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samedi 30 juin 2007

Homélie du 13ème dimanche du Temps ordinaire - 1er juillet 2007


« Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu». Lc 9, 62

Sommes-nous faits pour le Royaume de Dieu ? Pouvons-nous revendiquer le titre de « disciple » ? Qu’avons-nous quitté pour suivre Jésus ? Et si nous l’avons fait, avons-nous tout quitté ? Sommes-nous condamnés à vivre avec cette mauvaise conscience de ne pas en avoir fait assez, de nous sentir incapable de ce à quoi le royaume de Dieu nous appelle ? Pouvons-nous, quand même, espérer y prendre part un jour ?
Telles sont bien spontanément les questions qui nous rejoignent à l’écoute de l’évangile de ce jour. Redoutables questions…
Car au temps d’Elie et d’Elisée, comme au temps de Jésus, l’appel de Dieu apparaît dans toute son exigence. C’est la personne tout entière qui est engagée, pas question de rester attaché à quoi que ce soit, pas question de se donner à moitié. Face à cette exigence, nous pouvons éprouver la tension de donner, de nous donner sincèrement comme nous le pouvons et du mieux que nous le pouvons, et de savoir au fond de nous que nous pourrions aller plus loin encore.
Etre capable de tout donner pour le Christ, c’est en fait être capable de ne rien lui préférer, c’est encore reconnaître en lui plus fondamentalement encore la source de tout bien, c’est goûter alors à la liberté des enfants de Dieu.

I.- Ne rien préférer au Christ.

« Celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ». Quelle rudesse de l’Ecriture ! Et quelle envie pour nous de fuir face à de tels propos. En sacrifiant ses bœufs et en brûlant son attelage, Elisée abandonne tout ce qui le faisait vivre, plus rien ne le retient à sa terre. Il accepte, en suivant le prophète Elie, d’aller à l’aventure, de ne pas savoir de quoi sera fait son lendemain, il quitte ses sécurités. Aux disciples qui veulent le suivre, Jésus déclare : « Le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposer la tête », ou encore « Qui regarde en arrière n’est pas pour le royaume de Dieu ». Pourtant les disciples, comme Elisée, ne demandent rien d’autre que de prendre congé des leurs, de ceux qu’ils aiment, ou, pour l’un, d’aller enterrer son père !
Nous avons l’impression qu’il n’y a plus de place pour les sentiments quand il s’agit de suivre le Christ, de devenir ou de rester son disciple. Pourtant ce même Seigneur est bien celui qui nous révèle l’amour, la tendresse, la compassion du Père. Ne faut-il pas voir dans ses paroles la nécessité de ne rien lui préférer ? N’y aurait-il pas là un appel au questionnement : serions-nous finalement, s’il le fallait en tout état de cause, capable, pour marcher à sa suite, de tout abandonner résolument et sans regret ?

II.- Reconnaître en lui la source de tout bien.

Prenons garde à ne pas interpréter cette radicalité évangélique comme une volonté pernicieuse de la part de Dieu de nous éprouver sans cesse et coûte que coûte, voire de nous faire souffrir. Dieu ne veut que notre bonheur, notre authentique bonheur : tout ce qui y contribue est bon. Ces paramètres varient suivant les personnes et suivant les âges : pour l’un ce sera, à un moment de son existence, la présence d’amis sincères, pour l’autre ce sera l’attachement à une terre…
Parfois, malheureusement, on a malhonnêtement, exploité cette radicalité de l’Evangile comme la nécessité d’une mise à l’épreuve : pour suivre le Christ, il fallait, en guise de préalable, renoncer à quelque chose d’important dans sa vie. Pensez-vous qu’on est meilleur disciple en étant profondément malheureux ? Je ne le crois pas.
Il y a bien plus ici une joyeuse invitation à reconnaître en Dieu et en son Christ la source de tout bien. Dieu est à l’origine de tout et nous recevons tout de sa bonté. Il est donc premier en toutes choses ; tout vient de lui, tout est en lui, tout est pour lui, comme le chante Paul dans le cantique aux Colossiens. Et c’est bien encore ce qu’exprime le psaume 115 : « Je n’ai pas d’autre bonheur que toi. TU m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! ».

III.- Goûter à la liberté des enfants de Dieu.

La liberté comme préalable, tout d’abord. Cela tombe d’ailleurs un peu sous le sens. Pour suivre Jésus, pour se détacher de tout ce qui nous retient, il faut être libre. Les appels de l’Ecriture à un abandon total s’adressent bel et bien à des hommes libres. Elie, qui a jeté son manteau sur les épaules d’Elisée, ne lui force pas la main pour autant et le laisse prendre le temps de faire ses adieux aux siens. Jésus, sans cacher à ses interlocuteurs les exigences de la mission, respecte cependant la liberté de leur choix. De même, c’est la liberté des Samaritains que Jésus défend en interpellant ses disciples prêts à les punir : ces gens sont libres de refuser de le recevoir. Il manifeste, par le fait même, sa propre liberté devant les obstacles qui se dressent sur sa route.
La liberté, ensuite, comme don. Paul se fait chantre, nous l’entendions, de la liberté comme le cadeau le plus précieux reçu par les baptisés, une liberté dynamique qui permet de triompher de toutes les forces de l’égoïsme et de se livrer totalement à l’esprit d’amour. Car la liberté qui s’offre à nous n’est pas celle qui permet de tout faire sans discernement, sans sens de la responsabilité : elle est celle d’un déploiement de l’amour. Cette liberté des enfants de Dieu, encore, est celle qui nous fait vivre de manière naturelle le commandement biblique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
La liberté est donc à la fois un préalable pour être disciple, mais elle est aussi un don de l’Esprit.

Le vent de l’été nous souffle souvent des idées de liberté. Le soleil tranquille, les jours qui se prolongent, le travail qui se relâche, la pression quotidienne qui diminue, oui, nous nous sentons libres. Que ce sentiment ne soit pas « prétexte pour satisfaire notre égoïsme », mais qu’il nous soit l’occasion :
- de nous interroger en vérité,
- de remettre toutes choses, tout attachement en lien avec l’amour du Christ,
- de grandir dans la liberté que Dieu nous offre.

AMEN.

+ Michel Steinmetz.

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