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vendredi 8 février 2013

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 10 février 2013

Jésus, après son baptême, circule en Galilée et il fait deux choses : il parle et il guérit les malades. Evidemment son renom de thaumaturge se répand très vite et les foules accourent, le suppliant pour recouvrer la santé.
Mais l’essentiel pour lui n’est pas là : c’est le cœur de l’homme qui est malade, c’est son âme qu’il faut soigner. Car on ne sauve pas l’homme contre son gré, ni par séduction ni par violence : il faut qu’il écoute, qu’il accueille des mots qui pansent ses plaies intérieures, exorcisent son angoisse et lui donnent un avenir de lumière. Jésus prêche, et ce sera là son occupation principale jusqu’à la fin de sa vie. « Prêcher » : peut-on encore utiliser ce mot qui prête à sarcasme tellement il s’est confondu avec hurler, reprocher, sermonner, menacer ? Jésus ne crie pas : il propose, il explique, il encourage avec des mots tout simples.
Ses prédications sont de deux sortes. D’abord il proclame, il annonce la venue du Règne de Dieu. Ensuite il explique : il prouve que sa mission correspond à ce qu’annonçaient les Ecritures, montre quel genre de Messie il est et comment il faut se comporter en tant que citoyen du royaume.

Les gens écoutent un homme qui leur annonce la venue du Royaume avec des mots humains mais, écrit saint Luc plus tard, en fait, par Jésus, c’est Dieu lui-même qui leur parle. Après l’annonce initiale vient le temps de l’explication. Le déplacement de Jésus n’est pas anodin. Il « s’assied », ce qui était la position du maître enseignant devant ses disciples : il est « dans la barque » c’est-à-dire qu’il domine les profondeurs, il apporte une parole qui clarifie, qui n’est pas engloutie dans l’abîme obscur, qui permet d’affronter les bourrasques de l’existence. Et cette embarcation appartient à Simon, que Jésus connaît bien, qu’il a déjà surnommé Pierre : par là il veut nous apprendre à écouter son même message qui, désormais, sera lancé à partir de la « barque de Pierre », symbole de l’Eglise.
Là est l’obstacle pour beaucoup ! Reconnaître la beauté de l’Evangile, la grandeur fascinante du personnage Jésus, oui – mais prêter l’oreille à l’Eglise qui tente de divulguer cette même parole, non, jamais ! Scandale d’une Parole divine exprimée en paroles humaines. Et, hélas, il est vrai, elle est si souvent énoncée platement, récitée sans élan, inaudible dans une acoustique déficiente, et même parfois, hélas, déformée ! Jésus nous questionne : « Qu’avez-vous fait de mes paroles ? ».

Les pêcheurs du lac ont l’habitude de pêcher la nuit : c’est pourquoi Luc nous a fait remarquer que Simon et son frère nettoyaient leurs filets avant d’aller prendre du repos. Or cette nuit, ils sont restés bredouilles. Et voilà que Jésus leur demande de recommencer. Un charpentier va-t-il faire la leçon à des hommes du métier ? Doit-on reprendre une action que l’on a accomplie sans résultat pendant des heures ? Oui, justement. La foi, c’est aller un pas plus loin que le découragement, reprendre le sac que l’on vient de déposer, se lever lorsqu’on voulait dormir, aller ailleurs alors qu’on a échoué dans son entourage. « Va au large ». Ne restez pas confinés dans votre territoire mesquin, allez à la recherche d’inconnus qui écouteront ce message que vos enfants rejettent. « Va au large ». Ne te plains pas de tes échecs, surtout ne te décourage jamais. Eveille-toi et recommence.

Devant sa prise inattendue, Pierre s’effondre : Oui je suis pécheur. Comme lui, je peux me reconnaître pécheur aujourd’hui et je peux avouer : je ne me suis pas empressé d’écouter la Parole de Dieu ; je me suis laissé abattre ; je n’ai pas osé recommencer mon témoignage chrétien ; je me suis désintéressé de la mission.
Telle est précisément la mission : elle n’est pas un projet que l’on se donne, mais un appel à accueillir, une œuvre qu’il faut apprendre à l’école de Jésus, en le suivant, car c’est lui « qui fait les pêcheurs d’hommes ». Et elle demande de couper les amarres, de rejeter « la pensée unique », de se détacher des habitudes de l’entourage.

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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