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vendredi 3 juin 2011

Homélie de la fête du Baptême du Seigneur - 9 janiver 2011

« Jésus vient à Jean pour se faire baptiser par lui » sur les bords du Jourdain. Réaction étonnante de Jésus ! On comprend la surprise du Baptiste : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! ». C’est vrai… Nous avons bien appris au catéchisme que, par le baptême, nous devenons enfants de Dieu. Mais Jésus est le Fils de Dieu, alors pourquoi donc lui faut-il être baptiser ? Que peut lui apporter ce baptême ?
Ce baptême au Jourdain dont nous faisons mémoire aujourd’hui a, en fait, et avant tout, une signification pour nous avant d’en avoir une pour Jésus. Dimanche dernier, à l’Epiphanie, je vous avais montré que nous fêtions la « manifestation » du Seigneur. C’est-à-dire au moment où Jésus se révèle comme le Fils de Dieu : par la visite des mages, par le baptême au Jourdain, par le miracle de l’eau changée en vin à Cana. Sur les rives du fleuve, ce n’est pas, finalement, Jean qui est l’acteur principal mais bel et bien Jésus qui, au travers de cet événement, se révèle et est révélé comme le Fils bien-aimé.
Ainsi, nous tournons-nous vers Jésus pour comprendre ce qui nous est ainsi donné. J’aimerais, pour se faire, vous inviter à reprendre et méditer trois titres donnés à Jésus : Jésus, «le Fils bien-aimé », tout d’abord ; Jésus, « l’aîné d’une multitude de frères », ensuite ; et, enfin, Jésus, l’ « envoyé » en mission.

I.- Jésus, « le Fils bien-aimé ».

Je le disais déjà : c’est bien le propre du baptême que de nous faire devenir fils et filles de Dieu. Mais peut-être nous faut-il nous souvenir que nous sommes baptisés certes avec de l’eau mais que nous sommes bien plus baptisés en Jésus. C’est-à-dire, dans sa mort et sa résurrection. A l’étonnement de Jean son cousin, Jésus répond : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste ». Par ce qui s’est ainsi déroulé pour Jésus, nous comprenons mieux la grandeur et la force de ce qui se passe à notre baptême. Aujourd’hui, il est rare de voir apparaître physiquement l’Esprit-Saint dans nos églises ou d’entendre la voix du Père se manifester. Pourtant, ce n’est rien d’autre qui se déroule. Quand coule l’eau sur notre front, quand nous sommes baptisés au nom du Dieu Père, Fils et Esprit, l’Esprit de Dieu nous fait devenir fils dans le Fils bien-aimé ; le Père nous choisit comme « son » enfant très cher.
Au Jourdain est révélée l’identité profonde de Jésus. Mais cette identité n’est pas de l’ordre du constat, elle est pour nous une promesse. Que Jésus soit le Fils n’est pas une affaire privée entre le Père et lui. C’est à nous qu’est destinée cette annonce parce que nous sommes pareillement appelés.

II.- Jésus, « l’aîné d’une multitude de frères ».

Si le Christ est le Fils unique, il est aussi « l’aîné d’une multitude de frères », puisque son propre baptême fait de nous ses frères.
On sait, dans une famille, que d’être l’aîné n’est pas forcément la chose la plus évidente qui soit. Pour les cadets, cependant, le rôle de l’aîné est souvent fondamental. C’est lui qui ouvre la voie aux autres. Ce que les parents permettent à l’aîné, ils le permettent – après coup – plus facilement aux cadets. Jésus nous ouvre pareillement la voie. Ce que Dieu a fait pour lui, Il le fait aussi pour nous!
Jésus ouvre la voie. C’est donc qu’il montre un chemin, celui de son ministère de miséricorde et de puissance bienfaisante. « Là où il passait , il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui », se souvient Pierre dans les Actes des Apôtres. Baptisés nous le sommes, nous le sommes pour nous, parce que nous devenons enfants de Dieu, nous le sommes aussi – et ne l’oublions pas – pour les autres. Pour devenir témoins de la bonté de Dieu, pour devenir acteurs de l’annonce de l’Evangile. Si le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien, n’ayons pas peur de marcher, même discrètement, à la suite de Jésus, notre frère, lui qui n’a pas crié – comme le souligne Isaïe -, lui qui n’a pas haussé le ton.

III.- Jésus, « envoyé » en mission.

Le baptême de Jésus inaugure bien son « ministère public ». Il est envoyé en mission. Là encore, on s’aperçoit que le baptême ne coïncide pas avec un événement d’ordre privé : il marque son entrée dans la mission qu’il tient du Père.
« Là où il passait, il faisait le bien », au gré des rencontres, au gré des voyages, au gré des sollicitations. En agissant de la sorte, pour ceux qui ont croisé son chemin et qui ont suivi ces paroles, il a révélé qu’il était l’Envoyé du Père. Patiemment, il a poursuivi sa route jusqu’à la colline du crucifiement pour répondre fidèlement à sa mission. « Moi le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice, je t’ai pris par la main, et je t’ai mis à part, j’ai fait de toi mon Alliance avec mon peuple », dit encore Isaïe. Et voilà que cette fidélité, discrète mais bien réelle, se traduit en des œuvres concrètes : ouvrir les yeux des aveugles, faire sortir les captifs de leur prison et de leurs cachots les habitants des ténèbres.
Marcher à la suite de Jésus, dans les mêmes dispositions que lui de fidélité, de constance, de persévérance, fait de nous, baptisés en Lui, les auteurs des mêmes prodiges : ouvrir les cœurs à la Bonne Nouvelle, redonner la lueur de l’espérance à ceux qui peinent.


Faire mémoire du Baptême de Jésus ne nous invite pas tant à nous tourner vers l’événement en lui-même qu’à considérer sa signification pour nous. Jésus n’a pas besoin du baptême, mais en acceptant d’être baptisé, il donne sens à ce geste et nous ouvre un chemin. Puissions-nous l’emprunter sans crainte et aller à la suite du Fils bien-aimé, aîné d’une multitude de frères et envoyé en mission par le Père !

AMEN.

Michel Steinmetz †

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