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dimanche 24 mai 2009

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (B) - 16 mai 2009



Profession de foi des jeunes


Pourquoi sommes-nous chrétiens ? Quelle est la raison fondamentale qui nous pousse à nous déclarer comme tels ? Parce que nous inclinons à penser que Jésus est dans le vrai ? Parce que son message retient notre intérêt ? Parce que nos opinions personnelles rejoignent peu ou prou les valeurs de l’Evangile ou s’accordent avec celle de l’Eglise ? Hélas, toutes ces réponses passent à côté de l’essentiel. Mais elles nous renvoient, elles vous renvoient chez jeunes, à l’essentiel. Aujourd’hui devant vos familles, vos amis venus vous entourer, vous « professez » votre foi, vous reprenez à votre compte les engagements de votre baptême. Vous entendez assumer cette identité, en appréhender les richesses malgré les clichés qui circulent sur les gens qui décident de croire, sur les chrétiens et l’Eglise en particulier. Alors, croire est-ce une tare ? Est-ce un « emmerdement », pardonnez le langage, de plus dans la vie ? N’est-elle pas assez compliquée pour y rajouter encore un fardeau supplémentaire ? Il nous faudrait adopter une ligne de conduite spécifique, vivre selon l’Evangile, c’est-à-dire poser des actes et renoncer à d’autres au nom de nos valeurs… alors que d’autres autour de nous paraissent vivre plus facilement, plus légèrement… Quel intérêt y aurait-il donc à croire ? Toutes nos réponses ne doivent pas nous faire oublier ce que les textes de la liturgie nous rappellent ce soir : nous sommes chrétiens, premièrement et fondamentalement, parce que Dieu nous a choisis : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis », dit Jésus à ses disciples. Cela renverse complètement la donne.

Etre chrétien, ce n’est pas d’abord une question d’engagement humain mais de volonté venant de Dieu. Bien sûr, notre désir de suivre le Christ est important et nécessaire. Mais si nous pouvons le suivre, si pouvons prétendre être ses disciples, témoigner de Lui dans un monde qui ne porte pas à le reconnaître, c’est parce que Lui nous en donne la force et nous appelle à cela. Etre chrétien, c’est le choix de Dieu, c’est faire l’expérience de son amour pour nous, c’est se laisser rejoindre par sa présence à nos côtés. Etre chrétien, c’est encore être convaincu que Dieu, quoique nous fassions, quoique nous disions, quoi que nous pensions, est toujours plus grand que les limites de notre cœur. Il veut notre bonheur et sait même être patient. Il nous choisit dans cet amour et se réjouit à l’idée que nous y répondions. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés ». Le choix de Dieu désigne d’abord sa volonté de nous choisir et ensuite, seulement, la ratification que nous faisons à cet appel en optant pour Dieu. Dans cet ordre-là, et pas dans l’autre !

Il nous retrouver le sens d’un christianisme qui soit celui d’une réponse plutôt que d’une obligation. Trop souvent, me semble-t-il, les gens s’imaginent qu’être chrétien consiste à respecter une morale dont on ne comprend plus tôt sur quoi elle est fondée ni les valeurs qu’elles portent. Beaucoup n’hésitent pas à dire que ce sont là des choses d’un autre âge, parfaitement dépassées. D’autres vont plus loin en affirmant que nous n’avons plus besoin d’un ordre moral. Concernant les chrétiens, ils n’ont rien compris, permettez-moi de le dire ! Et parmi eux, des chrétiens eux-mêmes sont dans le même cas ! Je n’obéis pas à une règle, une loi parce qu’elle m’est imposée, c’est tout le contraire : c’est moi qui comprend que l’amour que Dieu me porte est premier, et que, pour y répondre, la conséquence logique pour moi est de faire de ma vie la traduction, la réponse à cet amour. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Tout ce qui est chrétien est de l’ordre de la réponse. Notre prière ? Elle jaillit de notre écoute de la Parole de Dieu. Notre amour ? Il fait écho à l’amour de Dieu « qui nous a aimés le premier ». Ce serait une erreur grave que d’oublier la part de Dieu. Ainsi, si je suis chrétien, ce n’est pas d’abord parce que j’ai décidé de l’être, mais parce que Dieu l’a voulu et m’en a donné la grâce.

Chez jeunes, aujourd’hui, vous pourriez dire, et certains l’ont fait : « Quand j’étais petit, mes parents m’ont fait baptiser mais, maintenant, je suis grand, je vais choisir librement par moi-même ». Ce n’est pas totalement faux, mais qu’est-ce que cette liberté d’adolescent qui a envie d’en découdre avec l’autorité parentale sans ce choix de Dieu ? Quand, dans un instant, vous allez professer votre foi devant la communauté chrétienne, et avec elle, je vous invite à ne pas d’abord penser que c’est vous qui dites la foi de l’Eglise, mais c’est Dieu qui vous fait le cadeau de pouvoir la dire. Prenez ce don comme une chance qui vous est donnée. Ce soir, vous vivez une étape qui vous conduira vers la Confirmation, l’an prochain ; saint Jean nous rapporte les paroles de Jésus ainsi : « demeurez dans mon amour ». Pour l’évangéliste, « demeurer » a le sens de « persévérer ». Je ne saurai que trop vous inviter à « persévérer » avec sérieux et assiduité ; cette invitation, je l’adresse aussi à vos parents pour qu’ils s’impliquent toujours mieux et plus dans cette démarche qui achève le choix qu’ils ont fait pour vous au jour du baptême.Pour l’heure, ensemble, bénissons Dieu de vous avoir choisis, de nous avoir choisis !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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