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vendredi 22 janvier 2021

Homélie pour le 3ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 24 janvier 2021

« Tel est pris qui croyait prendre ». On connaît le proverbe et son ton volontiers moqueur. Extrait d’une fable de La Fontaine, « Le rat et l’huître », s’utilise lorsqu’un individu qui tente d’en piéger un autre est lui-même victime de ses manigances. Pourtant ici, rien de moqueur, bien au contraire, mais plutôt une rencontre qui vient bouleverser des existences. Tout commence dans une urgence, celle perçue par Jonas, mais non par les habitants de Ninive ; celle annoncée par le Christ de l’imminence du Royaume, mais non par les pêcheurs de la mer de Galilée. 


Ninive est l’une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre, elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu’elle est devenue l’une des plus grandes cités de toute la région. A son apogée, au début du VIIe siècle av. J.-C., Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de douze kilomètres et couvre 750 hectares à son apogée. L’ensemble de ce vaste espace est aujourd’hui une superposition de ruines recouvertes à certains endroits par les nouvelles banlieues actuelles de la ville de Mossoul. Là au cœur de cette mégalopole antique, un homme est envoyé par Dieu. Son nom est Jonas. Sans doute n’était-il pas contraint par un couvre-feu dans l’exercice de sa mission et le voilà ainsi à arpenter les rues pour prêcher l’urgence de la conversion. De manière aussi instantanée qu’étonnante, les habitants « crurent en Dieu » et « se vêtirent de toile à sac », à défaut de porter un masque ? Frères et sœurs, l’urgence de la conversion n’est pas différente ni différée pour nous qui vivons comme les habitants de Ninive, sans trop penser à Dieu ni au jour où nous serons face à lui. Les temps particuliers qui sont les nôtres nous invitent à imaginer déjà des lendemains différents. Et s’ils étaient d’abord le temps propice pour entendre ce que Dieu a à nous dire ? Pour nous rendre plus fidèles à l’écoute de l’évangile et au commandement de la charité ? A nous questionner en profondeur sur nos capacités à transformer nos vastes espaces de vie en antichambres du Royaume à venir ? Nos masques seraient alors comparables aux toiles de sac des habitants de Ninive.


L’urgence se poursuit sur les bords de la mer de Galilée. Avec une mise en scène digne de Fellini, l’évangéliste nous décrit Jésus, arpentant les rivages. Sa mission se comprend comme une marche incessante et captivante. Rien ne semble désormais plus retarder l’imminence du règne de Dieu. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Pourtant ce règne ne s’imposera pas ; comme en préalable, et comme à Ninive, il sollicite l’adhésion des hommes par le retournement de leur cœur. A ceux qui sont affairés à leurs affaires, à ceux qui pêchent le poisson, jettent ou réparent leurs filets, Jésus adresse un appel : « Venez à ma suite ! ». Par un retournement que seule la grâce de Dieu peut opérer, ces hommes – d’abord André et Simon, puis Jacques et Jean, dans des séquences parfaitement similaires – quittent tout pour le suivre. Eux qui s’occupaient avec leurs filets, à les jeter ou les réparer, sont pris par le filet que leur lance Jésus. « Tel est pris qui croyait prendre ». Ils seront désormais des « pêcheurs d’hommes » pour agrandir le filet de Dieu jusqu’à ce qu’il se déverse, rempli de l’humanité entière, le jour où les temps seront accomplis. Tous seront pris, mais non pour la mort comme c’est le cas avec les poissons que l’on extraie de l’eau, mais pour la vie celle que donne l’eau du baptême et de laquelle on ressort plus vivant qu’on ne l’a jamais été. 


Saint Paul le rappelait, pour peu que nous l’ayons malencontreusement oublié : « le temps est limité ». Car « il passe, ce monde tel que nous le voyons ». Ne fuyons pas dans un avenir incertain, mais commençons à habiter le temps qui est le nôtre pour nous laisser prendre aux filets du Christ et Le suivre sans délai. Ce sera le premier remède à notre mal. 


AMEN.


Michel STEINMETZ †


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