Dans l’évangile, Jésus parlait d’un serpent de bronze élevé par Moïse au désert et du Fils de l’homme qui, lui aussi, sera élevé. Au livre des Nombres, en effet, le peuple errant au désert après la sortie d’Egypte est en proie à tous les dangers de ce lieu aride : la faim, la soif et la morsure des serpents. De quoi douter de la bienveillance et de la miséricorde de Dieu à son encontre. Alors il demande des signes, et, d’une certaine manière, met Dieu au défi. Moïse intercède alors en sa faveur et Dieu montre une nouvelle fois sa générosité et son élection en faveur de ce peuple. Il ordonne à Moïse de fondre un serpent de bronze et de lui fixer à un mât, dressé lui-même au sommet d’une colline : quiconque regardera vers lui sera sauvé de la morsure des serpents qui, sans doute, pullulent au désert. Le veau d’or, fondu par le peuple impatient et chagrin alors que Moïse recevait de Dieu les commandements sur la montagne, et devenu objet d’idolâtrie, sera brisé par Moïse en rage devant ce spectacle sacrilège. Ici, le serpent de bronze ne sera pas le support d’une nouvelle idolâtrie pour un peuple découragé : il est le signe donné par Dieu lui-même de sa proximité aimante.
Fixé au mât, fermement attaché à lui, le serpent de bronze symbolise dès lors le mal de tous les serpents que la puissance de Dieu vient vaincre et rendre caduque. Comment ne pas songer ici à l’antique serpent, celui du jardin d’Eden, dont nous sentons encore tout le poids du mal hanté notre humanité ? Et si l’attachement à la loi du Seigneur nous fait pencher du côté de Dieu, cela était encore insuffisant pour rentrer définitivement dans cette amitié jadis perdue. Mais l’élévation du Fils de l’homme dont parle Jésus ne sera pas une redite de ce qui se passa au désert.
Jésus annonce ici sa mort et sa résurrection. Il le sait : il sera élevé sur la croix, elle-même plantée au somment du monticule du Golgotha, aux portes de Jérusalem. Pourtant ce qui sera ainsi fixé à la croix, ce ne sera pas le mal désormais entravé : le corps de Jésus est Dieu lui-même au milieu de nous ! C’est la mort qui y sera vaincue. Autrement dit, la conséquence ultime de notre finitude et de notre péché. Car jusqu’à la croix, le poids de péché prenait irrémédiablement le dessus dans notre existence comme une fatalité à laquelle l’ensemble de l’humanité était soumise et dont elle était prisonnière. La mort venait mettre un terme à toute vie. Par la mort de Jésus sur la croix, « le premier-né d’une multitude de frères », la mort devient un passage et la lumière l’emporte sur les ténèbres. « A cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ ».
Si nous en restons à « ne pas voir plus loin que le bout de notre nez », si nous n’apprenons pas à lever le nez, alors nous ne verrons pas la croix de Jésus, élevée de terre et dressée au sommet du Golgotha. Et plus encore, nous ne serons pas capables de comprendre que ce qui se joue sur la croix n’a de sens qu’avec l’élévation de Jésus dans la gloire du Père, c’est-à-dire en sa résurrection quand il se lèvera d’entre les morts. C’est là qu’avec lui, nous entrons dans la lumière éclatante. Si nous consentons à Le suivre jusque-là, nous ne craindrons aucun jugement car nous serons, avec Lui, dans cette douce lumière « de la richesse surabondante de sa grâce ». Lever le nez, c’est pour nous, suivre Jésus et nous placer résolument du côté des œuvres bonnes et de la lumière.
AMEN.
Michel STEINMETZ †
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