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samedi 7 mars 2020

Homélie du 2ème dimanche de Carême (A) - 8 mars 2020

Peut-être certains parmi vous bénéficient-ils de la fibre optique à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Une fibre optique est un fil dont l’âme, très fine, en verre ou en plastique, a la propriété de conduire la lumière et sert pour la fibroscopie, l’éclairage ou la transmission de données numériques. Si à l’époque des Grecs anciens, le phénomène du transport de la lumière dans des cylindres de verre était déjà connu, et bien que le principe de la fibre optique date du début du XXe siècle, ce n’est qu’en 1970 qu’est développée une fibre utilisable pour les télécommunications. Imaginez un peu que l’âme – nom au demeurant charmant – connaisse ou bien un défaut ou une torsion, le chemin de la lumière ne sera plus possible.
 
Quand Jésus est transfiguré, l’évangéliste prend soin de préciser : « son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière ». La lumière émane de lui et se fait irradiante. Bien qu’éblouissante, elle demeure à ce point agréable que Pierre propose, maladroitement, de dresser trois tentes au sommet de la montagne. Mais si Jésus les a conduits jusque-là, ce n’est pas pour rien. Bien sûr, dans le langage biblique, la montagne est le lieu par excellence de la révélation de Dieu. Songeons à l’expérience de Moïse au Sinaï, ou d’Elie au mont Carmel. Gravir le sommet permet certes de prendre de la hauteur, de regarder ce qu’il y a plus bas avec un regard renouvelé par un changement de perspective. Ceux qui aiment la montagne le savent bien. Pourtant atteindre le sommet permet aussi de se rapprocher du ciel. Bien souvent, on domine les nuages quand la plaine, elle, reste enveloppée de grisaille. Il fallait donc que Jésus élève Pierre, Jacques et Jean : au-dessus de la grisaille de l’existence, au-dessus de la pollution qui envahit leur cœur. Pour élever leur foi en effet, en l’enveloppant du prisme de la lumière pascale qui révèlera Celui qui se lève d’entre les morts, il faut que les disciples dépassent ce qui, en eux, freine ou empêche la lumière d’arriver au plus profond de leur cœur. Comme dans la fibre optique. Jésus va ainsi nettoyer dans cette vision le chemin de leur cœur par le ravissement opéré dans la vision. En nous-mêmes, cette course de la lumière est si souvent obstruée par notre péché, nos doutes, nos routines : autant de torsions et de défauts qui brouillent notre communication avec Dieu. Sans doute faut-il consentir à nous laisser élever pour goûter à cette pure lumière, celle qui débarrassée de toute pollution atmosphérique, se fait à la fois intense et paisible.
Saint Paul le rappelait à sa manière : « Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté ». Nous devons nous souvenir que nous ne sommes pas à l’origine de la lumière de la grâce quand nous éprouvons la tentation de nous prendre pour des « lumières ». C’est Dieu qui nous a appelés, comme Pierre, Jacques et Jean, à être baignés de sa lumière à lui. Et c’est sa grâce qui nous sauve. C’est-à-dire que nous sommes dès lors interrogés quant à notre capacité à recevoir la grâce en nous, dans toute son intensité. Il nous appartient d’entretenir notre fibre optique intérieure. Et s’il le faut, il est de notre devoir de nous laisser élever, non pour notre gloire personnelle, mais pour dépasser la pollution du péché afin d’être introduits plus encore dans la proximité de Dieu. Cela suppose parfois de quitter notre terre, celle de nos certitudes bien établies, de nos habitudes addictives et mortifères qui nous retiennent dans nos mornes plaines. Là nous continuons de vivoter mais sans vivre réellement.
 
Ouvrez-vous, en ce Carême, frères et sœurs, à Celui qui « en détruisant la mort », « a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile ». Seigneur, il est bon qui nous soyons ici avec toi. Et que nous puissions y demeurer.
 
AMEN.
Michel Steinmetz   

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