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vendredi 8 février 2019

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 10 février 2019

La Parole de Dieu est décidément remplie de contrastes, voire d’apparents paradoxes, comme si Dieu décidait de nous secouer pour ne jamais nous voir sombrer. Alors qu’Isaïe contemple le Seigneur dans sa gloire, « siégeant sur un trône élevé » et que les pans de son manteau débordent de partout pour occuper le Temple, Jésus, lui, est assis dans une modeste barque de pêcheurs transformée pour l’occasion en chaire à prêcher !
 
Dans le récit d’Isaïe, c’est alors que le prophète fait l’expérience de la grandeur du Seigneur au milieu du concert des séraphins, ces créateurs célestes dont nous nous unirons tout à l’heure au chant au début de la prière eucharistique, qu’il fait concomitamment l’expérience de sa pauvreté et de sa petitesse. « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures. » Il se reconnaît pécheur avec tous les siens et ce sentiment est exacerbé devant la magnificence qui se dégage de ce qu’il voit. Face au Seigneur, il lui semble impossible de tenir la route. Mais l’apparente contradiction va plus loin encore. Car c’est au moment où l’ange lui brûle les lèvres avec un charbon pris sur l’autel – ce qui devrait, par la blessure infligée, le réduire fatalement au mutisme –, qu’il est non seulement purifié mais rendu capable d’annoncer la parole du Seigneur ! Il est guéri de son péché et envoyé en mission. Au moment où il entre en contact avec ce qui vient du Seigneur, par la médiation du charbon ardent pris sur l’autel, ce qui aurait dû entraver sa vocation de prophète devient le lieu de son témoignage.
 
Paul, quant à lui, confesse être « le plus petit des apôtres ». De persécuteur zélé des chrétiens, il est « retourné » par la rencontre avec le Christ vivant au point de l’annoncer désormais à temps et à contretemps. Cette conversion radicale, il l’attribue clairement à l’action de la grâce de Dieu en lui. Au moment où il acceptait que la haine en lui cède le pas à la vérité de l’Evangile, où il consentait à ne plus laisser ses propres idées s’exprimer dans la violence mais à témoigner fidèlement de la foi qui devrait nous habiter, toutes et tous, Paul découvrait la fécondité de son existence. « Le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures ».
 
Dans l’évangile que nous entendions, il se passe quelque chose d’étonnant. Y avez-vous prêté attention ? Simon, le pêcheur, lui aussi, découvre que la présence de Dieu révèle la distance immense qui le sépare de Jésus. La quantité impressionnante de poissons ne doit pas cachée les autres fruits de la présence divine. En effet, la prise de parole va désormais remplacer en lui la crainte ou le doute. Alors qu’avec ses associés, il a peiné toute la nuit « sans rien prendre », et que visiblement cette nuit-là aucun ban de poissons n’était aux alentours, Jésus lui ordonne de se remettre à l’ouvrage. N’est-ce pas là exagéré ? Il n’y aurait qu’à attendre un jour meilleur, assurément la nuit prochaine. Or c’est au moment où Pierre consent à obéir, et donc à se fier plus à la parole de Jésus qu’à sa propre expérience, que le miracle s’opère. « Sur ta parole, je vais jeter les filets ». Le résultat est parfaitement surprenant : de rien, ils remplissent deux barques pleines. Devant cette puissance de Dieu à l’œuvre en Jésus, Pierre est saisi d’effroi au point d’en tomber à genoux. Pourtant, c’est à ce moment précis que Jésus lui annonce sa mission : il ramassera des hommes en nombre dans les filets de Dieu par l’annonce de l’Evangile.
 
Frères et sœurs, cette Parole que nous recevons en ce jour nous invite à nous dessaisir. Que de fois ne voulons-nous pas tout maîtriser et nous peinons alors désespérément. Quand, alors, nous consentons à laisser agir le Christ en nous, nous nous découvrons capables d’atteindre des horizons jusque-là insoupçonnés. Faisons-Lui confiance, aveuglément. Abandonnons nos rivages balisés et sécurisés, et suivons-Le.
 
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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