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samedi 21 septembre 2013

Homélie du 25ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 22 septembre 2013

Cette parabole dite de l’intendant malhonnête ou mieux du gérant habile et avisé surprend toujours. Certains chercheurs - déconcertés par l’éloge de cet étrange comportement évangélique : un maître trompé qui fait le panégyrique de son fripon d’intendant - ont fait remarquer que les intendants de l’époque étaient mal payés et qu’ils se constituaient donc leur salaire sur le dos des débiteurs de leur maître. Ils majoraient ces dettes à leur propre profit et en gardaient l’excédent. Autrement dit l’homme de la parabole serait, lui, tout simplement honnête puisqu’il aurait ramené les dettes à ce qu’elles étaient en réalité !
Laissons ces considérations car l’histoire n’en reste pas mois intéressante si l’intendant est vraiment malhonnête et, comme le dira Jésus, tout autant avisé et débrouillard. Jésus, comme souvent, est parti d’un fait divers connu. Ce que Jésus admire ici c’est le risque que cet homme a pris et la lucidité dont il a fait preuve pour assurer son avenir. Un risque dont Jésus et St. Luc aimeraient que les chrétiens sachent le prendre quand l’enjeu n’est pas moins que le ciel, l’issue ultime de la vie et l’accueil dans les demeures éternelles.

En appliquant la parabole à la communauté chrétienne primitive, Luc met sur l’application morale de l’homme face à l’argent. Pour lui, le rapport de l’homme à l’argent va devenir un test révélateur de l’accueil du Royaume. Et cela tout au long de l’évangile.
Pas question pour Luc d’innocenter l’argent et le gérant, tous les deux sont trompeurs. Même l’usage honnête de l’argent est risqué car à s’enfoncer dans les biens matériels on peut s’éloigner de l’écoute de la parole de Dieu. De même que ce régisseur avisé a su se faire des amis dans le monde, sachez vous faire des amis dans l’autre monde, non en trafiquant l’argent malhonnête, mais en vous en dépouillant au profit des pauvres.
L’unique moyen d’utiliser cette richesse-là, c’est de vous en défaire, c’est-à-dire de l’utiliser au bien de tous. L’unique moyen de vous sanctifier de son contact impur, c’est de le partager, de l’envoyer, ce faisant, vous attendre au Paradis. Ainsi, notre jugement prudent à l’égard de l’argent, c’est-à-dire notre bonté à l’égard des autres nous garantira la clémence de Dieu et sa louange au ciel. Ce qui est en cause, ce n’est pas seulement le rapport des hommes à l’argent, mais le rapport des gens entre eux en raison de l’argent.

Luc semble dire que nous vivons dans un monde où l’argent est trompeur et sert, trop souvent, à tromper. Par son mauvais emploi, les uns sont criblés de dettes ou grevés d’hypothèques, tandis que d’autres accumulent les richesses et les dilapident. Dans ce monde, trop souvent, l’argent et la férocité vont de paire. Jésus nous dit : soyez aussi habiles dans ce monde que ceux qui visent à tromper avec l’argent en cherchant le maximum de profit, habiles pour faire de l’argent une source d’amour. Soyez aussi rusés que les fils de ce monde, ceux-là sont astucieux pour se tirer d’affaire quand les choses tournent mal. Vous, trompez l’argent trompeur, c’est-à-dire : exercez votre habilité à construire avec l’argent un monde qui favorise la responsabilité, l’échange et la solidarité, qui évite l’endettement, développe la paix et l’harmonie, édifie la solidarité. Construisez, avec l’argent trompeur, le trésor de l’affection et de la gratitude mutuelle. Ce trésor restera votre bénéfice pour toujours, votre meilleure garantie auprès de Dieu.
L’argent que je dépense doit être un exercice de ma liberté éclairée et de ma responsabilité solidaire. L’argent que je reçois est une confiance que l’on me fait. L’argent que je partage est une relation que je crée. Savoir choisir entre Dieu et l’argent, c’est mettre l’argent au service de l’homme. Et si d’aventure, semble dire Luc, vous n’aviez pas d’argent à, il vous reste une grande chose à partager, c’est votre pardon. Vous remettre mutuellement vos offenses rétablit la concorde, et par là, crée des liens. L’important, ce n’est pas la question de l’argent en soi. L’important, c’est la relation que l’argent peut créer ou briser. Le pardon peut, lui, toujours recréer.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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