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samedi 7 mars 2015

Homélie du 3ème dimanche de Carême (B) - 8 mars 2015

Le contexte de ce passage de l’évangile est celui d’une fête de la Pâque, non pas celle où Jésus allait lui-même s’offrir en sacrifice mais une autre plus ordinaire. C’est la première occasion pour Jésus d’indiquer l’enjeu de ce qui allait être son sacrifice. L’enjeu est dévoilé, bien involontairement sans doute, par l’interpellation des Juifs : « Quel signe peux-tu nous donner ? ». Le signe, l’évangile de Jean n’en fait pas mystère puisque dès ses premières pages, il l’annonce : ce sera la mort et la résurrection de Jésus. Mais de quoi est-ce le signe et en quoi est-ce un signe pour nous ? Les disciples ne le comprirent eux-mêmes que bien plus tard, après que Jésus les eut physiquement quitté, comme s’il fallait que Dieu s’absente, que Dieu s’éclipse, pour que l’homme entre dans la compréhension de sa présence. Les disciples d’Emmaüs en feront l’expérience troublante au soir de Pâques. C’est une expérience que chacun a pu faire : les choses les plus évidentes, on ne les voit plus ! Ou c’est quand une personne vient à manquer que devient évident ce que sa présence produisait. C’est aussi le sens de ce soupir de Jésus dans l’évangile de Marc après la multiplication des pains : « Qu’a cette génération à demander un signe ! », alors que le signe était là, qu’ils pouvaient le voir, le toucher et l’entendre ! Et ils ont le toupet de lui demander un signe (sous-entendu un autre signe) à lui, le signe par excellence, la présence même de Dieu. 




L'épître aux Corinthiens se fait l’écho de cette difficulté à comprendre ce qui se passe pourtant sous nos yeux. Et le monde grec (entendons : cette approche qui ne se fie pas aux sens mais aux ressources de la raison) n’y réussit pas mieux. Il y a au moins deux sources à cette incompréhension. La première tient au message lui-même, non pas qu’il soit compliqué, mais il est paradoxal. Pensez donc ! Venir annoncer un Messie crucifié alors qu’on attendait un Messie réglant par sa toute-puissance tous les problèmes qu’on avait été incapable de surmonter (que l’on avait créé...) à cause de notre faiblesse morale ! S’entendre parler d’un Dieu victime d’un misérable complot humain dans un trou perdu alors qu’on attendait le Principe explicatif de la mécanique du monde ! Et nous, qu’attendons-nous ? Avons-nous compris le déplacement mental, l’inversion mentale que représente le message chrétien par rapport à la logique du monde ?
 




Mais notre incompréhension n’est pas qu’une affaire mentale ; elle a une autre source : comportementale. Les Juifs de l’évangile ont le toupet de demander à Jésus de donner un signe de son autorité à chasser les marchands du Temple mais ils ne se demandent pas un instant quel signe, quel contre-témoignage, donnaient ces marchands de ce que Dieu était pour eux. En cela ils sont quelque peu autistes. De même que pour comprendre quelque chose des sciences de la raison, il faut une discipline d’esprit qui astreint à rester à l’étude (les étudiants le savent bien !) ; de même, pour comprendre quelque chose de Dieu, il faut une discipline, pas seulement d’esprit, mais de vie, avant même d’être entré dans la compréhension du message divin et pour pouvoir y entrer. Bien des personnes aujourd’hui pensent pouvoir se dispenser de cette discipline et sont profondément tristes ou scandalisées  de constater que la foi n’est pas une affaire d’automatisme, que le relation à Dieu a besoin de temps pour se construire, qu’entrer dans la compréhension de la foi demande de l’effort. Bref, que tout cela n’est en rien comparable avec les mirages de la télé-réalité ! La première étape dans l’histoire du Peuple hébreu, immédiatement liée à la libération par rapport au monde du mal, est le don de la Loi, du Décalogue. La voie que Dieu indique à son peuple pour le rejoindre, ce n’est pas un cours de théologie, mais de suivre quelques règles concrètes de comportement porteuses, bien sûr, d’un état d’esprit. De plus, en mettant ces prescriptions en pratique, même sans trop comprendre, on rend Dieu présent au monde qui nous entoure car, oui, comme nous, aussi maladroitement que nous, il ne cesse de demander des signes.



Quelle image, quel signe donnons-nous de notre relation à Dieu devant le monde ? Bonne question qui pourrait sans doute nous faire progresser dans notre montée vers Pâques.
 

AMEN.
                                


Michel Steinmetz. X 

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