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vendredi 1 février 2019

Homélie du 4ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 3 février 2019

On pourrait s’extasier devant le destin merveilleux, romanesque même, de Jérémie. Dès avant sa naissance, il est choisi de Dieu, il se voit confier une fabuleuse mission, digne d’un super-héros. « Je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer ». 

Pourtant sa condition de prophète, dont Jésus est le parfait accomplissement car il n’est plus « un porte-parole », mais la Parole, le Verbe de Dieu lui-même, ne nous est pas étrangère. Chacun de nous au jour de son baptême a été choisi par Dieu et appelé par Lui à devenir « prêtre, prophète et roi », c’est-à-dire à prendre part à la mission du Christ. Au cœur du peuple des baptisés, le Seigneur choisit des hommes pour être associés de manière plus étroite encore à sa mission et se charger de la conduite de son troupeau : ce sont les prêtres. Mais tous, parce que partageant le même baptême, sont appelés au témoignage à temps et  à contretemps dans la fidélité à l’Evangile et donc dans l’effacement de leur volonté ou idéologie propres. Tous sont conviés à passer, passer de l’enfance et de ses caprices à l’âge adulte d’une vie où le Christ occupe la première place, pour reprendre la comparaison de Paul. Passer de la mort à la vie dans la certitude de l’amour. Dès lors, chacun est obligé au dépassement. Triple dépassement.

 Raisonner au-delà
Cela signifie : dépasser les limites étriquées d’une pensée qui ne prendrait en compte que le ressenti, l’affect ou les formes au détriment d’un aspect factuel et raisonnable. Accueillir le mystère du Christ non tel que je l’imagine mais tel que Dieu le révèle objectivement dans l’Ecriture et la Tradition de l’Eglise.

 
Connaître au-delà
Passer d’une connaissance partielle à la plénitude de la connaissance. Entrer déjà dans le mystère de Dieu et la profondeur de sa charité. « Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu », explique Paul. Il ne s’agit pas, là encore, de partir de nos propres capacités à appréhender Dieu mais à se laisser atteindre par Lui qui met en nous la connaissance. Oser aller au-delà, se laisser traverser par l’amour dont Dieu nous radiographie jusqu’aux moelles de l’âme.
 
Aimer au-delà
C’est consentir ici à ne pas seulement revendiquer le caractère prophétique du baptême mais à devenir prophète. C’est-à-dire à se laisser traverser par l’amour de charité qui fera vibrer chaque partie de ce que nous sommes non pour résonner comme un cuivre mais pour devenir le résonateur de l’amour de Dieu. Cet amour se fonde d’abord dans l’expérience que nous faisons de lui : l’amour de Dieu pour nous qui nous enveloppe et dépasser les limites de ce que pourrions en mériter. Amour qui, encore, rejaillit ensuite sur les autres, accueillis de même parce que nous les avons aimés de Dieu.
 
Au-delà. Raisonner, connaître, aimer au-delà. C’est donc refuser toutes limites paralysantes. Ne rechercher que ce lien avec l’amour de Dieu. Dépasser le temps d’Elisée et d’Eli où les prophètes ont été consignés à la stérilité hormis celle de leur parole, parce que leurs auditeurs ne voyaient pas l’intérêt d’aller au-delà et demeuraient tapis dans leurs certitudes et leurs analyses. Frères et sœurs, comme le déclarait Jeanne d’Arc au moment de son procès alors qu’on lui demandait : « Jeanne, croyez-vous être en état de grâce ? », « Si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre ; si j’y suis, Dieu veuille m’y tenir. »
 
AMEN.

 
 
Michel Steinmetz

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