Voilà les paroles de Jean XXIII ce 11 octobre 1962 devant plus de deux milles Pères conciliaires au moment où s’ouvrait, à Rome, le second concile du Vatican. Les prophètes de malheur, frères et sœurs, nous en connaissons hélas tous autour de nous. Ils ne sont pas cloisonnés à Rome ou dans les années soixante. De ces personnes qui voient des malheurs partout plutôt que les bonnes nouvelles, repèrent le mal plutôt que le bien, promeuvent la calomnie plutôt que le respect, les temps présents en débordent : dans les médias et jusque dans nos cercles les plus proches. Et finalement ces personnes ne sont prophètes de rien, si ce n’est d’elles-mêmes. Leur opinion, leur ressenti, leurs fragilités la plupart du temps sont premières et, pour elles, le socle de qu’elles pensent être « leur » vérité. Cette dernière est tout aussi subjective et relative que ceux qui l’énoncent.
C’est parce que Jésus est l’antithèse, l’antitype, de cela qu’il suscite l’étonnement. Différent des scribes qui se perdent en conjectures, Lui n’entend pas faire son auto-promotion ou distiler « sa » vérité. Il sait qu’Il la tient d’un autre, dont Il est le Verbe. Il est lui-même la Vérité de Dieu révélée aux hommes et agissant au milieu d’eux. Ce jour-là à Capharnaüm tous constatent que la grandeur et la probité de son enseignement viennent tout autant de son autorité qu’elle ne l’inspire. Il parle d’autorité. Non comme celui qui prétend avoir raison, non comme celui qui veut dominer et écraser les autres de son savoir, mais en étant le porte-parole de ce qui, littéralement, déborde de lui. Car son autorité ne s’épuise pas : elle est une source qui ne tarira pas. Au sommet de la croix, à l’agonie, elle agira encore dans le décharnement de son corps disloqué : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! », s’exclamera le centurion romain. Comme nous avons l’habitude de le dire, un peu familièrement, Jésus en « impose » mais sans artifice aucun. Pour preuve que cela n’est ni de l’esbrouffe, ni de l’art oratoire, ou de la poudre jetée aux yeux, l’esprit impur chassé de homme possédé à la synagogue le reconnaît lui-même : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » C’est-à-dire que le contraire absolu de la vérité, l’auteur et le père du mensonge, l’antithèse de Dieu cède sous le poids de cette autorité.
Jésus ne fait pas que d’énoncer des paroles, nous venons de l’entendre, il y joint le geste, l’action à la parole. Il fait ce qu’il dit et il dit ce qu’il fait. Sa parole est performative. Son autorité est sacramentelle, au sens où elle manifeste Dieu à l’œuvre. Dans les temps que nous connaissons, demandons de quitter nos masques de faux-prophètes pour nous laisser guider vers une vérité qui nous rendra libres. Nos paroles et nos gestes se rejoindront. Ils feront autorité, de l’autorité de Dieu. Ils seront témoignages.
AMEN.
Michel STEINMETZ †
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