A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

vendredi 7 janvier 2022

Homélie pour la fête du Baptême du Seigneur (C) - 9 janvier 2021

Le lien, qui me semble pourtant évident, entre la religion et la foi semble mis à mal ces derniers temps et vient donc, comme par ricochet, interroger notre propre identité de croyant. Qu’est-ce qu’un croyant ? Que sommes-nous en définitive ? Ainsi, nous avons constaté ces dernières semaines des politiques qui, au nom de défendre les valeurs éternelles de la France, s’afficher devant des crèches pour Noël, quand bien même ils ne sont eux-mêmes pas chrétiens. Débat aussi ancien de crèches dans l’espace public de bâtiments officiels car faisant partie des « traditions ». Bref, un christianisme vidé de toute nécessité de foi, rangé parmi les produits du terroir qui ferait une nation et qui risquerait dangereusement d’être exploité comme une idéologie parmi d’autres. Ou encore un christianisme édulcoré de fait car privé du Christ, voire lui demandant d’aller voir ailleurs car sa croix serait outrageusement une provocation. Frères et sœurs, peut-être chrétien sans croire ? A quoi le baptême nous engage-t-il ?


Nous faisons aujourd’hui mémoire du baptême de Jésus sur les rives du Jourdain, dont la liturgie nous donnait à entendre le récit, il y a un instant. Or déjà en ce temps-là, l’évangile nous rapporte que nombreux sont ceux qui boivent les paroles, sans doute brillantes et énergiques, de Jean-Baptiste au point de le prendre pour le Messie attendu. Lui, pourtant, ne laisse pas s’opérer cette usurpation d’identité qui lui aurait été pour le moins gratifiante. « « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » A cette foule qui demande des signes et dont le désir de changement lui ferait s’attacher à tout prédicateur un peu radicalisé, le Précurseur prend du recul. Le baptême qu’il prêche et qu’il dispense est un rite. Il ne se suffit pas à lui-même ; il n’est que l’expression publiquement affirmée d’un désir de conversion et de préparation au Royaume de Dieu qui vient. Son baptême à lui ne donne pas la foi et ne la suppose pas. Par contre, le baptême que le Fils de Dieu dispensera sera tout autre. Au cœur de cette foule éprise de conversion, un homme : Jésus. Comme les autres, il demande ce baptême d’eau et le reçoit. Pourtant il n’en a pas besoin, ni pour lui-même ni pour les autres. Nul besoin que le Christ s’engage à la conversion. Il décide cependant de communier à ce désir, de partager l’attente de ces hommes et de ces femmes. En étant baptisé, paradoxalement, c’est lui qui sanctifie les eaux et donne à ce rite un sens nouveau.


A la différence des autres évangélistes, Luc ne fait pas coïncider le moment du baptême à la manifestation de Dieu par les signes des cieux ouverts, de la colombe qui apparaît et de la voix du Père qui se fait entendre. Cela intervient, tout juste après, alors que Jésus est en prière. C’est la foi ! Non que les autres ne l’aient pas, nous n’en savons rien, mais Jésus, par son attitude, en montre ici la nécessité. Pour que le baptême donné et reçu porte du fruit, l’initiative de Dieu envers nous a besoin de notre réponse de foi. Le baptême donne la foi et la suppose. Mais un baptisé sans foi reste un païen. On peut mal croire, avoir du mal à croire, mais on n’est pas dispensé de s’y essayer. 


Croire, ce sera consentir à faire l’expérience, souvent humble et pauvre, que le baptême inauguré ce jour par Jésus donne sens à nos existences. En Jésus, Dieu se manifeste, et, une fois encore, se fait tout proche. Il apporte la consolation tel un père envers son enfant. Quand un papa console son enfant qui vient de tomber, il ne peut lui enlever comme par magie sa peur ou sa souffrance : mais sa présence aimante vaut tous les médicaments. Le bain du baptême nous fait sans cesse renaître quand la vie semble nous engloutir ; il nous renouvelle dans l’Esprit-Saint. 


Frères et sœurs, ne réduisez pas votre christianisme à une structure de pensée, au marqueur d’une identité, ou à des valeurs. Sans Christ, il n’est rien. Et vous n’êtes plus rien. Attachez-vous à lui car Dieu trouve sa joie en vous.  


AMEN.


Michel STEINMETZ †


Aucun commentaire: