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samedi 12 septembre 2015

Homélie du 24ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 13 septembre 2015


La question – fameuse – de Jésus à ses disciples est une question qui nous est renvoyée : « Pour vous, qui suis-je ? ». Les réponses étaient déjà variées et indécises du vivant de Jésus, elles l’ont été plus encore dans les premiers siècles du christianisme et jusqu’à nos jours : simple prophète adopté par Dieu, simple apparence humaine de la Parole divine, personnage tantôt homme, tantôt Dieu, pure nature divine pour en rester aux « classiques » parmi ce qu’on appelle les « hérésies » chrétiennes. Mais il y en eut bien d’autres où des dénominations et des concepts chrétiens, vite devenus incontournables, étaient simplement empruntés et plaqués sur des systèmes philosophico-religieux totalement étrangers et incompatibles dans leur fond au christianisme. Les polémiques sur l’identité du Christ ne sont pas terminées. Elles renaissent sans cesse, les unes procédant d’une honnête volonté de recherche, d’autres volontairement pernicieuses, s’exprimant sous forme d’ouvrages savants, de romans de gare ou de films à scandale. Le chrétien est là, comme le prophète Isaïe. Comme lui, il ne devrait ni se révolter, ni se dérober aux coups et quolibets de ses détracteurs. Il devrait être capable d’accueillir toutes les polémiques, même les plus injurieuses, sans condamner personne à mort mais en acceptant le débat.
 

Cette attitude d’ouverture ne signifie cependant pas ouverture au relativisme ni au laxisme. Le serviteur de Dieu, le disciple, est aussi celui qui ne se révolte ni ne se dérobe devant le contenu et l’exigence de la Parole de Dieu. Il est celui qui écoute cette Parole pour s’en instruire et pour en témoigner. En témoigner « valablement », car il faut être prêt à rendre compte de sa foi comme au tribunal ; il faut être prêt à s’avancer soi-même et dire : « comparaissons ensemble ! ». C’est le deuxième pas que veut nous faire faire l’évangile. Il ne suffit pas de rapporter des opinions ni d’y croire comme à une opinion. Jésus demande que l’on s’implique, que l’on s’engage, personnellement, dans une relation personnelle. Et entre Dieu et l’homme, cette relation personnelle est celle de la foi.
 
 
La foi ! L’épître de Jacques complète utilement le tableau qui risquerait, sinon, d’être abstrait. La foi sans les œuvres est une foi morte ! Non seulement la foi nous implique dans nos convictions, mais elle implique que l’on agisse, d’une action qui soit un témoignage du Salut en Christ et donc pas de n’importe quel acte de bienfaisance. Déjà la semaine passée, les paroles de saint Jacques venaient fortement nous interpeller. J’oserais dire : ce dimanche encore plus explicitement. Je suis persuadé que chacun de vous a une idée plus ou moins arrêtée sur la question de l’accueil des migrants. Ce mouvement ne va pas de soi, il interroge et questionne le fonctionnement sclérosé et parfois injustes de nos institutions étatiques. Je note aussi que l’on fait appel aux chrétiens considérés, pour le coup, des auxiliaires sérieux. Le pape François a demandé à toutes les paroisses et les communautés de se montrer accueillantes. J’en ai entendu qui ont dit : « Qu’il se mêle de ce qui le regarde ! », ou lu d’autres réactions stupides sur les réseaux sociaux. Personnellement je m’interroge. Mais peut-on le faire encore longtemps, une fois qu’on a entendu l’épître de Jacques ?

« Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller,
ni de quoi manger tous les jours ;
si l’un de vous leur dit :
‘Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim !’
sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ?
    Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. »

Ne faudrait-il pas que nous, Alsaciens, nous nous rappelions que le 1er septembre 1939, près de 500.000 personnes issues des 550 villages alsaciens situés le long du Rhin, furent évacuées en seulement 48 heures, emportant avec elles trente kilos d’effets par personne. A leur arrivée en Dordogne, certains les traitèrent de « sales boches », alors qu’elles étaient poussées à l’exil par la guerre et la barbarie nazie. C’était il y a seulement 76 ans.

"La peur de l’islamisation de l’Europe marque un déficit d’identité des chrétiens », a déclaré ces jours-ci l’évêque de Fréjus-Toulon dont le propos n’a pas manqué d’être relayé par la presse. Voilà pourquoi la question de l’identité du Christ est-elle aussi importante maintenant que quand elle fut posée à Pierre. Répondons au Christ comme et avec Pierre : « Tu es le Messie ».
 
AMEN.


Michel Steinmetz   

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