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vendredi 10 septembre 2021

Homélie pour le 24ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 12 septembre 2021

Au long des dimanches que nous venons de vivre en méditant sur l’évangile de saint Marc, nous avons vu comment se formulait une question sur l’identité de Jésus, à partir de l’enseignement qu’il donnait avec autorité, à partir des signes de puissance, des miracles qu’il a accomplis. Tous disaient : mais qui est-il celui-là ? Qui est cet homme ? Mais à mesure que l’enseignement de Jésus se développait et que ces signes étaient plus diversifiés, plus expressifs, peu à peu l’idée se développait qu’il n’était peut-être pas simplement le fils de Marie, le charpentier de Nazareth, mais qu’il y avait chez lui quelque chose de plus profond, de plus fort, de plus mystérieux. Un peu comme si une couche de vernis – un vernis de banalité humaine, disons-le – se craquelait pour laisser apparaître en-dessous la réalité même et que la divinité de Jésus transparaissait ainsi. A l’image d’une toile de maître recouverte par les enduits des restaurations hasardeuses de peintres sans génie.


Les disciples vont ainsi non seulement entendre ce qu’on dit de lui, à la manière de sondeurs d’opinion, mais plus encore se faire leur propre opinion. Ce qu’ils savent de lui, c’est évidemment ce qu’on leur a dit, ce qu’ils ont vu, ce dont ils ont fait l’expérience depuis des mois de compagnonnage. Finalement, ils commencent à pressentir qu’il est un peu tout de ce que les gens disent de lui, mais qu’il est encore plus. Il n’est pas seulement Jean-Baptiste qui serait revenu des morts ni même Elie. Il est tout à la fois. Ce que l’Ecriture avait annoncé, et qu’ils connaissent, s’accomplit en Lui. Il est ainsi donc aussi, et plus encore, que le Serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe.


Comme lui, il rend « sa face dure comme pierre ». Nous dirions volontiers aujourd’hui qu’il demeure de marbre. Mais les souffrances à venir librement endurées de la part du Christ ne sont pas le signe de son impassibilité. Jésus ne fait pas semblant, comme il ne fera pas semblant sur la croix. Car, encore pour reprendre une expression courante : il n’a pas une pierre à la place du cœur. S’il rend sa face dure comme pierre, c’est pour signifier que rien ne pourra entraver ou arrêter la volonté de Dieu qu’il va réaliser pour nous réconcilier avec Lui. Malgré l’angoisse qui l’étreint à la pensée du terme de sa mission, « il sait qu’il ne sera pas confondu ».


La question directement posée aux disciples remet en cause la propre relation des disciples avec Jésus. Qu’est-ce qu’ils veulent faire avec lui ? Mais apparaît aussitôt le basculement auquel Jésus va les contraindre, car s’il accepte ce titre de Christ et de Messie, il commence à dire ce que cela représente. La profession de foi de Pierre serait un peu la conclusion heureuse du chemin positif parcouru par Jésus. Ce serait une manière de dire que tout s’est bien passé et qu’on le reconnaît comme un envoyé de Dieu, sorte d’happy end avant le terme. Mais voilà que Jésus rebondit et ajoute : « Le Fils de l’homme doit souffrir beaucoup, … être tué avant de ressusciter » (Mc  8,31). Ici, le basculement ne se situe plus simplement dans la relation entre les disciples et Jésus, mais sur le contenu même de leur foi. Il en est de même pour vous. 


Qu’est-ce que cela signifie de dire que Jésus est le Christ ? Est-ce qu’il sera le Messie glorieux qui rétablira le royaume d’Israël dans son ancienne puissance ? Ou bien, comme Jésus l’annonce ici, et comme le prophète Isaïe l’avait annoncé, il sera le Messie souffrant, humilié et crucifié. Nous voyons tout de suite comment ce basculement rencontre de plein fouet la représentation que se font les disciples : « Pierre le prend à part et lui fait de vifs reproches » (Mc  8,32). Cela veut dire qu’à partir de maintenant, les événements, les enseignements, les signes que Jésus va opérer, ne vont plus contribuer à enrichir son image de maître, mais initier peu à peu les spectateurs et les auditeurs à comprendre quel est le chemin du salut. 


Ainsi, frères et sœurs, nous sommes remis ensemble devant la décision radicale qui oriente la vie de tout disciple de Jésus : acceptons-nous, est-ce que j’accepte, que le Dieu auquel je crois, manifesté en Jésus de Nazareth, est un Dieu crucifié ? 


AMEN.


Michel STEINMETZ  †  


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