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lundi 26 octobre 2009

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire - 18 octobre 2009

Homélie prononcée en l'église Sts Côme et Damien d'Ernoslheim-sur-Bruche, à l'occasion de la messe d'installation dans la charge curiale à et l'occasion de le journée de prière pour la mission universelle de l'Eglise.

« Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Parole ô combien exigeante du Christ qui nous rejoint ce matin et nous place d’emblée face à la radicalité de la vie évangélique. Servir, sans compter, et être prêt à donner jusqu’à se donner ! Bien sûr que la leçon de Jésus s’applique aux prêtres, aux curés et au nouveau curé, mais elle rejoint aussi tous ceux qui entendent être ses disciples et prendre part à la vie de son Eglise, bref à sa mission ! Providentielle liturgie qui fait coïncider aujourd’hui la lecture de ces textes de l’Ecriture, l’installation d’un nouveau curé dans une jeune communauté de paroisses et la journée de prière pour la mission universelle de l’Eglise.

I.- Du pouvoir au service, pour la mission

L’épineuse question du service qui se transforme en pouvoir n’épargne personne ; elle demeure actuelle. A partir de quel moment, je me sers d’un service qui m’est confié pour en faire un pouvoir que je ne reçois pas mais prends de mon propre chef ? Attitude marquée par la faiblesse et le péché qui va à l’encontre même du sacrifice d’amour du Christ sur la croix et qui contredit les mots de la prière de l’Eglise dans la célébration de l’eucharistie : « Que l’Esprit saint fasse de nous une éternelle offrande à la louange de ta gloire ».
Oui, quel toupet, ces fils de Zébédée ! Ils cherchent à se placer dans les petits papiers du Seigneur, comme si Jésus pouvait se laisser entraîner à la corruption, au favoritisme, au chouchoutage. La réponse du Seigneur fait ressortir l’aspect choquant de leur prétention, comme elle le pourrait de même vis-à-vis de notre propre ambition : « La coupe que je bois, dit-il, le baptême dont je suis baptisé ». Les verbes grecs au présent soulignent que Jésus est déjà entré dans les affres de la Passion. La demande d’un peu de piston est donc pour le moins inopportune… La requête des deux disciples : « Maître, nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander » est l’exact contre-pied de la prière chrétienne. En clair cela veut dire : « Maître, tu es prié de faire ce qu’on te dit ! ». Choquant oui, alors que nous « rendons grâce car le Seigneur nous a choisis pour servir en sa présence », nos prières personnelles ressemblent bien souvent à ce genre de sommation, en moins abrupt, sans doute, en plus policé, mais au fond c’est du pareil au même !
Alors il nous faut nous ouvrir à la prière de l’Eglise qui s’unit elle-même à la prière du Christ, pour convertir notre prière, notre regard et l’ouvrir à l’universel, à la mission même de l’Eglise.

II.- La mission à l’intérieur même de l’Eglise

Avant de ne penser la mission ad extra, c'est-à-dire à l’extérieur, il faut nous rappeler qu’elle est fondée sur notre témoignage. Elle ne saurait se passer de notre propre engagement. Cette mission, entendez cette tâche, qu’il a lui-même reçu de son Père, il la remet entre nos mains en nous accordant la force de son Esprit. Désormais, depuis la Pentecôte, c’est l’Eglise que nous formons qui est dépositaire de cette œuvre. Qu’en faisons-nous concrètement ? Comment avons-nous à cœur de grandir déjà nous-mêmes en sainteté pour être toujours plus en cohérence intérieure avec la Parole que nous souhaitons transmettre ? Acceptons-nous qu’elle nous bouscule, qu’elle nous ébranle, qu’elle nous renouvelle ? L’annonçons-nous avec conviction, sans crainte et sans compromission quand bien même nous devrions souffrir pour cela ? Sommes-nous en définitive capables de rendre compte de l’espérance qui est nous ?
Vous le constatez : la mission commence par nous interroger nous-mêmes. Elle nous pousse à nous soucier de nos frères, de la vie et de la vitalité spirituelle et humaine de nos communautés, de nos paroisses. Mais elle nous entraîne à bien plus encore…

III.- La mission à l’extérieur de l’Eglise « pour que grandisse l’Eglise »

Si l’Eglise veut demeurer Eglise du Dieu vivant et rester fidèle à sa mission, alors elle ne peut se contenter que de s’occuper que d’elle dans un réflexe nombriliste et un repli identitaire. Oui, son Seigneur appelle l’Eglise à proclamer la Bonne Nouvelle à temps et à contre-temps. Elle le fera d’autant mieux, ici et au loin, que nous, baptisés, nous saurons en vivre, quand, en en vivant, nous serons serviteurs de tous.
Ce défi de l’évangélisation nous rejoint à plusieurs niveaux :
- A un niveau personnel et paroissial, tout d’abord. Parce qu’il nous faudra ensemble progresser dans la conscience commune de former une vraie communauté en acceptant de déposer les richesses du passé, et ses fardeaux parfois, pour être plus libre pour inventer l’avenir. Il nous faudra élargir l’horizon de notre regard à l’échelle d’une communauté de paroisses. Je le sais bien, cela pourra être crucifiant parfois, mais ce sera évangéliquement libérant !
- Au niveau de la communauté de paroisses, ensuite. Sur ce territoire qui est le nôtre, il nous faudra vivre la mission de l’Eglise, toute sa mission. J’ai envie de vous inviter aujourd’hui à être attentifs et solidaires à toutes les réalités humaines, heureuses et douloureuses, qui se vivent autour de nous. De grâce, ne pensons pas que la mission commence aux frontières de la communauté de paroisses, chez les autres !
- Au niveau de l’Eglise diocésaine et universelle, enfin. Si nous ne devons pas être étrangers à la mission de l’Eglise dans son ensemble, nous ne la récapitulerons pas à nous tout seuls, même si nous sommes les meilleurs, les plus dynamiques, les plus entreprenants. Portion de l’Eglise, nous serons rassurés de savoir que nous apportons notre richesse à l’ensemble du Corps ecclésial et que ce Corps se charge aussi de nos faiblesses. Il sera bon que le cœur de notre communauté batte à l’unisson de celui de l’Eglise entière.

« Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Affirmation qui une fois encore nous ébranle à l’horizon de la mission, de notre mission.
« Naturellement, la religion n’est pas quelque chose pour un petit coin tranquille, ou pour quelques heures de célébration ; mais elle doit, comme vous l’avez déjà ressenti, être la racine et la base de toute la vie, et cela, non pour quelques rares élus, mais pour tout vrai chrétien. Dans la période qui a précédé immédiatement ma conversion, et encore longtemps après, j’ai pensé que mener une vie chrétienne signifiait renoncer à tout ce qui est de la terre et ne penser qu’aux choses de Dieu. Mais peu à peu j’ai compris qu’en ce monde autre chose nous est demandé, et que même dans la vie la plus contemplative le lien avec le monde ne peut être entièrement rompu. Je crois même que, plus quelqu’un est profondément absorbé en Dieu, plus il doit en un certain sens, ’sortir de soi’ pour pénétrer le monde et y apporter la vie divine. ». Voilà ce qu’écrivait notre sainte patronne, Edith Stein, en 1928 ; voilà la tâche qui nous attend !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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