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samedi 18 août 2007

Homélie du 20ème dimanche du Temps Ordinaire (C) - 19 août 2007


« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division ». Lc 12, 51

Les paroles de Jésus dans l’évangile de ce jour peuvent décontenancer tant elles contrastent avec la vision pieuse et édulcorée que l’on a tendance à retenir du personnage. Pourtant, dépassant cette image d’Epinal, d’autres paroles évangéliques nous reviennent à l’esprit, paroles qui contrastent alors pour le coup avec ces phrases surprenantes de Jésus. « Père que tous soient un comme toi et moi nous sommes un » (Jn), « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »… et nous pourrions poursuivre de la sorte. Comment comprendre ces paroles ? Comme un instant d’égarement, comme un langage mystérieux que seuls des initiés pourraient saisir ?

I. -Jésus devant sa passion prochaine

Il nous faut tout d’abord nous souvenir du contexte d’énonciation de ces propos de Jésus. Au début du chapitre douzième de l’évangile de Luc, « la foule s’étant rassemblée par milliers et par milliers au point qu’on s’écrasait les uns les autres » (Lc 12, 1), Jésus se met à enseigner tantôt cette foule nombreuse, répondant aux questions de l’un ou de l’autre, tantôt le groupe plus restreint des disciples. Ici c’est toujours le cas. Et les paroles qui précèdent l’extrait qu’il nous était donné d’entendre – l’évangile de dimanche dernier – nous invitent à nous tenir prêts pour le retour du Maître. Ainsi, Jésus entrevoit-il la fin de sa mission sur la terre des hommes et envisage sa future passion comme en marquant le terme. C’est à la lueur de cette fin tragique et sanglante que nous devons saisir ces affirmations : « Je ne suis venu apporter le feu sur la terre… Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division ».
Ces paroles traduisent l’expression d’un désir et amènent à établir un constat.


II. - L’expression d’un désir.

On ne saurait voir dans ce feu symbolique dont parle le Christ l’état de guerre spirituelle avec son cortège d’épreuves que suscite l’apparition même de Jésus, ni même à proprement parler de l’Esprit de Pentecôte qui descendra sur les apôtres sous la forme de langues de feu. Il est plutôt question du feu qui purifie et embrasera les âmes et qui doit s’allumer sur la croix. Bien sûr, ce feu est aussi celui qui, dans la Bible, marque la fin des temps ; car le terme de la mission de Jésus se caractérise précisément par l’avènement d’un monde nouveau, d’une terre nouvelle où l’ancienne disparaîtra, où toutes choses seront purifiées dans le feu de l’amour divin afin que le Christ « soit tout en tous ». Cette fin des temps s’inaugurera et sera chose acquise avec le mystère pascal de la mort et de la résurrection de Jésus.
Le baptême qu’évoque Jésus n’a ici rien à voir avec le sacrement que nous célébrons ou même ave le baptême donné par Jean au Jourdain ; il désigne la passion qui « plongera » - c’est le sens étymologique du mot « baptême » - Jésus dans la mort et lui demandera de témoigner de sa fidélité au Père dans cet abîme de souffrances. « Comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli », poursuit Jésus. D’autres traductions préfèrent cette formulation : « quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé ». C’est là une précieuse et rare indication sur l’intimité d’un Jésus qui entrevoit alors sa passion comme dorénavant la fin logique d’une mission reçue du Père et devant se vivre sous le signe de la fidélité, de l’abandon et de la confiance. Jésus est désormais tout entier tendu vers cet horizon : il l’attend avec une impatience craintive.
Nous-mêmes, nous pouvons être rejoints par l’attitude de Jésus : quand nous souhaitons sincèrement et ardemment que la foi transforme un plus le monde, que l’évangile apporte un peu plus de bonheur et de joie… Nous pouvons parfois trépigner d’impatience que les choses ne progressent pas plus vite. Nous aimerions tant en faire, et pourtant nous nous sentons si dépourvus...

III. - Un constat.

Jésus devant sa passion sait aussi qu’il est source de dissension. Non pas que cette division qu’il évoque soit la finalité de sa venue sur la terre des hommes, mais elle en est de fait une conséquence. Jésus est bien le Messie de Dieu, le « Prince de la Paix » annoncé déjà par le prophète Isaïe (9, 5) et avec lui par toute l’Ecriture. Le Tentateur, le Démon, le Diviseur œuvre à l’inverse du Christ ! Le Fils de Dieu est porteur d’unité, de communion et d’amour. Son message, cependant, se heurte au péché et à son emprise sur nos vies. Il ne laisse pas indifférent. Des hommes se divisent pour son nom, certains se combattent simplement parce qu’ils portent le nom de chrétiens. Le message de la vérité est un feu allumé sur la terre. Celui qui vit avec le Christ sait qu’il peut être un signe de contradiction. Il vient, dans une vie, bousculer les inerties, chavirer les habitudes en place, faire table rase des idées reçues. Celui qui veut aller vers lui doit se laisser ébranler, entamer par la Bonne Nouvelle. A celui qui veut marcher à sa suite, le Seigneur propose une croix et, là, bien des hommes choisissent un autre chemin. A ce carrefour du choix de Dieu, les hommes se séparent. Elle est là la division dont parle l’évangile. Certains disent : « C’est une folie ! » ; d’autres diront : « C’est un scandale ! » ; pour d’autres, dans la foi, cette croix devient un chemin de vie.
Nous-mêmes, quelle direction empruntons-nous ? Acceptez-vous, chers amis, de vivre en chrétiens, c’est-à-dire d’inscrire jusqu’au cœur de vos existences votre appartenance au Christ ? Cela exige plus que de venir à la messe quand notre emploi du temps le permet, cela demande de vivre jour après jour avec la foi pour compagne. De marquer le dimanche ou les jours de fête de manière concrète par le soin porté à notre habillement ou à notre table. De ne pas avoir peur de défendre des valeurs évangéliques de vie : l’attention au pauvre, à l’isolé, au faible. De prêter attention à la distinction et la justesse de notre comportement. De manifester des qualités d’écoute et de respect. Ces questions, je vous les pose en me les posant à moi-même.

Division de fait entre les hommes, la foi authentiquement et passionnément vécue porte des fruits de liberté, de grâce et de concorde entre tous.

AMEN.

Michel Steinmetz +

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