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vendredi 6 septembre 2013

Homélie du 23ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 8 septembre 2013

Au fur et à mesure que Jésus approche de Jérusalem, la rumeur enfle : voici un homme qui s’appelle Jésus (« Dieu Sauveur »),il est descendant de la famille royale de David, il proclame que le Royaume de Dieu approche et en outre il réalise des guérisons spectaculaires. Evidemment l’effervescence monte : des foules de plus en plus nombreuses se mettent à le suivre, convaincues qu’il va déclencher l’insurrection dans la capitale.

Pourtant dès le point de départ, Jésus a été très clair : il n’est pas un révolutionnaire politique, il n’appelle pas aux armes, son dessein est tout autre qu’on ne le pense. Un jour où la foule qui le suivait était particulièrement nombreuse, Jésus va à nouveau essayer de mettre les choses au point. Il va préciser les conditions de ce qu’il convient de faire pour être disciple. Il avait déjà prévenu qu’il venait apporter la division dans les familles. Le croyant doit s’attendre à ces déchirures douloureuses et réagir en conséquence car la décision pour Jésus ne supporte pas de compromission : il ne faudra pas céder aux pressions de ceux que l’on aime et dont on partage la vie. Non qu’il faille les quitter (on ne voit jamais Jésus briser les ménages) mais le croyant doit tenir ferme et garder ses convictions même s’il encourt reproches et critiques de la part de ses proches. Et ce n’est pas seulement les heurts familiaux que le disciple va affronter mais il devra même « préférer Jésus à sa propre vie » !

La foi en Jésus n’est pas une croyance en des idées religieuses, une inscription anodine dans une organisation honorable, l’adhésion à un programme si héroïque soit-il. Le pape François l’a rappelé récemment et à maintes reprises. La foi n’est pas une opinion privée, cachée dans le secret de la conscience : elle est vie avec et pour Jésus. La foi est donc à une personne, un amour du Christ, un engagement tel qu’il peut aller jusqu’à l’obligation de donner sa vie pour Jésus. Le témoignage se rend au risque éventuel du martyre. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. »

Quel choc pour tous ces suiveurs qui rêvaient d’écraser les ennemis ! Annonce tellement dure, tellement inacceptable qu’elle est la phrase de Jésus la plus répétée dans les évangiles Pourquoi les évangélistes insistent-ils à ce point sur cette formule ? A leur époque, les premières communautés chrétiennes sont sous haute surveillance des autorités, en butte à l’hostilité. Déjà des chrétiens ont été traduits devant les tribunaux, flagellés, jetés en prison ; certains ont été mis à mort. Il est donc nécessaire de rappeler à tous que cette haine n’est pas un hasard : elle avait été annoncée par Jésus et par ses apôtres qui en furent les premières victimes.

La foi peut être dangereuse ! L’expression, devenue classique, « porter sa croix » ne signifie donc pas d’abord accepter les coups du sort, les accidents, les revers de fortune. Elle ne nous appelle pas non plus à nous mépriser, à nous infliger des sévices, à nous faire souffrir « pour expier ». La croix est un châtiment, une condamnation portée par les puissants contre ceux dont les opinions et les comportements sont jugés inacceptables. Porter sa croix est donc accepter de subir les conséquences d’une foi authentique, souffrir parce que l’on est chrétien : moqueries, sarcasmes, mais aussi carrière entravée...perte d’honorabilité, coups, prison...menaces contre la vie. Jésus explique par les deux petites paraboles de ce jour. Edifier la nouvelle humanité capable d’atteindre le ciel, de rejoindre Dieu : oui, mais ce sera en grimpant sur la croix. Vaincre les puissances ennemies : oui, mais ce sera en offrant sa vie. Ces tâches sont immenses, bien au-dessus de nos possibilités.
La leçon de ce jour est dure, terrible même ! Nous tremblons face à de telles exigences. Mais si nous ne les pratiquons pas au moins un peu et au plus vite, qu’avons-nous à dire à une société qui prêche tout le contraire ?

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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