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vendredi 4 juin 2021

Homélie pour la solennité du "Corpus Domini" (B) - 6 juin 2021

Quand les catholiques affirment leur foi en la présence réelle du Christ dans l’eucharistie, ils ne font pas plus preuve de cannibalisme en communiant qu’ils n’exercent des talents de tortionnaires en maintenant le Christ circonscrits dans la présence de l’hostie. Le Concile Vatican II l’affirme, il y a près de soixante ans : 

« il est présent…  au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques. Il est présent, par sa puissance, dans les sacrements au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : ‘Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20). » (SC 7)

 

Pourtant cette présence dans les espèces eucharistiques, ne cessent d’étonner, voire de choquer. C’est déjà le cas des Juifs quand, dans l’évangile, Jésus parle de se donner en nourriture. Ces mêmes Juifs qui ont grandi dans la foi d’Israël et dans la certitude que Dieu se donne par sa Loi, comme par un intermédiaire de sa présence pour vivre son Alliance. Cette Loi est écrite sur des tables de pierre. Et pour que l’Alliance soit scellée, il faut que le sang soit répandu. Pourtant, et nous le savons bien, les sacrifices vont continuer d’accompagner le quotidien croyant d’Israël autant que le sans continuera de couler. Si ce dernier n’est que le signe d’une Alliance dont la lettre doit toucher le cœur et obtenir sa conversion, l’amitié de Dieu sera toujours à retrouver. Or voici que – ainsi que l’exprime saint Thomas d’Aquin dans la séquence de ce jour : « L’ordre ancien le cède au nouveau, la réalité chasse l’ombre, et la lumière, la nuit. »


Ainsi le Christ, en célébrant la Pâque, annonce son propre sacrifice : « Prenez, ceci est mon corps. […] Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. » Il annonce sa mort sur la croix et le sens qu’elle aura dans la lumière de sa résurrection. Thomas d’Aquin ajoute : « À ce banquet du nouveau Roi, la Pâque de la Loi nouvelle met fin à la Pâque ancienne. » Le Christ inaugure donc des temps nouveaux. Désormais la Loi ne sera plus inscrite sur des tables de pierre, mais la loi nouvelle de l’Evangile sera gravée dans le sacrifice de cet homme. Et cet homme n’est pas qu’un homme, c’est Dieu lui-même qui consent à s’abaisser en son Fils pour nous relever et nous établir dans une alliance qui ne passera pas. Voilà, frères et sœurs, ce que nous célébrons en ce jour et ce que chaque eucharistie nous fait célébrer. Nous découvrons que nous ne sommes plus dans une situation de face-à-face qui nous ferait quémander la sollicitude d’un dieu, mais bel et bien dans un partenariat dont Dieu nous fait la grâce. L’eucharistie est un mouvement qui vient nous saisir et qui nous entraîne à devenir ce que nous sommes : le corps du Christ.


Nulle passivité n’est possible quand nous nous avançons vers l’autel pour recevoir ce corps eucharistique. Nul silence n’est permis à l’écoute de cette parole de monstration : « le corps du Christ » ; nul « merci » n’est de mise comme si le prêtre vous faisait quelque politesse en vous le donnant. Mais un « amen » qui doit claquer et sortir de vos tripes et de votre cœur, comme votre acquiescement à devenir un autre Christ. Ne vous contentez pas de faire pour lui les préparatifs comme ce jour-là les disciples. Bien plus, vous êtes conviés à la table de ce repas et invités à le reconnaître Celui dont la chair de ressuscité prend l’apparence du pain. « Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature. » Et Thomas de poursuivre : « Sa chair nourrit, son sang abreuve, mais le Christ tout entier demeure sous chacune des espèces. On le reçoit sans le briser, le rompre ni le diviser ; il est reçu tout entier. Qu’un seul ou mille communient, il se donne à l’un comme aux autres, il nourrit sans disparaître. »


Si l’habitude vous gagne en communiant, tel un réflexe, retrouvez la mémoire eucharistique qui vous fera vous souvenir que vous aurez le Christ, mort et ressuscité pour vous, entre vos mains. En le recevant avec foi, votre vie passera dans la sienne. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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