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vendredi 24 janvier 2020

Homélie du 3ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 26 janvier 2020

A en avoir le tournis ! A en perdre la tête ! Que de mouvements dans cet évangile. Jésus va et vient, il prêche, il avance, il appelle à le suivre, il enseigne, il prophétise, il appelle encore, il parcourt tout le pays et commente l’Ecriture. On a l’impression d’un dynamisme inépuisable qui s’exprime par un empressement. L’annonce du Règne de Dieu ne supporte aucun délai. L’urgence de la conversion est là parce que l’urgence du salut est ici. Mais il ne s’agit pas d’une urgence apocalyptique. Jésus ne prêche pas une conversion par peur du châtiment, il proclame une conversion par désir d’entrer dans le Royaume de Dieu : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ».
 
Au début de l’évangile, on perçoit que, si les hommes sont l’auteur du drame qui se joue pour Jean-Baptiste, lui qui est arrêté, c’est Dieu cependant qui conduit les choses selon son dessein. Jésus « se retire » et l’évangéliste emploie un verbe qui habituellement désigne chez lui le fait de se mettre à l’abri d’un danger. Pourtant cela ne sera pas synonyme d’immobilité ou d’inactivité. Jésus poursuit sa mission. Il quitte la ville de Nazareth où sa famille semble établie pour la Galilée des nations. Matthieu cite ici le prophète Isaïe – passage que nous entendions dans la première lecture – mais en modifiant quelque peu le texte. Il s’agit de faire prendre conscience de la signification prophétique du ministère de Jésus. En Galilée, Jésus s’adresse aux tribus du peuple les plus menacées par la nuit païenne, comme l’était jadis Israël par les Assyriens. Par là-même ce ministère prend contact avec toutes les nations. Alors que d’autre se retirent au désert, à l’instar de Jean et de ses disciples, ou concentrent leur activité sur Jérusalem, Jésus, l’Emmanuel annoncé par le prophète, choisit les périphéries. Jésus s’y présente non seulement en paroles mais aussi en actes.
 
Là, à côté de l’idée du mouvement, prégnante dans la première partie du texte, s’en rajoute une autre : celle d’un aimant qui attire à lui de manière inédite. On a l’impression que là où Jésus passe, on s’agrège à lui tant il serait irradiant.  Dans le judaïsme du Ier siècle, le verbe suivre désignait couramment le respect, l’obéissance et les nombreux services que les disciples des rabbis devaient à leurs maîtres. En appliquant ce terme à Jésus et à ses disciples, l’évangéliste en transforme le sens, néanmoins. Ce n’est plus l’élève qui choisit son maître : l’appel vient de Jésus et il lui est généralement répondu par une obéissance sans délai. Les disciples de Jésus le suivent non seulement comme des auditeurs mais aussi comme des collaborateurs, témoins du Règne de Dieu, ouvriers de sa moisson.
 
Si, en Galilée, Pierre et André courent après Jésus, ce n’est pas parce qu’ils trouvent trop ennuyeuse leur vie de pêcheur ; si Jean et Jacques se tournent vers lui, quittent leur père pour le suivre, ce n’est pas parce qu’ils détestent leur père ; c’est parce qu’ils voient, tous les quatre, en lui le soleil spirituel, la lumière de vie. A la lumière de Jésus, ils voient les choses autrement. Il y avait dans leur vie une obscurité, dont ils n’étaient peut-être pas conscients ; maintenant, en voyant Jésus, ils voient plus clair, et ils le savent. En la personne de Jésus et en son enseignement, les quatre croient voir les choses telles qu’elles sont ; Jésus les éclaire, et ils croient arriver à une compréhension du monde et de leur vie dans le monde. Jésus est le « sunshine », le rayon de soleil de leur vie. Il éclaire d’une manière nouvelle leur être intérieur.
 
Voilà ce qu’ils croient. Mais est-ce qu’ils ont raison ? Ne se trompent-ils pas ? Il est très dangereux de suivre un homme, les hommes déçoivent, on peut tout perdre en les suivant. Notre siècle en est témoin. Des dictateurs ont attiré à eux des foules considérables par leurs discours enflammés. C’était une fausse lumière ; ils les ont fourvoyés. Leur amour a abouti très vite à une catastrophe totale, leur lumière s’est révélée obscurité. La lumière de Jésus s’est révélée une vraie lumière, durable, éclairante, une lumière qui donne la vie, qui permet à chacun de suivre son propre chemin. Cette lumière est toujours là, Jésus peut être, si nous le voulons, le sunshine de notre vie.
 
AMEN.
                                                 
Michel Steinmetz

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