A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

dimanche 22 mars 2020

Homélie du 4ème dimanche de Carême (A) - 22 mars 2020

« Mais qu’a-t-il fait au bon Dieu pour mériter cela ? » C’est ainsi que l’on pourrait traduire dans un langage qui nous serait familier l’interrogation des disciples en direction de cet homme, que beaucoup ne remarquent même plus, au seuil du Temple. Il fait partie des meubles, pour ainsi dire. Cette réaction, sans doute l’avons-nous eu, ces derniers jours face au mal qui semble s’abattre sur nous et se rapprocher de celles et ceux que nous connaissons, si ce n’est de nous-mêmes. Qu’avons-nous fait à Dieu ? Quel sens donner à tout cela ? Et étonnamment, à cela, Jésus ne donne aucune explication. Ici aucune démonstration cartésienne ou arithmétique. Il serait vain pour nous de nous perdre en conjectures dans les tems présents. Suivons plutôt l’aveugle de naissance. Nous, aussi, nous sommes plongés dans l’obscurité de l’ignorance.
L’aveugle de l’évangile n’a curieusement pas de nom. Pourquoi lui en donner un ? Il est aveugle. Voilà sa condition, voilà son nom : un aveugle de naissance. Il ne connaît que le noir de sa vie, de sa condition. Il est aveugle de naissance, c’est-à-dire que jamais il n’a vu la lumière. C’est ainsi. Irrémédiable. L’aveugle ne demande rien. Il n’interpelle même pas Jésus. Le regard de Jésus pourtant se pose sur lui. La guérison se fait dans la simplicité d’une rencontre entre Dieu et l’homme. Cette semaine, je suis venu tous les matins à l’église et prendre un bon temps de prière. En regardant le Christ sur la croix, je me suis rappelé Don Camillo dialoguant avec le Christ dans son église de Brescello. C’est vrai, qu’on qu’en dise : la foi est d’abord un attachement à la personne même du Christ. Alors que la foi populaire assimilait à l’époque de Jésus la cécité à une faute (Dt 5,9 ; Ex 20,5 ; Nb 14, 33 ; Lm 4,7), Jésus par son regard casse les clichés. Il rompt le lien maladie-péché. Il se révèle comme un Dieu qui sauve, un Dieu qui guérit, un Dieu qui donne vie ! Il n’est pas un Dieu qui punit, génération après génération. Ce qui est l’œuvre de Dieu, ce n’est pas la maladie, mais la guérison. L’œuvre de Dieu ou la mission de l’envoyé du Père c’est de donner la vie en abondance ! Malgré la guérison spectaculaire, tous ne croiront pas. Tous n’accéderont pas à la vue, à la lumière vivifiante comme l’aveugle qui sera guéri corps et âme dans sa confession de foi.
Et la guérison opérée par Jésus vaut ici plus que toutes les démonstrations savantes : Jésus, en rendant possible l’impossible, révèle que toute la puissance de Dieu habite en lui. Il la manifeste.  Voilà pourquoi les pharisiens s’opposent à ce point à lui. Ils ne sont pas dans une logique de discussions d’idée. Car l’évidence de la seigneurie de Jésus les aveugle en retour et ferment leur cœur. Ils refusent ce qui est pourtant manifestent. Par deux fois ils font comparaître l’aveugle de naissance, désormais guéri. Et comme si cela n’était pas suffisant, ils interrogent ses parents, pensant démasquer une supercherie. Eux répondent avec la même évidence que celle du miracle : «  Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ».
Aux deux comparutions de l’homme devant les pharisiens répondent les deux rencontres avec Jésus : quand il le croise à la sortie du Temple et quand les pharisiens l’ont jeté dehors. Sa guérison suscite la division, auprès de ses voisins, auprès des autorités juives. L’aveugle-né est témoin de la puissance et du don divin, mais il est aussi en marche. Nous pourrions dire qu’il illustre la vie de chaque baptisé, témoin du Christ Ressuscité, toujours en recherche. L’aveugle ira jusqu’à la confession de foi. C’est là le deuxième signe, le deuxième don, celui de la foi.
 
Ce récit de guérison, comme il y a en a tant dans les évangiles, n’est pas un signe de plus... Il illustre le combat entre la lumière et les ténèbres pour cet homme, mais aussi pour chacun de nous. Le Christ vient vers nous, qui bien souvent ne lui demandons rien. À nous de faire le pas supplémentaire. Y compris en ces temps obscurs et incertains. « Crois-tu au Fils de l’homme ? – Je crois, Seigneur ! »
AMEN.
Michel STEINMETZ †

Aucun commentaire: