En exhortant les Douze « à prendre garde aux hommes »,
Jésus les invite - un peu paradoxalement – à « ne pas les craindre ».
Comme si la crainte s’opposait à la rencontre en vérité.
Déclarant que
« tout ce qui est voilé sera dévoilé », le Seigneur offre un
peu d’espérance à ce « monde de brutes » ! Mais il ne nous faudrait pas nous réfugier dans ces paroles
pour y trouver une justification à une quelconque haine du monde. Il faut bien
plutôt y voir une invitation à participer, comme ce fut le cas pour les
apôtres, à la mission du Christ.
Nous savons que la persécution et l’injustice
ne font pas partie du passé de l’humanité. Ces derniers jours l’ont encore
montré quand la couleur de la peau semble engendrer la discrimination, voire la
mort, ou encore – dans un autre genre – quand la séparation des pouvoirs au
sein d’un état de droits pourrait être menacé.
Alors nous sommes heureux
d’entendre cette promesse : il arrivera bien un jour où « tout ce
qui caché sera connu ». Enfin ! Nous n’aurons pas attendu en
vain. Nous savons bien que le Seigneur reconnaîtra les siens… Oui, face au
mystère de mal, nous croyons que c’est la Bonne Nouvelle de Dieu qui
l’emportera.
Une
démobilisation, tout d’abord. En effet, vivre avec cette certitude que le Fils
se prononcera devant son Père pour qui s’est prononcé pour lui et reniera de la
même manière qui l’aura renié peut nous conduire à estimer que, quoi que nous
fassions, le Seigneur aura de toute façon le dernier mot. Alors nous ne nous
soucions plus que de notre propre salut, et après nous le déluge ! Nous
délaissons notre responsabilité commune face au monde. Pourquoi nous battre
pour plus de justice, de fraternité, de paix, si Dieu lui-même s’en
charge ?
Une haine et
un rejet du monde, ensuite. A force de vivre en décalage avec les aspirations
hédonistes et matérialistes de notre société, à force de vivre dans le rêve
permanent d’un ailleurs meilleur et promis, nous pourrions en arriver à haïr le
monde. On s’en prend aux chrétiens, on les défavorise, aucun de nos efforts
n’est payant, rien ne change… comme si tout cela pouvait justifier notre
aversion de ce monde. Pourtant, nous en sommes ! Le Père Teilhard de
Chardin disait très justement qu’« on ne convertit que ce qu’on aime ». Et pour aimer, il ne faut ni craindre, ni
haïr.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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