autorité dont le seul plaisir est d’imposer son pouvoir sans ce soucier du bien commun, alors le commandement n’est pas recevable.
Par contre, s’il est l’inverse de tout cela (s’il fait appel à l’intelligence, s’il est service du bien commun, des valeurs de liberté et de respect), il prend une toute autre dimension. C’est le cas dans la Bible. Les commandements viennent de Dieu : ils ne sont ni des empêcheurs de tourner en rond, ni l’expression du despotisme divin qui prendrait un plaisir vicieux à nous imposer ses vues.
II.- De l’utilité de prendre les commandements au sérieux.

Ceci étant posé, les commandements bibliques apparaissent bien comme la plus parfaite trace de l’amour de Dieu et de la liberté qu’il nous offre. En effet, si Dieu ne veut pas la mort du pécheur, il ne nous contraint pas non plus à nous soumettre. Nous demeurons libres : libres de suivre ce qu’il nous propose, libres de nous en détourner.
Ainsi, les commandements doivent être considérés comme des guides et non comme des interdits. Ils sont paroles de vie, à l’image des Béatitudes. Après que Moïse a rapporté au peuple les propos reçus sur la montagne, il n’oublie pas d’ajouter ce qui en donne le sens profond : « tu observeras tous ces commandements, que je te prescris aujourd’hui, et tu auras longue vie ». Et il ajoute un peu plus loin : « tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité […] comme te l’a promis le Seigneur, le Dieu de tes pères » (Dt 6). Ces commandements mobilisent notre volonté et notre détermination : « de tes décisions, je ne veux pas m’écarter, car c’est toi qui m’enseignes » (Ps. 118).
Les commandements sont une manière de Dieu de nous enseigner : ils sont des guides, des repères, « une lumière pour nos pas » comme le dit encore le psaume. Cette lueur a vocation d’entrer en nous et d’illuminer notre cœur : elle requiert notre humilité et notre disponibilité, sans a priori.

III.- Des fruits que l’on tire des commandements.

Parce que s’assimilant peu à peu à tout notre être, parce que pénétrant jusque dans notre cœur, les commandements nous transforment. Le compagnonnage quotidien que nous acceptons de vivre avec eux nous modèle peu à peu : loin de nous faire abandonner toute marge de manœuvre, ils orientent nos pas et nous apprennent à demeurer fondamentalement libres par rapport à toute sollicitation extérieure. Ils deviennent des critères de discernement profond et authentique.
Le scribe de l’évangile n’est pas félicité par Jésus pour le caractère judicieux, voire malicieux, de sa réponse mais parce qu’il a saisi un point capital : « aimer le Seigneur de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices » (Mc 12). Il en tire, pour lui, une règle de conduite qu’il s’efforce de traduire en actes. Chacun de nous peut et doit en arriver à la même conclusion. Aimer Dieu et son frère, c’est la chose la plus simple, la plus évidente, mais aussi la plus exigeante qui soit ! Toi qui aimes ton conjoint et tes enfants d’un amour fidèle et quotidien, « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Toi qui fais de ton travail une occasion de servir et de témoigner, « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Toi qui réserves chaque jour quelques instants à la prière pour écouter ton Seigneur, « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Toi qui as pris un engagement dans la société ou l’Eglise pour faire briller la lumière de l’Evangile, « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ».

Décomplexons-nous, chers amis ! Il n’y a pas de crainte à avoir de nous laisser façonner par les commandements de Dieu, de les recevoir avec bonheur et intelligence, de les mettre en pratique. Les ringards ne sont pas forcément ceux qui croient l’être. « Seigneur, accorde-nous de progresser sans que rien ne nous arrête vers les biens que tu promets ! » (oraison d’ouverture).

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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