A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

dimanche 12 août 2007

Homélie du 19ème dimanche du Temps Ordinaire (C) - 12 août 2007


« Abraham obéit à l’appel de Dieu…Et il partit sans savoir où il allait». Hébreux. 11, 1

Que de fois ne sommes-nous pas tentés de considérer l’Histoire, la grande Histoire de l’humanité, à l’aulne d’une partie de cette Histoire, d’un siècle, ou pis encore de notre propre Histoire. Car cette Histoire nous effraie par sa longueur, sa complexité. Alors nous l’envisageons à notre mesure et nous en gommons fatalement les lignes de fond qui la traversent. Or, c’est tout l’opposé de la vision de la Bible : le croyant ne craint pas de se confronter à l’Histoire tout entière. Il la relit, la scrute, l’interprète avec les yeux de la foi. Les lectures bibliques de ce dimanche nous invitent à une pareille expérience : considérer l’Histoire humaine de ses origines à sa fin, sachant que cette fin, si elle nous est encore inconnue, est cependant déjà marquée par la promesse de Dieu et l’espérance qui en est la marque. Il faut pour cela sans doute accepter de ne plus être à soi-même son propre point de repère mais prendre du recul et contempler avec réalisme, certes, mais bonheur aussi, l’action de Dieu qui ne cesse de se déployer génération après génération.
La parole de Dieu de ce jour rappelle que la vie n’est pas un retour cyclique fermé sui lui-même, mais que l’histoire est tournée vers l’avenir. Avec Abraham [qui], grâce à la foi, obéit à l’appel de Dieu [et] partit sans savoir où il allait, l’Histoire humaine devient le lieu où s’accomplit une promesse.

La foi, comme lieu de la promesse

La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Pour les plus pessimistes ou les plus négativement critiques, cela reviendrait à dire que la foi est l’apanage des faibles d’esprits, de ceux qui ont besoin de croire à quelque chose, de se raccrocher à quelque chose pour ne pas se laisser prendre dans le tourbillon d’un avenir certain. Je crois que, dans ce cas, nous serions tous de ces faibles-là. Or, pas du tout ! La foi est précisément le moyen « de connaître des réalités qu’on ne voit pas ». Et cela fait, n’est-ce pas ?, toute la différence. Il ne s’agit non plus d’une attitude de crainte, mais au contraire d’une confiance fondamentale qui s’inscrit en une promesse. Cette promesse est celle de Dieu, celle qui nous est connue par l’Ecriture et qui habite le cœur des croyants de siècle en siècle. Et ces mêmes croyants ne se laisse pas comme un relais, attendant vainement qu’elle finisse par s’accomplir, ils se la transmettent comme un fait avéré parce qu’avec les yeux de la foi ils la voient se réaliser pour eux-mêmes et dans le monde qui est le leur.

La promesse, comme don d’une espérance

De quel ordre est cette promesse ? En quoi Dieu s’engage-t-il ? Dieu s’engage à nous faire demeurer en Lui, à bâtir pour nous une cité dont il serait à la fois l’architecte et le bâtisseur. Mais ce n’est là encore qu’une image pour dire le grand mystère de la foi : Dieu nous veut auprès de lui pour vivre de sa vie. La lettre aux Hébreux poursuit en ces termes : C’est dans la foi qu’ils sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Ne chantait-on pas à plein poumon il y a quelques dizaines d’années : Au ciel, au ciel, au ciel, j’irai la voir un jour ? N’appelle-t-on pas de temps à autre, comme le fait elle-même la Lettre aux Hébreux, le Royaume de Dieu la patrie qui nous attend ?
Une promesse, ce n’est donc pas de connaître l’avenir par anticipation, c’est l’expression d’une confiance qui ouvre une espérance. Et les chrétiens sont présentés comme les chercheurs d’une patrie. Si les héritiers de la promesse avaient pensé à la patrie qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure. Pour eux rien n’est établi définitivement, ils adoptent comme pays la terre où ils se trouvent, car ils sont en attente.

L’espérance, comme attribut du veilleur

C’est en ce sens de l’attente qu’il nous alors entendre et comprendre la parabole de Jésus dans l’Evangile. Là aussi, il ne s’agit pas tant d’attendre dans la crainte que dans la confiance. Nous attendons quelqu’un et cette attente n’est pas passive et oisive, elle ne se fait pas les yeux levés vers le ciel. Restez en tenue de service, dit le Seigneur. Les disciples sont invités à rester serviteurs de ceux que le maître met sur leur route, c’est ainsi qu’ils les disposeront à accueillir Dieu lui-même et qu’ils marcheront vers la patrie. Chose plus extraordinaire encore, cette cité de Dieu ne s’édifie pas sans nous : nous en sommes les ouvriers au sens le plus noble du terme. Non seulement nous devons rester vigilants et demeurer prêts, mais nous devons aussi bâtir concrètement cette cité sainte dès à présent sur la terre des hommes et dans le cours de l’Histoire. Alors nous revenons au temps de notre existence et nous saisissons l’importance qu’elle prend, d’un coup, dans la grande fresque de l’Histoire humaine. Il n’y a pas de temps à perdre : par nos gestes, nos regards, nos paroles, en un mot pas notre témoignage, à chaque fois que nous mettons en pratique ne serait-ce qu’un seul commandement de l’Evangile, le Royaume de Dieu progresse et l’Histoire avance un peu plus, et un peu plus dans le bon sens, vers la promesse qui ne cesse dès à présent de se réaliser.

Puissions-nous être convaincus de notre rôle de baptisé en ce monde ! Puissions-nous nous situer face à l’Histoire, et malgré toutes les obscurités et les traces de péché qu’elle ne cesse de porter, avec le regard de la foi et l’espérance que le promesse de Dieu se déploie déjà pour notre salut et pour sa gloire !

AMEN.

Michel Steinmetz +

Aucun commentaire: