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vendredi 15 mai 2015

Homélie du 7ème dimanche de Pâques (B) - 17 mai 2015

Le chrétien s’imagine souvent que sa prière doit être la plus parfaite possible. Régulière, fidèle, pieuse. Ensuite il faudrait trouver les bons mots, la bonne méthode. Certains diront qu’il vaut mieux essayer de prier tout le temps, d’autres penseront qu’il vaut mieux trouver des moments propices, non perturbés par le quotidien et ses tracas. Et puis nous savons que la prière chrétienne doit entrer en résonnance avec la volonté divine ; nous savons aussi que cette prière s’insère dans celle d’une communauté. Tout cela est vrai. Mais dit comme cela, nous avons l’impression qu’il faudrait trouver le bon moyen pour se faire entendre de là-haut, voire pour l’amadouer au mieux.
 
Et voilà que Jean nous raconte dans l’évangile que Jésus prie. Il prie pour ses disciples, les disciples qui sont avec lui au soir de la Cène, mais aussi les disciples de tous les âges et de tous les temps, c’est-à-dire nous ici ! Quelle preuve plus belle du prix immense que nous avons à ses yeux ? Jésus nous reçoit de son Père, jésus nous présente à son Père, Jésus nous confie à son Père. Cette prière est notre roc, notre rempart, notre encouragement dans l’épreuve.
 
Nous comprenons par là notre propre prière. Nous savons qu’elle est vraie, qu’elle est efficace, qu’elle sera exaucée quand elle se fonde sur la personne du Christ. Elle n’est pas d’abord un pieux marchandage ; elle est ouverture à la prière du Christ pour nous. Il désire que nous soyons unis à Lui. C’est l’enjeu le plus important, le plus vital : communier à sa mort-résurrection pour entrer dans la gloire du Père. Il est bon d’entendre ce passage de l’Evangile dans les jours qui suivent l’Ascension. Bien qu’il ne soit plus physiquement présent au milieu de la communauté des disciples, le Ressuscité continue son œuvre. En montant au ciel, il ne fait pas que de désigner une direction, ou même d’ouvrir un avenir, il nous attend près du Père et nous désire avec lui.
 
Comment donc imaginer que la prière du Fils pour nous ne soit pas exaucée ? « Qu’ils aient en eux ma joie », accueillons toujours davantage cette joie de lui appartenir. « Que tu les gardes du Mauvais », rejetons les ténèbres pour vivre enfants de lumière. Et quel est ce Mauvais ? Quel est ce démon qui peut nous détruire ? C’est l’orgueil et l’amour-propre. C’est le péché originel, c’est le péché d’Adam.  Adam, en voyant toute la beauté de Dieu, a pourtant préféré faire sa vie tout seul, sans Dieu.  Il a piqué sa crise d’adolescence.  Mais il faut aussi qu’il devienne adulte, c’est-à-dire qu’il découvre ses forces comme sa faiblesse structurelle, et sa faiblesse comme sa fierté.  L’homme n’est pas fait pour vivre seul.  L’homme ne peut pas vivre sans Dieu.  Le Mauvais rôde dans le cœur de chacun d’entre nous, car nous tous, nous voulons être maîtres de notre vie et de notre destin, nous voulons même être maîtres de notre entourage et nous ne sommes même pas capables d’être maîtres de notre corps, de notre esprit, de notre cœur.  Nous ne sommes pas maîtres de notre vie, nous ne sommes pas maîtres de notre mort.
 
C’est encore pour cela que le Christ demande dans sa prière : « sanctifie-les dans ta vérité » : depuis le jour de notre baptême, la sainteté est notre vocation, et la Parole de Dieu ne cesse d’éduquer notre cœur. Enfin, quand le Christ pour que « nous soyons un », comme le Père et lui-même, cela concerne à la fois le groupe des disciples et chacun de ses membres. Si notre cœur est unifié sous le regard du Christ, si notre vie est unifiée par l’Evangile, alors l’unité grandira dans nos familles, dans nos communautés, dans tous nos cercles d’appartenance.
 
Le ferment de l’unité authentique, c’est l’amour, l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs, qui nous rend capables de répondre à toutes les situations – y compris les tensions, les tracas, voire la haine – par l’amour et la miséricorde. A la prière du Fils, que l’amour du Père grandisse en nous et ne cesses de nous façonner à son image.
 
AMEN.  
 
Michel Steinmetz

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