Où allons-nous alors
? Et qu’est-ce qui nous pousse à y aller ? Cette question, l’humanité
n’a jamais cessé de se la poser. Bien avant d’inventer le moteur à explosion,
bien avant d’identifier un virus, bien avant de marcher sur la lune. Que sera
cet ailleurs recherché, espéré, attendu ? A quoi ressemblera-t-il? Et nous,
comment serons-nous ? Qu’en sera-t-il de notre esprit, de notre souffle, de
notre cœur, de nos affections, de nos pensées ? Qu’en sera-t-il de notre corps
? Quel rapport y aura-t-il entre ce que je vis de plus intense et la matière
même qui me permet de le réaliser ? Quelle sera la date ou l’heure du grand
départ ? Le prix à payer ? Un aller sans retour ? Des réductions ? La
durée du voyage ? Que peut-on emporter ? Trajet direct où par étapes ?
Certains parlent de tunnel lumineux, c’est paradoxal. Une naissance à vivre ?
Faut-il avoir peur ?
Devant la question de
l’au-delà, le christianisme n’est pas bavard. De toutes les religions, il est
probablement celui qui est le plus discret. Aucune carte de l’au-delà. Pas d’assurance-vie
éternelle, pas d’agence de voyage pour « la vie après la vie ». Pas d’explications
mais quelques grandes affirmations. Tout se joue maintenant comme germe de l’après.
La bonne nouvelle que nous portons est celle de la Résurrection de Jésus le
crucifié. Marie, la mère de Jésus a été associée étroitement au destin de son
fils. Pour elle, l’histoire n’a pas retenu pour elle de tombeau. Où est-elle
allée ? Qu’est devenu son corps ? La foi des chrétiens depuis toujours, sans
bien comprendre comment, a tout de suite perçu que Marie était associée à la
Résurrection de son fils au point d’être intégralement auprès de lui. Le mot «
résurrection » n’est cependant pas prononcé, par égard pour nos frères
orthodoxes qui parlent de « dormition » et non pas de « mort ». Le mot «
assomption » est donc utilisé, qui se rapproche de l’ « ascension ». Une
femme est « auprès de Dieu » et si l’on imagine celui-ci « en haut », elle est
« montée » auprès de Lui. « Un signe
grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la
lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. » Cette
femme, c’est l’humanité accomplie, revêtue de la lumière de Dieu. Toute la
création la contemple et lui sert de parure : le soleil, la lune et les étoiles
soulignent sa beauté. C’est l’Eglise transfigurée, c’est Marie, en tout premier
lieu, la petite fille d’Israël, qui a cru à la promesse, qui a conçu le Fils de
Dieu, qui est toujours à ses côtés, au pied de la croix et maintenant dans l’accomplissement
de sa résurrection.
Mon âme exalte
le Seigneur. Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ». Par cette phrase, si
courante à nos oreilles et à notre prière, Marie nous donne la clé de ce grand
mystère. Avez-vous bien prêté attention à ce que Marie prononce dans sa propre
louange ? Habituellement nous demandons d’être exalté, c’est-à-dire d’être
élevé, de sortir du lot, d’être au-dessus de la mêlée. Cela se traduit par nos
réussites sociales, financières, notre train de vie, bref dans ce qu’on appelle
le matérialisme. Pour d’autres cela se joue dans le fait qu’ils se placent au
premier plan, y compris dans leurs engagements au service des autres. Peu
importe. Marie ne nous enseigne pas cependant la dépréciation de soi. Oui, nous
pouvons et devons être fiers et heureux de nos réussites si elles ne nous font
pas devenir orgueilleux, méprisants envers les autres et refermés sur
nous-même. Marie loue le Seigneur : elle l’associe à son destin et aux
« merveilles » dont elle le confesse comme l’auteur. Elle, dont nous
fêtons l’Assomption en ce jour, est élevée jusqu’au ciel et, par avance sur
nous tous, bénéfice des grâces de la Résurrection du Christ. Elle est élevée en
traversant la mort pour entrer dans la vie de Dieu. Nous voilà au cœur du
mystère : c’est en laissant Dieu nous élever comme des humbles et non en
orgueilleux, qu’Il nous exalte. C’est en laissant à Dieu la première place, en
le reconnaissant comme la source et le terme de notre existence, qu’Il « comble
de biens » les affamés que nous sommes. Si nous nous présentons à Lui en
riches de notre suffisance, il nous renverra les mains vides puisque nous
n’avons pas besoin de Lui. Vous ne savez comment vivre cela ? Regardez
Marie, priez-la. Elle vous montre le chemin du Ciel.
AMEN.
Michel Steinmetz †
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