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jeudi 13 avril 2017

Homélie du Saint jour de Pâques - dimanche 16 avril 2017


La peur de l’absence
 
« Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs.. » C’est ainsi que commence le discours de Pierre chez un centurion de l’armée romaine. Oui, tout le monde sait ce qui s’est passé. Au point que, ce soir, les deux disciples qui feront route vers Emmaüs, s’étonneront grandement que leur compagnon de route n’en sache rien. Nous-mêmes, nous savons bien ce qui s’est déroulé à Jérusalem. Depuis dimanche dernier, nous en sommes. Nous avons été associés à ces tragiques instants. Jésus, Celui que nous croyions le plus fort, en qui nous mettions tout notre espoir, a été suspendu à la croix. Il y est mort comme un criminel. La pierre roulée devant son tombeau a fermement scellé nos désillusions et y a enfoui nos rêves. C’est fini.
Or, voici que ce matin, Marie-Madeleine se rend au sépulcre. Il fait encore nuit, certes, mais elle sait ce qu’elle voit. Le corps n’y est plus. Et, chose troublante : les linges, qui avaient servi à enveloppé le corps de Jésus, sont posés à plat. C’est ce que constate tout d’abord Jean, puis ce qu’authentifie Pierre. Où est donc le Seigneur ? On n’en sait rien, mais une chose est sûre, aussi sûre qu’elle soit instantanée : il vit et il crut. Cela suffit à Jean. L’expérience lui fait dépasser sa raison, son intelligence, son sens pratique. Sa certitude est celle du cœur, d’un cœur qui comprend de manière fulgurante qu’il n’a pas été trompé. Tout prend du sens. Toutes les paroles de Jésus, ses miracles, ses signes, tout.
 
Nous voici, penchés au-dessus du tombeau, et ce matin nous n’avons d’autre signe que celui d’une absence. Une absence toute remplie d’une présence incroyablement forte. Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. Beaucoup ont déjà fait l’expérience douloureuse d’une absence, celle d’un être cher notamment. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », dira Lamartine dans son poème. Il faut beaucoup de temps, et de foi, pour trouver dans son absence une forme nouvelle de sa présence. C’est ce que nous appelons la « communion des saints », qui est comme un premier fruit de la Résurrection en nous montrant que la mort ne sépare pas ceux qui sont en Dieu. L’absence, c’est parfois pour d’autres le sentiment que Dieu lui-même les a abandonnés ou que Dieu ne peut plus rien pour eux. Cette absence alors semble plonger dans un abîme. Pourtant, les Apôtres et les saintes femmes découvriront, à leur corps défendant, que le Christ n’a jamais été aussi présent et agissant en eux et pour eux qu’après sa résurrection, c’est-à-dire au cœur de son apparente absence. La pâte qu'ils étaient sera désormais pétrie de ce ferment nouveau qui leur fera repousser toutes les limites. Leur peur se transformera en courage. Elle ne les paralysera plus. Et bientôt, eux, des gens simples, relativement peu instruits, seront baignés de la force de l’Esprit.
Il y a quelques semaines s’est achevée au Saint-Sépulcre de Jérusalem, la restauration du monument élevé au-dessus du tombeau du Christ. C’est là un fait historique à un double titre : la dernière restauration remonte à plus de deux cents ans, et le rocher a été dégagé. Quelques rares témoins ont ainsi pu toucher de leurs mains la pierre qui a recueilli le corps de Jésus. Expérience bouleversante. Des instruments de mesure très perfectionnés se seraient même emballés et seraient tombés en panne au moment où la pierre a été dégagée. Comme les Apôtres, ils se sont penchés et, comme eux, ils ont vu. À la différence des textes des évangiles, il n’y avait plus ni linceul, ni suaire. Il n’y avait que du rocher nu. C’est pour cela qu’il n’y a rien à décrire. Une journaliste française, travaillent à l’ombre du Saint-Sépulcre, en a été. Elle témoigne : « Je suis entrée et j’ai vu qu’il n’y avait rien à voir. C’est ça qui est extraordinaire. On nous demande de rendre compte de rien, puisqu’il n’y a rien à voir. Pas facile à suivre le gars… C’est Jésus, quoi ! » Dans le monde actuel qui trouve quotidiennement de nouvelles raisons de se torturer, l’expérience de ces témoins redit ce que la foi chrétienne professe : le monde est sauvé, il appartient aux chrétiens d’en témoigner, voire de l’incarner. Entrons dans le tombeau pour voir qu’il n’y a rien à voir. Entrons, voyons et croyons ! Le Christ est ressuscité et Il l’est pour l’éternité.
 
AMEN.
                                                 
Michel Steinmetz

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