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samedi 20 juin 2020

Homélie du 12ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 21 juin 2020

En exhortant les Douze « à prendre garde aux hommes », Jésus les invite - un peu paradoxalement – à « ne pas les craindre ». Comme si la crainte s’opposait à la rencontre en vérité.
Déclarant que « tout ce qui est voilé sera dévoilé », le Seigneur offre un peu d’espérance à ce « monde de brutes » ! Mais il ne nous  faudrait pas nous réfugier dans ces paroles pour y trouver une justification à une quelconque haine du monde. Il faut bien plutôt y voir une invitation à participer, comme ce fut le cas pour les apôtres, à la mission du Christ.
Nous savons que la persécution et l’injustice ne font pas partie du passé de l’humanité. Ces derniers jours l’ont encore montré quand la couleur de la peau semble engendrer la discrimination, voire la mort, ou encore – dans un autre genre – quand la séparation des pouvoirs au sein d’un état de droits pourrait être menacé.
 
Comme un baume réconfortant sur les blessures de l’humanité, Jésus affirme « tout ce qui est voilé sera dévoilé ».  Il y a là une réelle raison d’espérer. Que de fois ne sommes-nous pas démobilisés en regardant notre société ? Que pouvons-nous faire contre la guerre, les injures à la dignité humaine, la violence contre les plus faibles, les enfants notamment ? Nous ne voulons pas être coupables de tout ce mal qui se déchaîne… et pourtant, nous restons les bras ballants. Que de fois nous nous révoltons contre l’injustice dont nous sommes victimes, de la calomnie qui nous détruit ? Que pouvons-nous y faire ?
Alors nous sommes heureux d’entendre cette promesse : il arrivera bien un jour où « tout ce qui caché sera connu ». Enfin ! Nous n’aurons pas attendu en vain. Nous savons bien que le Seigneur reconnaîtra les siens… Oui, face au mystère de mal, nous croyons que c’est la Bonne Nouvelle de Dieu qui l’emportera.
 
Nous reposer sur une telle espérance peut à la longue nous entraîner d’une part à une démobilisation et, d’autre part, à une haine et un rejet de ce monde.
Une démobilisation, tout d’abord. En effet, vivre avec cette certitude que le Fils se prononcera devant son Père pour qui s’est prononcé pour lui et reniera de la même manière qui l’aura renié peut nous conduire à estimer que, quoi que nous fassions, le Seigneur aura de toute façon le dernier mot. Alors nous ne nous soucions plus que de notre propre salut, et après nous le déluge ! Nous délaissons notre responsabilité commune face au monde. Pourquoi nous battre pour plus de justice, de fraternité, de paix, si Dieu lui-même s’en charge ?
Une haine et un rejet du monde, ensuite. A force de vivre en décalage avec les aspirations hédonistes et matérialistes de notre société, à force de vivre dans le rêve permanent d’un ailleurs meilleur et promis, nous pourrions en arriver à haïr le monde. On s’en prend aux chrétiens, on les défavorise, aucun de nos efforts n’est payant, rien ne change… comme si tout cela pouvait justifier notre aversion de ce monde. Pourtant, nous en sommes ! Le Père Teilhard de Chardin disait très justement qu’« on ne convertit que ce qu’on aime ».  Et pour aimer, il ne faut ni craindre, ni haïr.
 
Pourquoi ne pas faire de cette phrase de Teilhard notre devise ? Et si nous participions à la mission des Apôtres ? Tout compte fait, les paroles de Jésus nous sont bien adressées aujourd’hui. Et si donc nous participions à l’œuvre de Dieu, c’est-à-dire à mettre en lumière ce qui mérite de l’être, pas seulement de dénoncer le mal et de se focaliser sur lui, mais aussi de promouvoir le bien ? Notre rôle ne serait-il pas de savoir détecter tous les signes du Royaume déjà présents dans notre monde, tel qu’il est ? Toutes les semences, même fragiles, de paix, de réconciliation, de justice, de partage, qui font déjà germer la nouvelle création. Et peut-être aussi de ne pas que les détecter mais d’en être à l’origine… Car nous avons cette assurance qu’on n’arrêtera pas le Royaume de Dieu, rien n’aura raison de lui, et donc rien n’aura raison de nous lorsque nous défendons la loi nouvelle de l’Evangile. « Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ! Ne craignez pas… ! ».
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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