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vendredi 13 juin 2014

Homélie de la solennité de la Trinité (A) - 15 juin 2014

Peu à peu, au fil des siècles, les croyants ont saisi que Dieu, leur Dieu, est un dieu unique et un. La Bible témoigne de cette longue aventure croyante. Même la puissance romaine ne parvint pas plus que d’autres avant elle à éradiquer le judaïsme et elle dut se résoudre à tolérer sa singularité de sorte que, au milieu des plus grandes nations adorant leurs multiples dieux, Israël continua à être fidèle à sa foi. Chaque père de famille apprenait à ses enfants à réciter, matin et soir, le shemah, confession centrale de la foi vétéro-testamentaire : « Ecoute Israël : YHWH notre Dieu est YHWH unique. Tu aimeras YHWH ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force ». YHWH : IL EST : le mystérieux tétragramme (c.à.d. 4 lettres) ne peut même pas être prononcé. On disait Adonaï : Seigneur.
 
En Jésus de Nazareth, ce Dieu se révèle dans tout son mystère. Il est Un en trois personnes : Père, Fils et Esprit-Saint. La Trinité que nous fêtons aujourd’hui n’est pas un concept figé, fermé, hermétique. Et de grâce ne la réduisez pas à cela ! Elle est même plus qu’un dogme à croire : elle est l’identité de notre Dieu. Ce Dieu se veut ouvert. Parce qu’il est Un en trois personnes, il veut nous introduire à la relation. Son Esprit fait la communion. C’est bien le souhait trinitaire, emprunté à saint Paul, qui ouvre nos eucharisties : « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit-Saint soient toujours avec vous ! » (2 Cor 13, 13).
 
Cependant, dans les premières communautés chrétiennes, cette foi trinitaire a fait l’objet de nombreux et houleux débats. Quand bien même Jésus ressuscité avait-il envoyé ses disciples en mission en leur demandant de « baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » ! Si Dieu est unique, Jésus n’est-il pas qu’un saint homme « adopté par Dieu » lors du baptême ? L’Esprit n’était-il pas qu’une force surnaturelle ? En 325, le premier concile de Nicée énonça le credo : « Je crois en un seul Dieu le Père….Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Dieu né de Dieu…Je crois en l’Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la vie… ».
 
Dieu n’est pas une Transcendance lointaine, un Juge impassible : nous pouvons en vérité le nommer « Abba – Père ». Jésus est son Fils qui a donné sa vie pour que nous soyons pardonnés de nos péchés. L’Esprit n’est pas qu’un secours dans les épreuves, un envol dans l’idéal : il est Présence divine qui nous introduit dans la communion avec le Père, le Fils et entre nous. Si les premiers apôtres ont voulu proclamer d’urgence cette Bonne Nouvelle à toutes les nations, si tant de simples fidèles ont été torturés et ont donné leur vie  pour cette foi, si tant de penseurs ont confessé ce credo, c’est bien parce qu’ils étaient convaincus que là était la Vérité qui éclaire enfin le mystère de Dieu et le mystère de l’homme. La foi en un Dieu Père, Fils et Esprit leur donnait l’expérience de la grandeur et de la liberté de l’homme, les entraînait à lutter pour la communion et la paix et à espérer dans la victoire de l’Amour. C’est là ce qui nous distingue comme chrétiens au cœur du monde. C’est aussi là souvent et pour beaucoup l’objet d’un scandale. Ce témoignage de la foi est pourtant capitale parce qu’il révèle aux hommes l’identité du Dieu qui nous fait vivre.
 
Le Pape François, l’an dernier, s’exprimait ainsi : « Nous pouvons faire toutes les œuvres sociales, on dira : ‘Qu’elle est bonne l’Eglise !’. Mais si nous disons que nous faisons cela parce que ces personnes sont la chair du Christ, alors vient le scandale ! Or sans l’Incarnation du Verbe, le fondement de notre foi vient à manquer. L’Eglise n’est pas une organisation de culture, de religion, ni même sociale : elle n’est rien de cela. Elle est la famille de Jésus…Jésus est le Fils de Dieu qui s’est fait chair : c’est ça le scandale ! On nous dit : ‘Chrétiens soyez un peu plus normaux, ne soyez pas aussi rigides’. Derrière cette invitation se trouve la demande de ne pas annoncer que Dieu s’est fait homme, parce que l’Incarnation est un scandale ! ». Le Pape invitait encore : « à ne pas avoir honte de vivre avec ce scandale de la croix, à ne pas nous laisser prendre par l’esprit du monde qui fera toujours des propositions courtoises, civilisées. … »                     (Homélie 1.6.13)
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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