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vendredi 29 mai 2015

Homélie de la solennité de Pentecôte (B) - 24 mai 2015

Lorsqu'un penseur éminent disparaît, ses disciples pleurent la perte de ce génie, composent des éloges funèbres, érigent des monuments à la mémoire du disparu. Lorsqu’un révolté, un meneur d’hommes, est capturé et exécuté, tous ses camarades se dispersent et disparaissent : la mort du chef provoque un irrésistible mouvement centrifuge, son programme est anéanti et la flamme de l’espoir s’éteint.  Or, après la mort de Jésus, tout se déroule différemment. Ses disciples réapparaissent complètement transfigurés : ceux que la peur avait dispersés dans la nuit sont réunis. Loin de pleurer, ils éclatent de joie ; au lieu d’organiser des pèlerinages sur la tombe du disparu, ils affirment qu’il est le Seigneur vivant en eux ; sans promettre des apparitions miraculeuses, ils se manifestent comme sa présence nouvelle. Jésus est ressuscité.
 
Comment expliquer ce retournement, cette conversion ? On a prétendu que les apôtres, d’abord anéantis par l’échec de ce maître qui les avait subjugués, s’étaient convaincus de sa survie, et que, jouets d’une hallucination, ils avaient inventé cette légende. Mais pourquoi inventer quelque chose qui allait leur coûter tellement cher ? En effet, ils étaient rejetés par leur peuple et même par leurs familles. Bref leur foi nouvelle les coupait de leur milieu, les rendait dangereux à fréquenter. D’ailleurs très vite Pierre, Jean et d’autres seront arrêtés, flagellés, jetés en prison ; Etienne sera lynché ; Jacques décapité ; la vie de Paul sera un chemin de croix. A tous ceux qui leur demandaient la raison d’une telle transformation, les premiers disciples n’avaient qu’une réponse : nous avons reçu l’Esprit de Dieu, la Force divine que Dieu par ses prophètes, puis Jésus lui-même, avaient promis d’envoyer. Cette heure est arrivée. Tout est accompli, plus rien n’est à attendre ; il n’y a plus qu’à répandre cette Bonne Nouvelle par tout l’univers et inviter tout être humain à recevoir l’Esprit qui recrée une humanité nouvelle.
 
Celui qui reçoit l’Esprit est comparable à un miroir. Il n’est pas lumière, il en se prend pas pour la lumière. Il n’en est que le bénéficiaire, le réceptacle. Mais le propre du miroir n’est pas non plus de conserver la lumière : il la réfléchit et la renvoie. Peut-être avez-vous déjà l’expérience de distinguer un miroir au loin : il peut même éblouir. Cela dépend de son positionnement face au soleil, de son inclination. La force de son rayonnement est extraordinaire. Nous-mêmes qui avons reçu l’Esprit par notre baptême et, en plénitude, au jour de notre confirmation, nous avons été polis par la grâce de Dieu  et ce n’est que notre péché, notre non-ouverture à la grâce, qui vient ternir notre éclat. Le disciple du Christ ne se prend pas pour une lumière car il sait qu’il la reçoit d’un autre qui vient brûler son cœur. Le disciple du Christ est fait pour réfléchir la lumière, pour la communiquer, pour en illuminer ceux qui souffrent et demeurent dans les ténèbres de l’existence humaine. Voilà pourquoi le disciple du Christ ne peut se contenter de se tapir dans un coin, bien à l’abri, en un lieu sûr et protecteur. Il doit sortir, au grand jour ! La prière chrétienne isole d’abord mais elle ne met pas à part, n’écarte pas dans la solitude ni n’enferme dans un peuple ou une culture : toujours l’Esprit démolit les protections, ouvre les portes, pousse à la rencontre, abolit toute frontière.
 
Le pape François le proclame depuis son premier jour : « Ne vous enfermez pas, je vous en prie ! C’est un danger...Quand l’Eglise reste fermée, elle tombe malade. Imaginez une pièce fermée pendant un an : quand on y entre, il y a une odeur d’humidité, beaucoup de choses sont en mauvais état. Une Eglise fermée, c’est la même chose, c’est une Eglise malade. L’Eglise doit sortir d’elle-même. Où ça ? Vers les périphéries existentielles quelles qu’elles soient...Que se passe-t-il quand on sort de soi-même ? Il peut arriver ce qui peut arriver à toute personne qui sort de chez elle et va dans la rue : un accident. Mais je vous dis : Je préfère mille fois une Eglise accidentée, exposée aux accidents, à une Eglise malade parce qu’elle ne sort pas. Allez dehors !  Sortez ! »     (Veillée de Pentecôte, 18 mai 2013)
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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