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samedi 4 janvier 2020

Homélie de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur (A) - dimanche 5 janvier 2019

Peut-être avez-vous, frères et sœurs, fait la même expérience que moi ces derniers jours. Expérience assez heureuse, il faut bien le constater, des jours qui très sensiblement se rallongent à nouveau désormais. Vous le savez sans doute, la fête de la Nativité du Seigneur correspond à peu de chose près au solstice d’hiver, c’est-à-dire au moment de l’année où les jours sont les plus courts dans notre hémisphère. Pendant le temps de l’Avent, nous avons résisté à cet envahissement progressif des ténèbres en allumant, dimanche après dimanche, une bougie supplémentaire à la couronne. A Noël, enfin, la vraie Lumière nous était donnée, vrai Dieu né du vrai Dieu : Jésus-Christ. Lui désormais allait pouvoir vaincre toute ténèbre et allait pouvoir porter jusqu’à l’interstice le plus sombre de notre vie la douce clarté de Dieu.
 
Si la fixation de la date de Noël dans le calendrier en lien avec le solstice est incertaine, il est clair que cela a joué un rôle et demeure pour nous significatif. Mais voici que quelques jours plus tard, l’Eglise célèbre l’épiphanie du Seigneur, ce qui signifie très exactement sa manifestation. Car le Seigneur n’a pas pris notre humanité pour y demeurer caché, tapi dans l’obscurité d’un anonymat. Quand Dieu agit, cela doit se savoir. Cela nous est familier : quand nous sommes rejoints par une bonne nouvelle, nous avons beaucoup de mal à garder le secret, à ne rien laisser transparaître. Voilà pourquoi, au cœur de la nuit, les anges ne peuvent se taire et annoncent la naissance de l’Emmanuel aux bergers. Ils en seront cependant les seuls bénéficiaires, eux les pauvres de l’époque, alors que tous les autres, aux alentours, continueront de dormir à poings fermés. Comme si de rien n’était.
 
Aujourd’hui, le mystère de Dieu se dilate et la lumière de Dieu se répand, comme les jours se rallongent. Des mages attentifs aux signes du ciel, sans doute des scientifiques, sont désireux de comprendre les lois qui régissent l’univers. Ils pensent que le signe ainsi observé dans la voûte céleste correspond à un événement insigne pour la société d’alors. Leur expédition se prépare et les voilà en route. L’avide curiosité d’Hérode les aidera, paradoxalement. Ils arrivent devant l’Enfant. Curieuse rencontre : ils se prosternent devant un nouveau-né comme un autre, bien loin des ors des palais, mais reconnaissent en Lui un roi, un dieu et celui qui vaincra la mort. C’est ce que signifie l’or, l’encens et la myrrhe. Quand l’évangéliste précise qu’« ils regagnèrent leur pays par un autre chemin », il nous fait comprendre que cette rencontre les a bouleversés au sens même d’une conversion. Leur contact avec la seule présence de l’enfant vagissant a été pour eux au-delà de ce que leur quête scientifique ou spirituelle aspirait à trouver.
 
Ce mystère de Dieu qui se révèle aux nations fait irruption dans l’histoire des hommes pour lui donner sens. « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » Ce qui est manifesté l’est à tous et sans restriction, sans dissimulation ni élitisme. Cela est profondément actuel : nous ne saurions affirmer qu’un tel ou un tel en raison de son origine, de sa condition sociale ne pourrait être digne de l’annonce de l’évangile, pas plus que nous ne pourrions réserver à une caste, à ceux que nous aurions choisi ou qui nous ressembleraient, d’être les bénéficiaires du message de la foi. Notre capacité missionnaire doit être universelle, en direction de tous.
 
La rencontre avec le Christ se fonde toujours sur une médiation : pour les bergers, ce furent les anges ; pour les mages, l’étoile ; pour nous aujourd’hui, l’Eglise. Le mystère de Dieu se manifeste donc par capillarité pour gagner des hommes et des femmes au Christ. Double question pour nous : à l’instar des mages, la rencontre avec le Christ est-elle pour nous déterminante au sens où nous l’accueillons comme la Vérité, comme Celui qui se révèle à nous ? Et sommes-nous prêts à le dire, à l’annoncer ?   
 
AMEN.
                                                                                                                                                                                                                
Michel Steinmetz

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