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samedi 14 janvier 2017

Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 15 janvier 2017

Dimanche dernier, nous célébrions l’Epiphanie, la manifestation du Seigneur dans la visite des Mages. L’Enfant-Dieu révélé aux nations comme Sauveur. Aujourd’hui, nous méditons une autre désignation : celle faite par Jean-Baptiste : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde... C’est de lui que j’ai dit : ‘Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi car avant moi, il était"’ . Je ne le connaissais pas, mais si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. »
Jean a beaucoup prêché, il a admonesté les gens, les a exhortés à avouer leurs péchés et à se laver dans les eaux du Jourdain. Mais il en a fait très vite l’expérience : nulle prédication, nulle ablution ne peuvent changer l’être humain ! La puissance du péché est telle qu’elle ne peut être enlevée par ces moyens dérisoires. Jean reconnaît son échec de prophète mais il a reçu une révélation : Jésus, lui, et le seul, pourra accomplir l’impossible : parce qu’il a reçu l’Esprit et qu’il en est comblé. Il est Celui qui enlève le péché du monde.  
 
Voici l’agneau des bergers
Il y a bien longtemps – peut-être déjà quinze siècles avant le Christ – les bergers du Proche-Orient célébraient une certaine fête. Pendant les deux mois d’hiver, les troupeaux étaient enfermés à l’abri des pluies et des températures plus basses. La nuit de la première lune de printemps, marquant l’entrée dans une nouvelle année, les bergers se réunissaient. On immolait un agneau nouveau-né et, de son sang, on marquait les linteaux des portes en vue de chasser les mauvais esprits ; ensuite, sur la broche, et sans en avoir brisé les os, on rôtissait l’agneau et on le consommait avec des pains sans levain. Après ce repas, les bergers se saluaient et, chacun emmenant son troupeau, ils se dispersaient à la recherche des nouveaux pâturages et des sources à nouveau alimentées. On se retrouverait à la fin de l’été. Cette fête de l’agneau s’appelait Pessah - en français : passage, pâque.
Voici l’agneau des esclaves
Or, précisément, une certaine année, lors de cette fête de Pessah, Moïse parvint à faire sortir d’Egypte ses frères hébreux qui y étaient esclaves depuis des siècles. Là, on le sait, se situe l’événement fondateur d’Israël. Ce peuple confesse qu’il est né parce que, en cette nuit de Pessah, Dieu est intervenu afin de le libérer sans qu’il soit nécessaire de combattre. Pessah est la célébration de la libération : elle proclame pour toujours que Dieu prend le parti des pauvres contre les tyrans totalitaires. Il était donc impérieux qu’Israël n’oublie jamais cette nuit : c’est pourquoi les fils d’Israël prirent l’habitude de célébrer chaque année cette fête, d’immoler et de partager un agneau dont le sang avait permis l’exode, la sortie de prison des ancêtres et, du coup, cette mémoire était en même temps promesse que Yavhé, en Son Jour, procurerait la délivrance définitive de son peuple.
 
Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde
A la suite de Jean-Baptiste, Jésus a d’abord beaucoup prêché et appelé les foules à la conversion. En bon Juif, chaque année, il a célébré la Pâque de son peuple. Alors que l’hostilité de la part des Autorités atteint son paroxysme, il monte à Jérusalem pour y célébrer la Pâque - conscient que l’étau allait se refermer sur lui. Et cette nuit-là, tout à coup, à la grande stupéfaction de ses disciples attablés, il « transfigure » le rite : il prend le pain, le bénit, le rompt et le leur donne en disant : « Prenez et mangez : ceci est mon corps » et il fit de même avec la coupe de vin : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance... ». Jésus se substitue à l’agneau pascal: il interprète son exécution - qui, il le sait, va avoir lieu dans quelques heures - comme un don de lui-même. Aucun sacrifice d’animal ne peut sauver l’humanité : seul le sang de Jésus, Fils de Dieu, - donc porteur d’amour infini - est capable de nous libérer de l’esclavage du péché et de nous combler de la Vie de l’Esprit, cet Esprit dont Jésus est plein. A la fin de son évangile, rapportant la mort de Jésus en croix au Golgotha, Jean racontera un curieux incident : le soldat, de sa lance, perce le côté de Jésus, il en sort de l’eau et du sang et le témoin, d’un ton solennel, écrit : « En effet tout cela est arrivé pour que s’accomplisse l’Ecriture : ‘Pas un de ses os ne sera brisé’ ».Effectivement le rite de l’ancienne pâque stipulait qu’il ne fallait pas briser les os de l’agneau (Exode 12, 46).
 
Voici l’agneau dans l’eucharistie
Extraordinaire évolution du rite pascal ! Ce qui fut d’abord une fête pastorale, un rite de passage qui visait la protection et la fécondité des troupeaux, était devenu, en Israël, la grande célébration de la libération du peuple de pauvres. Et voici, qu’avec Jésus, le rite a pris sa forme définitive et des proportions inédites : Jésus est l’Agneau pascal qui s’offre, qui donne sa vie afin que ses disciples (enfermés dans la nuit du péché, esclaves de leur faiblesse et de leur trahison) soient libérés et entrent dans le Royaume de Lumière, guidés désormais par l’Agneau devenu leur Berger.
 
Désormais faites attention quand le prêtre tend l’hostie et répète la phrase de Jean-Baptiste : « Voici l’Agena de Dieu qui enlève le péché du monde ! ». Regardez et croyez, mangez et espérez ! Vous êtes libres, membres du peuple de Dieu en route vers les pâturages éternels.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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