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jeudi 9 mars 2017

Homélie du 2ème dimanche de Carême (A) - 12 mars 2017

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les emmène sur une haute montagne. Ils le connaissent maintenant assez bien. Ils ont entendu une grande partie de son enseignement, ils ont vu les miracles qu’il a accomplis. Ils savent que c’est un homme qui parle avec autorité, qu’il peut guérir les malades et expulser les démons. Ils trouvent profond et convaincant son enseignement. Tout cela explique pourquoi ils continuent à le suivre : c’est un homme qu’il vaut la peine de suivre. Mais qui est-il vraiment ? Est-il plus qu’un prophète ou un homme qui fait des miracles ? Est-il simplement envoyé par Dieu pour exhorter le peuple ? Que signifie au juste la profession de foi de Pierre lorsqu’il dit à Jésus : « tu es le Christ, le Messie, le Fils du Dieu-vivant » ? Reconnaît-il simplement que Jésus est quelqu’un d’exceptionnel ?
Dans les évangiles, la Transfiguration du Christ marque la montée de Jésus vers Jérusalem, et prépare les disciples aux événements qu’ils auront à vivre. Cet épisode succède à la profession de foi de Pierre (« Tu es le Christ, le Fils du Dieu-vivant » en Mt 16, 16) et aux premières annonces de la Passion. Mais celles-ci restent d’une certaine manière mystérieuses pour les apôtres qui ne sont pas prêts à comprendre ce que signifie que « le Fils de l’Homme devra souffrir beaucoup, être tué, et, le troisième jour, ressusciter » (Mt 16, 21). Seule la résurrection ouvrira vraiment l’intelligence des disciples à la compréhension de ces paroles et c’est pourquoi, à la fin de ce récit, Jésus leur ordonne de « ne parler de cette vision à personne avant que le Fils de l’Homme soit ressuscité d’entre les morts » (Mt 17, 9). Mais en manifestant sa gloire sur la montagne de la transfiguration, Jésus veut néanmoins préparer leur cœur à ce qu’ils vont vivre.
Pierre, Jacques et Jean y découvrent que Jésus est beaucoup plus que ce qu’ils imaginaient ou percevaient, qu’il est beaucoup plus qu’un homme dont les paroles et les gestes sont impressionnants, et dont les valeurs sont profondes. Il est transfiguré devant eux ; il brille comme le soleil, ses vêtements comme la lumière. Ceci n’est pas simplement un spectacle, ou encore un miracle. Ici, il ne s’agit pas de ce que Jésus fait, mais plutôt de la révélation de ce qu’il est. Il est révélé comme source de la lumière. Ce n’est pas un homme éclairé ; Jésus est celui qui éclaire, qui illumine, qui, dans l’obscurité de cette vie, est lumière. Depuis le début, quand Jésus les a appelés là au bord du lac de Galilée, Pierre, Jacques et Jean sont, sans le savoir, en présence de Dieu. Maintenant, ils voient la divinité de Jésus. La voix qui vient de la nuée lumineuse le confirme : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ». Depuis quelques mois, peut-être depuis des années, ils marchent avec Dieu, et Dieu avec eux, d’une manière humaine, familière, intime.
Comment, nous-mêmes, dans ce temps de conversion et dans notre cheminement vers Pâques, pouvons-nous être fortifiés par la méditation de ce récit de la Transfiguration ? Nous ne sommes pas Fils de Dieu à la manière de Jésus, mais nous sommes bien devenus par notre baptême fils et filles bien-aimés du Père par adoption, à travers les faiblesses de notre vie humaine. Comme pour Jésus de Nazareth, notre filiation divine n’est pas visible. Mais en dépit de la pauvreté de ce qui se voit, le choix qu’Il a fait de nous pour être ses enfants, la vie divine que nous avons reçue au baptême et à laquelle nous sommes appelés à nous conformer de plus en plus ; tout ceci forme la réalité profonde de chacune de nos existences.
 
Etre chrétien ce n’est pas vivre des choses extraordinaires. C’est partager la destinée humaine en étant habité de manière invisible par la force et la vie de Dieu. Sa parole nous révèle la réalité invisible de notre existence. Elle nous rend confiance dans la capacité de la grâce reçue au baptême à transformer et même à transfigurer notre vie. Par grâce, cette dignité habituellement cachée sera-t-elle rendue perceptible, non par des signes extraordinaires mais à travers notre manière de vivre et d’être avec les autres, à travers la transformation de notre existence personnelle, à travers notre relation au monde et à travers l’espérance que nous avons en face de la mort ?
AMEN.
Michel Steinmetz   

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