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mercredi 9 septembre 2015

Homélie du 23ème dimanche du TEmps ordinaire (B) - 6 septembre 2015

L'actualité dramatique de ces derniers jours laisse peu de gens insensibles. Des flux de migrants arrivent vers l’Europe, comme rarement. Des populations entières fuient devant la barbarie et l’obscurantisme de leurs semblables. Elles se tournent vers l’Europe qui, croient-elles, est encore éclairée par sa belle âme. Or nous pouvons-nous demander quelle est encore cette âme ? Ne l’avons-nous pas perdue ou ne sommes pas en train de la perdre ? Il y a sans doute un nouveau monde qui se dessine à nos yeux. Son contour est flou, incertain. Nous ne savons pas s’il sera un monde de fraternité ou bien plus malheureusement un monde qui génèrera des conflits comme jamais. De telles migrations bouleverseront inévitablement les grands équilibres – déjà précaires – européens jusque dans les racines de notre continent. Que l’avenir pour la foi dans ce contexte ? Difficile d’y répondre.

 
Mais il est sûr que de telles situations demanderont aux chrétiens d’être plus engagés et audacieux, moins endormis et léthargiques qu’aujourd’hui. Si la foi chrétienne n’est pas annoncée de manière joyeuse et explicite, il est fort à parier que des solutions faciles et populistes l’emporteront. Dans ce contexte, l’appel de saint Jacques retentit au cœur de notre assemblée avec force en ce jour : 

Imaginons que, dans votre assemblée, arrivent en même temps
un homme au vêtement rutilant, portant une bague en or,
et un pauvre au vêtement sale.
    Vous tournez vos regards vers celui qui porte le vêtement rutilant
et vous lui dites :
« Assieds-toi ici, en bonne place » ;
et vous dites au pauvre : « Toi, reste là debout »,
ou bien : « Assieds-toi au bas de mon marchepied. »
    Cela, n’est-ce pas faire des différences entre vous,
et juger selon de faux critères ?

Frères et sœurs, selon quels critères jugeons-nous ? Nous jugeons-nous les uns les autres ? Quel regard portons-nous sur des hommes, des femmes, des enfants, des familles entières qui doivent fuir leur terre ? Quelle sollicitude avons-nous envers nos frères et sœurs chrétiens persécutés dans ces mêmes terres ? « Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? »

 
L'audace missionnaire, celle dont nous manquons, Jésus en a fait preuve en rejoignant le territoire de la Décapole, une terre païenne. La foule – des païens donc – amènent à Jésus un sourd qui avait aussi des difficultés d’élocution. Devant le miracle accompli,  ils disaient : « Il a bien fait  toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ». Très astucieusement Marc termine son petit récit en plaçant dans la bouche des païens la phrase d’Isaïe 35 qui évoquait l’allégresse des Judéens revenant d’exil au VIe siècle avant Jésus-Christ. Plus qu’un souvenir à rappeler, c’est une promesse pour l’avenir. En Jésus, Dieu aujourd’hui vient répandre ses bienfaits : enfin les aveugles voient et « les oreilles des sourds s’ouvrent ».          « Effata » ; les captifs de l’incrédulité s’ouvrent à la lumière de la foi ; la tristesse de la fatalité se mue en joie folle devant Jésus. Juifs et païens qui suivaient, depuis des siècles,  des routes différentes se rejoignent maintenant sur « la voie sacrée », le chemin de l’Evangile, Bonne Nouvelle de la libération universelle.


En racontant cette scène, Marc nous invite à poursuivre aujourd’hui ce travail d’« ouverture ». L’heure est venue de sortir de notre enfermement et de remarquer les « sourds ». Ne soyons pas scandalisés par les propos parfois odieux, parfois obscènes, par les affirmations d’athéisme. Ces gens « parlent mal » parce qu’ils n’ont pas entendu la Bonne Nouvelle. L’ouïe, bouchée par les décibels déchaînés ou les slogans menteurs d’une société fermée sur elle-même, ne peut entendre la douce voix de l’Evangile. Nombreux sont ceux qui attendent que quelqu’un vienne les prendre par la main et les conduise à la rencontre du Seigneur. Que nos communautés s’ouvrent, elles aussi, qu’elles les accueillent avec allégresse. Alors le chœur de la louange s’agrandira et ensemble nous proclamerons tout joyeux : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ! »


AMEN.

                                                                                                                                                                                                                      
Michel Steinmetz

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