"Dis Papa,
pourquoi la lune est ronde ? Dis, Maman, comment ma petite sœur est-elle née ?"
Lors
de nos premières années d’existence, tous les enfants, et nous l’avons été,
posent mille et une questions à leurs parents sur tout ce qui les entourent. C’est
l’âge de la curiosité et les parents savent bien que très souvent il n’est pas
évident de répondre à leurs enfants. Soit parce que leurs questions sont
étonnement philosophiques ou théologiques, soit parce qu’elles sont tellement
naïves. Le problème est qu’avec l’âge, nous avons bien souvent perdu et la
capacité de nous émerveiller et cette naïveté devant la vie.
Les Sadducéens de l’évangile de ce jour font semblant d’être curieux et
naïfs. Ils posent une question embarrassante à Jésus, non pour en apprendre
davantage sur les mystères du monde et de la vie, mais pour piéger Jésus. Pour
essayer de le mettre en porte à faux par rapport à la Loi de Moïse et ainsi
avoir des motifs sérieux de le condamner. Ils n’ont pas besoin de la réponse de
Jésus car ils estiment déjà avoir toutes les réponses puisqu’ils prétendent qu’il
n’y a pas de résurrection. Avez-vous déjà discuté avec des gens qui prétendent
savoir beaucoup de choses. Bien souvent, ces personnes sont incapables d’écouter
et d’accepter l’avis des autres. Ils ne veulent et ne peuvent se remettre en
question et s’ils posent une question, c’est pour mettre mal à l’aise leurs
interlocuteurs. D’ailleurs, leur question n’a pas beaucoup de sens. Cette femme
qui épouse ses sept beaux-frères, ça ne doit pas se rencontrer si souvent ! En
fait, cette question ne les touche pas. Elle ne les intéresse que dans la
mesure où elle pose un piège à Jésus.
Que répond Jésus ? Il commence par leur dire qu’ils raisonnent comme les
enfants de ce monde. Revoilà les enfants. Jésus ne dit pas que les questions
curieuses, comme celles que posent les enfants, sont mauvaises. Mais il dit que
tant que nous n’avons que de la curiosité pour pour les mystères de la vie et
de la mort, jamais nous ne comprendrons les choses du monde à venir. Il
continue en disant que nous serons semblables aux anges. En voilà une réponse !
Nous ne sommes pas plus avancés ! Mais les anges participent à la vie de Dieu
dans sa clarté. Il n’y aura plus de questions enfantines, naïves ou curieuses,
mais un face à face d’amour en plénitude de paix et de joie. Ce face à face se
prépare dès aujourd’hui dans notre vie de tous les jours. Comment ? Pas comme
les Sadducéens qui se croient les plus forts et les plus malins en piégeant
Jésus. Dieu ne demande pas la curiosité mais la foi, non pas la naïveté mais la
confiance. Les Sadducéens de l’évangile de ce jour sont incapables de faire
confiance à Jésus. D’ailleurs, ils refusent la résurrection. Ils n’acceptent
pas dans la foi que Dieu est le Dieu des vivants, qu’il est plus grand que la
mort. Cela, les Sadducéens le refusent. Et l’étroitesse de leur foi devient
méfiance à l’égard de Jésus, méfiance à l’égard de Dieu.
En réponse à la provocation des Sadducéens, Jésus répond par la
provocation de la foi. La foi nous provoque, non pas dans le sens courant de
choquer ou de scandaliser, mais dans son sens étymologique profond : la foi
nous appelle au-devant, à aller au-devant. Au-devant de nos certitudes et de
nos prétentions ; au-devant de nos questions et de nos curiosités. La foi, ce n’est
pas croire en des enfantillages, en des choses impossibles ou absurdes. La foi
est cette confiance dans le Dieu de Jésus, le Dieu des vivants. Et cette
confiance nous fait aller de l’avant, même un jour elle nous fera passer
au-delà du dernier obstacle : la mort. Nous imaginons trop vite la vie future
comme le prolongement de notre vie présente ou le démarrage d’une nouvelle
existence, moyennant quelques aménagements, ceux-là même qui excitent notre
curiosité. Au ciel, serons jeunes ou vieux ? Mariés ou pas ? Beaux ou
laids ? Comprendre la vie éternelle
ne peut se faire qu’en se plaçant du côté de Dieu. La vraie vie, c’est celle
que nous menons avec Lui, celle qui a commencé en nous au jour de notre baptême
et qui resplendira enfin après notre mort.
Que notre vie soit pour la confiance en ce Dieu qui est le Dieu des
Vivants.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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