Avec la Vierge Marie, Jean-Baptiste est le seul saint
dont on fête la naissance. Cela vient du fait que leur vie ne s’explique pas en
dehors de leur référence à Jésus. Ils sont nés pour Jésus, Marie pour être sa
mère, Jean pour lui préparer la route. C’est avec eux que se réalise
l’accomplissement des promesses de Dieu en faveur de son peuple.
Se demandant pourquoi le Christ était né
au solstice d’hiver et Jean à l’équinoxe d’été, saint Augustin remarque que
celui qui a dit : « Il faut qu’il grandisse et moi que je diminue « (Jn 3,
29-30) naît au moment où les jours commencent à diminuer, alors que le Christ
surgit dans le monde comme « l’astre d’en haut qui vient nous visiter pour
illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort « (Lc 1, 78-79).
« Quel est ce mystère, conclut l’évêque d’Hippone, si ce n’est celui de notre
humiliation, comme la naissance du Christ est pleine du mystère de notre
élévation ? ». Entendez, la naissance de Jean-Baptiste nous invite à
nous faire petit et humble devant le Seigneur, et à reconnaître en Lui le
centre de notre vie.
Pour mieux comprendre le message de l’évangile que
nous entendions à l’instant, il faut aussi connaître la signification des noms.
Celui de Zacharie signifie : « Dieu se souvient ». C’est important de nous en
imprégner. Parfois, nous avons l’impression que Dieu nous a oubliés. Quand on
voit toute cette violence dans le monde, beaucoup se demandent où est Dieu et
ce qu’il fait. Nous recevons alors les paroles du prophète Isaïe comme un baume
précieux sur notre cœur fatigué : « J’ai de la valeur aux yeux du
Seigneur ». Chacun et chacune est connu et aimé de Dieu. Chacun et chacune
est choisi de lui, quand bien même nous pouvons parfois avoir l’impression d’œuvrer
en pure perte. « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant ».
Nous découvrons que le Seigneur, lui, se plaît à agir par des voies
déroutantes. Jean-Baptiste d’époumonait dans le désert à crier que le Règne de
Dieu est proche ; quelques fidèles se rassemblaient auprès de lui. Sans
plus. Le monde ne changeait pas pour autant. Dieu cependant l’avait choisi et avait
décidé par cet enfant, son propre Fils, le Sauveur des hommes, serait annoncé.
Le nom de Jean signifie « Dieu fait grâce ». C’est
ce qui s’est réalisé : Dieu a fait grâce à Elisabeth et Zacharie. Il leur a
donné la joie d’avoir un fils. Dieu fait grâce à son peuple et à toute
l’humanité. Il voit les souffrances de son peuple. Beaucoup sont enfermés dans
la violence, la haine, l’égoïsme, la rancune. Tout cela ne fait qu’enfoncer
l’homme dans son malheur. Mais comme il l’a fait au temps de Moïse, Dieu
intervient pour lui ouvrir un chemin de libération. Désormais, il va le faire
pour tous les hommes de tous les temps. Alors que personne ne pouvait même
prévoir que Dieu agisse, Lui pourtant travaille en profondeur. Cet enfant, « encore
dans le sein maternel quand le Seigneur [l’] appelé », va aplanir la route :
sa bouche sera comme une épée tranchante, il sera lui-même comme une flèche
acérée.
La mission de Jean sera précisément d’annoncer et de
préparer la venue du Sauveur. Dieu fait grâce, oui, mais sa grâce invite à la
conversion, au retournement. On ne peut accueillir le Christ Sauveur qu’en
accueillant le message de Jean Baptiste : « Convertissez-vous », disait-il. C’est
ainsi que Jean Baptiste a préparé la venue du Christ sauveur. Il l’a montré aux
foules de son temps et il les a renvoyés vers lui. Tout au long de son
ministère, Jean insistait sur le partage, la justice et le respect de l’autre.
C’était une première étape car il fallait faire une place nette à celui qui
vient. Jean a accepté de ne pas être la lumière, de ne pas jouer la star – l’étoile !
–, mais il a trouvé sa joie en Celui qui est plus grand que Lui. Frères et sœurs,
et nous ? Trouvons notre joie à ne pas nous prendre pour le nombril du
monde. Car Il est grand, notre Sauveur.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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