Ce quatrième dimanche de Pâques est celui que
l’on appelle un peu rapidement le dimanche du Bon Pasteur. Cela n’est pas
sans lien, évidemment, avec l’évangile que nous venons d’entendre. Dans cette
longue déclaration de Jésus, et que saint Jean nous rapporte, il nous est dit
quelque chose de fondamental. Jésus emploie une image, bien commune et donc
connue en son temps : celle d’un berger. Nous avons sans doute plus de mal
à nous représenter les choses aujourd’hui. Cependant ce qu’il ressort comme une
évidence des paroles que nous entendions, c’est le lien du pasteur, du berger,
avec chacune des brebis. Il n’est pas anodin que la liturgie propose ce passage
de l’évangile dans la lumière de Pâques. Nous comprenons aussi mieux pourquoi
Jésus est ressuscité d’entre les morts : non pas d’abord pour lui, comme
une récompense de ses mérites ou comme une reconnaissance de sa dignité, mais
pour nous, pour nous entraîner et guider vers ces verts pâturages du Royaume
des cieux.
Il faut que nous revenions peut-être de façon
brève sur la figure du pasteur qu’est Jésus lui-même. Il l’explique lui-même en
posant une différence entre le « berger mercenaire » et le
« pasteur ». Le berger mercenaire est un employé ; il est
ambaûché par le propriétaire du troupeau pour faire le « job », comme
on dit. Ni plus, ni moins. On n’attend pas de lui une vertu particulière, mais
de bien faire son travail. Ce qui explique aussi que, dans survient le danger –
le loup –, il pense avant tout à sauver sa peau. Il n’a pas un intérêt à sauver
le troupeau : il ne lui appartient pas. Le pasteur, quant à lui, se sent
lié à son troupeau. Ses brebis sont un peu de lui. Quand l’une d’elle est en
danger, son cœur frémit et il désire la sauver. Cette brebis en danger n’est
pas pour lui un steak sur pattes, ou un pullover en devenir. La preuve :
il la connaît par son nom.
Jésus, le bon Pasteur, nous sauve. Qu’est-ce
que cela veut dire ? Dans les Actes des Apôtres, Pierre conclut son
discours en disant : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le
ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac
4,12) Cette phrase très simple exprime quelque chose de tout à fait central
dans la foi catholique et dans notre expérience chrétienne. Il y a un sauveur,
et il n’y en n’a qu’un seul : c’est Jésus lui-même ! Pourquoi ? C’est
uniquement en nous agrippant à Lui, en Le suivant sans le lâcher, que nous
pouvons traverser cette chose ultime qui voudrait mettre une fin à toutes
choses : la mort. Il est l’unique sauveur parce qu’il est le seul qui fait
l’offrande de sa vie pour le salut des hommes. Il ne se suicide pas, il ne
cherche pas à mourir dans la « dignité », il ne cherche pas à mourir en
héros. Il se laisse conduire à la mort en faisant l’offrande de sa vie par
amour pour les hommes, et par obéissance à Dieu. Il est le seul par qui nous
puissions être sauvés, non pas seulement parce qu’il a donné sa vie pour nous,
parce qu’après tout, il aurait pu donner sa vie et l’histoire aurait pu
s’arrêter là ! Il est notre sauveur parce qu’il a donné sa vie et qu’il a le
pouvoir de la recevoir à nouveau, c’est-à-dire que Dieu l’a ressuscité. Il
montre ainsi que la puissance de Dieu est plus grande que les forces du mal et
de la mort.
Par l’Eglise aujourd’hui, l’annonce de cette
bonne nouvelle se poursuit. Et le Seigneur nous donne même dans ses sacrements
des moyens pour ne faire qu’un avec Lui et passer la mort en Lui. Au milieu du
peuple que nous formons, ils appellent des hommes à le suivre, non pas pour
qu’ils le remplacent mais pour qu’ils poursuivent sa mission. C’est le
ministère des prêtres. Nous le savons, cette mission et ce chemin, nous les
parcourons comme des pécheurs ; nous ne sommes pas toujours à la hauteur de la
mission qui nous est confiée, mais ce n’est pas parce que nous sommes faibles
que la mission est mauvaise, ce n’est pas parce que nous avons du mal à
l’accomplir que Dieu s’est trompé.
Réjouissons-nous ensemble aujourd’hui d’avoir
un tel Seigneur, qui nous aime, qui nous connaît par notre nom et veut nous
conduire. Prions pour les prêtres et pour ceux que le Seigner appelle !
AMEN.
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